La lettre du Libraire - Essais2024-03-29T15:47:07+01:00urn:md5:730380b67af77a3fbbc36330a33651feDotclearAlbert Camus et la guerre d'Algérie, histoire d'un malentenduurn:md5:e9373aaf53183983c9cd472747dc91b82023-03-18T16:43:00+01:00lalettreEssaisAlain VircondeletAlbert CamusÉdition du Rocher
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Albert_Camus_et_la_guerre_d_Algerie_m.jpg" alt="Albert Camus et la guerre d'Algérie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Albert Camus et la guerre d'Algérie.jpg, mai 2022" /><strong>La roue du temps est implacable, Albert Camus, tué dans un accident de voiture en 1960, ne verra jamais la fin de la guerre d'Algérie.</strong></p>
<p>Descendant d'une famille de métropole implantée dans le département d'Alger depuis des décennies, Albert Camus (1913-1960) a vécu les "évènements" en Algérie au plus profond de sa chaire et de son esprit. Pour autant, les choses sont claires pour lui : c'est la France, et un million de français implantés en Algérie, qui a construit les ponts, les routes, les ports, les hôpitaux, les écoles, etc. Néanmoins, il est sensible à l'injustice qui est faite aux Arabes, leurs enfants sont souvent pauvres et dénudés et il l'exprime clairement dans ses articles sur la Kabylie en 1939. Il faut améliorer les choses, il ne cessera de le répéter.</p>
<p>Chaque chapitre correspond à une année de conflit pendant lequel Albert Camus doit concilier les noces de la mer et de la lumière, son amour pour Francine (son épouse) et la passion qu'il entretien avec la cantatrice Maria Casarèse ; concilier ses voyages, ses écrits, ses récompenses (<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?post/2014/03/29/Palmar%C3%A8s-du-Prix-Nobel-de-Litt%C3%A9rature">le prix Nobel lui sera attribué en 1957</a>) avec sa ville - Alger - où habite toujours sa mère ; concilier sa santé fragile avec ses agendas surchargés, il doit affronter les intellectuels de Saint-Germain-des-Prés - Sartre en tête - trop heureux de tirer à boulet rouge sur l'enfant pauvre des faubourgs d'Alger.<br />
Enfin, comprendre que l'inéluctable va arriver : l'indépendance de l'Algérie, lorsque le général de Gaulle annonce un référendum sur le sujet le 16 septembre 1959. Camus est contre cette indépendance car il n'y a pas d'antériorité. En privé, il affirme "<em>l'indépendance de l'Algérie est une hérésie car, en un demi-siècle, elle se retrouverait dans l'état ou la France la découverte en 1830</em>".<br />
<br />
Prophétique... Tant les algériens ont été privé de tout depuis soixante ans : de liberté, de démocratie, de l'argent du pétrole mais pas d'une propagande permanente accusant la France et les français de tout et n'importe quoi (relayée en cela par la même gauche bien pensante à Paris...) mais aussi de l'histoire de la guerre d'Algérie et des massacres perpétués par le FLN.<br />
Essayer de comprendre, aussi, comment tant d'algériens veulent venir vivre, étudier, travailler en France car rien ne les retient dans leur pays (sans parler des dirigeants qui viennent s'y faire soigner...). L'ancienne puissance colonisatrice est finalement moins démoniaque que ne l'affirme le pourvoir algérien...<br />
<br />
Quant à Camus, géant des lettres dans le monde entier, le malentendu persiste. Il est toujours <em>persona non grata</em> dans "son" pays même si les grands écrivains algériens actuels - Boualem Sansal, Yasmina Khadra, Kamel Daoud - font tout pour qu'il retrouve sa place dans le cœur et l'esprit des algériens. Hélas, le pouvoir algérien d'un côté s'y oppose et des Présidents français (Hollande et Macron) piétinent régulièrement l'Histoire de France d'Algérie... Tout reste à faire...</p>
<p><em>Albert Camus et la guerre d'Algérie, histoire d'un malentendu</em><br />
Alain Vircondelet<br />
Édition du Rocher<br />
304p., 19,90€<br />
Février 2022<br /></p> Les Patrons de la presse nationale. Tous mauvais.urn:md5:0c8234da1f9c0aa545322bb1c77b91b72022-04-10T16:25:00+02:00lalettreEssaisArnaultBolloréDassaultJean SternLagardèrePinaultpresseRENTRÉE 2012Rothschild
<p><img alt="Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais.jpg" src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais_m.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais.jpg, nov. 2012" /><strong><em>Le Monde</em> est en déficit, <em>le Figaro</em> est en déficit, <em>Libération</em> est en déficit, <em>les Échos</em>, <em>la Tribune</em> etc. tous les quotidiens nationaux français perdent de l’argent. Comment les principaux titres de la presse française en sont-ils arrivés à cette situation ? Comment ont-ils fait pour se jeter dans les bras du « capital » représenté par messieurs <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Bollor%C3%A9">Bolloré</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Rothschild">Rothschild</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Dassault">Dassault</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Lagard%C3%A8re">Lagardère</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Arnault">Arnault</a> où <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Pinault">Pinault</a> ? Enfin, question subsidiaire mais non négligeable : pourquoi ces grands capitaines d’industries acceptent-ils de perdre parfois de fortes sommes d’argent avec « leurs » journaux sans réclamer de véritables révolutions dans le contenus ou le management ?</strong></p>
