Le_souvenir_du_monde.jpgQui sont les admirateurs de Chateaubriand ? Combien sont-ils ? Michel Crépu et Jean d’Ormesson sont des inconditionnels mais il leur faut argumenter longuement, patiemment pour expliquer que Chateaubriand est au-dessus des autres. Victor Hugo lui-même ne disait-il pas vouloir “être Chateaubriand ou rien”?

Michel Crépu nous explique que cet homme né noble et légitimiste devait, par la force des choses, c’est-à-dire par celle de la Révolution mais surtout par celle de son esprit, devenir un révolutionnaire à son camp. Émigré de son propre pays pour l’Angleterre, il tente de comprendre avec parfois beaucoup d’ironie la Révolution française en la comparant à celles de Sparte et d'Athènes (1).

Lucide sur la fin de l’Ancien Régime, il n’en demeure pas moins fidèle au Roi. Légitimiste et royaliste en son for intérieur, il est révolutionnaire à sa façon et est favorable à la presse.

Chateaubriand était parmi les rares adversaires proclamés de l’Empereur Napoléon 1er depuis l’éxécution du Duc d’Enghien dans les fosses du chateau de Vincennes. Mais il demeure un admirateur du Général Bonaparte, il était conscient du génie de Napoléon à tout transformer sur son passage et tout aussi lucide sur la médiocrité de ses contemporains, notamment les pairs de France.

S’il abbhore la Révolution française, il a compris que rien ne pourrait l’arrêter. Un roi, représentant de Dieu sur Terre a été décapité. La France, et le monde, changent d’ère. Alors, autant agir pour faire de cette nouvelle ère quelque chose de moins sombre. “Les Mémoires d’outre-tombe”, ce monunent de la littérature française rappelle Joinville ou Saint-Simon. Tellement justes et insaisissables car le même homme et la meme plume ont su avec lucidité expliquer la Révolution, l’Empire et la Restauration. Michel Crépu rend un hommage émouvant à celui qui fut sans doute le père des grands écrivains français du XIXe siècle.

Le souvenir du monde essai sur Chateaubriand
Michel Crépu
Grasset
Septembre 2011
212p. , 17, 50€

(1) Essai sur les révolutions, Génie du christianisme
Chateaubriand, François-René de
Gallimard
La Pléiade n°272, 56€.
1978, Rééd. 2003.