<p>Jean Stern est en colère, triste et en colère serait plus juste. En effet, il s’est lui-même réveillé un peu tard – c’est-à-dire quand les jeux étaient fait et les cadenas vérouillés - et n’a pu que constater la mainmise totale du "capital" sur la <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/presse">presse</a> nationale française.</p>
<p>Les patrons de presse, les journalistes français sont-ils des buses ou ont-ils été trompés par des génies du mécanisme financier ? À lire <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Jean%20Stern">Jean Stern</a>, la réponse est doublement affirmative. Ils ne sont pas fait avoir, ils se sont fait dépouiller de leurs prérogatives, de leurs libertés, de leur pouvoir aussi, gagnés à la Libération, par des petits génies du montage juridique et financier pour mieux étrangler et museler, sans tout-à-fait la taire, la presse française.</p>
<p>Jean Stern fustige l’immobilisme des patrons certes, mais aussi l’incurie et l’irresponsabilité du Syndicat du Livre, dont les syndiqués sont payés deux à trois fois plus que les journalistes et bien sur aux politiques qui n’ont rien tenté, à l’exception du Premier Ministre Alain Juppé en 1995. Enfin à l’État, qui, à défaut d’agir et de réfléchir a toujours préféré payer, subventionner un secteur incapable de faire des bénéfices et de s’autofinancer. Bref, de prendre son avenir en main.</p>
<p>Enfin, les difficultés de la presse sont largement antérieures à l’arrivée d’Internet et de Google. En effet, elles existent dès 1945 et l’absence de réflexion et surtout d’action quant à la création de structures juridiques et financières puissantes qui auraient données à la presse une indépendance autrement singulière. Tout le monde est d’accord pour trouver un nouveau modèle à la presse française mais chacun campe sur ses privilèges, ses positions à la Maginot, ses libertés de plus en plus réduites par l’autocensure.</p>
<p>Sans parler de la baisse du nombre d’acheteurs et de lecteurs. En effet, contrairement à la presse anglo-saxonne, toujours prête à dégainer de savoureux où de sordides dossiers pour vendre du papier, il faut souvent un détonateur pour que la presse française sorte ses dossiers. Il en fut ainsi du comportement de Dominique Strauss-Kahn avec les femmes, parfaitement connus des journalistes, mais dont le dossier ne sortira qu’au lendemain de l’affaire du Sofitel.</p>
<p>L’aristocratie ouvrière – entendre, les ouvriers du syndicat du Livre et de la distribution- sont-ils responsables de la mort de la presse comme des trois H : Hersant, Havas, Hachette ? En effet, les premiers arc-boutés sur leurs salaires mirobolants et leurs privilèges sont objectivement les alliés des propriétaires de journaux dans cette décadence. De plus, « <em>S’ils</em> (les propriétaires de journaux) <em>ne peuvent pas faire de la marge positive avec des journaux au bord de la faillite, feront de la marge négative. C’est différent, mais cela rapporte aussi</em>». En effet, le chapitre le plus savoureux est celui consacré aux holdings – passives ou actives- qui permettent aux propriétaires de journaux d’intégrer les déficits de leurs journaux dans leurs comptabilités générales et de profiter, de fait, de baisses d’impôts !</p>
<p>Ce livre est un cri de colère et une déclaration d’amour au métier de journaliste et à la presse en général. Jean Stern, fidèle à la tradition des éditions de <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/la%20Fabrique">la Fabrique</a>, met les pieds dans le plat et met le doigt là ou ça fait mal. Chiffres à l’appui. La presse nationale française mérite ce qui lui arrive un point c’est tout.</p>
<p><em>Les Patrons de la presse nationale. Tous mauvais.</em><br />
<em>Jean Stern</em><br />
éd. <em><a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/La%20Fabrique">La Fabrique</a></em><br />
210p. 13€<br />
15 octobre 2012.</p>
<p><strong>Article publié le 9 novembre 2012.</strong></p> Dictionnaire amoureux de la géopolitiqueurn:md5:efaea412d0e711a309d1e550eea34a192022-02-23T15:08:00+01:00lalettreEssaisFayardHubert VédrinePlon
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Dictionnaire_amoureux_de_la_geopolitique_m.jpg" alt="Dictionnaire amoureux de la géopolitique.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Dictionnaire amoureux de la géopolitique.jpg, mar. 2021" /><strong>La géopolitique c'est L"'Étude des rapports entre les données de la géographie et la politique" dixit le Robert. Avec Hubert Védrine aux commandes, on va à l'essentiel, à l'os, droit devant. On a une analyse Braudelienne (1) du passé, pragmatique des rapports entre États et lucide sur l'avenir, la domination de la Chine et des GAFAM. Ce dictionnaire amoureux est une lecture riche, exigeante et passionnante qui nourrit la réflexion, questionne, interroge plutôt que de condamner tout et n'importe quoi comme savent si bien le faire les bobos...</strong><br />
<br />
Car la géopolitique, c'est un millefeuille en mouvement permanent : idées, hommes, territoires, valeurs, conquêtes, échecs et réussites, Histoire et avenir. Il faut savoir accepter d'étudier chaque feuille pour comprendre les rapports entre des hommes aussi différents que sont Kissinger et Mao, les outils de pouvoirs que sont la CIA, le KGB ou le Mossad, pourquoi Chirac dit non aux USA lorsqu'ils veulent faire la guerre à l'Irak en 2003 ou encore pourquoi le Traité de Westphalie devrait inspirer les pays du Proche-Orient (problème, tout les peuples n'ont pas un Richelieu et un Mazarin sous la main...).<br /></p>
<p>Un dictionnaire amoureux de la géopolitique c'est aussi une façon de s'armer contre les fascismes du XXIe siècle. Ceux-ci n'ont pas de chemise brune mais des comptes sur les réseaux sociaux. C'est mieux lutter aujourd'hui contre les hordes sauvages de la <em>cancel culture</em> qui ont en commun avec le fascisme de vouloir anéantir tout ce qui leur est différent ou étranger.</p>
<p>Ce <em>Dictionnaire amoureux de la géopolitique</em> est une mine d'or pour tout ceux qui veulent garder l'esprit ouvert et appréhender les défis de demain avec curiosité, passion et intelligence.</p>
<p><em>Dictionnaire amoureux de la géopolitique</em><br />
Hubert Védrine<br />
Plon/Fayard<br />
Coll. Dictionnaire Amoureux<br />
528p. 26€<br />
Février 2021<br />
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(1) Fernand Braudel (1902 - 1985), le plus grand historien français du XXe siècle décrivait l'Histoire en trois temps : celui de l'homme, de la civilisation et enfin de l'Histoire.
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Billet publié le 4 février 2021</p> Le Quai de Ouistrehamurn:md5:02a777d8e799a4bdb4e43a5298c3d9072021-10-28T16:46:00+02:00lalettreEssaisFlorence Aubenasl OlivierLe Quai de Ouistreham
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/Quai_de_Ouistreham.jpg" alt="Quai_de_Ouistreham.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Quai_de_Ouistreham.jpg, fév. 2010" /><strong>Florence Aubenas publie aux éditions de l'Olivier <em>Le Quai de Ouistreham</em>. Un livre dont on va beaucoup parler parce qu'elle a côtoyé pendant six mois les Français les plus touchés par la crise. Ceux qui ont le Smic pour vivre, voire beaucoup moins. Ceux qui n'ont aucun réseau pour trouver du travail ou pour le conserver</strong>.<br /></p>
<p>Ils sont des millions en France -à Caen ou ailleurs - et la frontière qui les sépare de ceux qui ont un vrai boulot -à la pizzeria du coin ou comme agent de recrutement dans une agence d'intérim - est de plus en plus poreuse. Le constat est cruel et d'autant plus dérangeant qu'il est écrit avec une plume que Raymond Carver aurait aimée, c'est-à-dire dépourvue de toute emphase, de toute envolée lyrique. Décrire ce qu'elle constate suffit à Florence Aubenas pour nous livrer un document exceptionnel. Une enquête comme celle-ci, on n'en a pas lue dans <em>Libé</em> ou le <em>Nouvel Obs</em> depuis des années. Parler des pauvres quelle idée !<br /></p>
<p>Le petit Larousse donne la définition suivante du mot précaire :<em> Qui n'a rien de stable, d'assuré : incertain</em>. Florence Aubenas décrit la précarité de tous les jours, la précarité du travail où le CDI est un rêve inaccessible, les 35 heures aussi. Où il faut prendre un boulot le matin très tôt et un autre le soir très tard pour réunir suffisamment d'argent pour tout simplement se vêtir -de vêtements d'occasion - se nourrir -une à deux fois par jour - et se chauffer, mais pas trop, pas plus de 15° dans l'appartement sinon la facture ne pourra être payée et donc l'électricité coupée.<br />
C'est dans cet état d'esprit que des millions de Français se lèvent très tôt pour chercher du boulot à Pôle Emploi où ils entendent en boucle <em>vous avez des droits et des devoirs, vous pouvez être radié</em>. Ambiance...<br /></p>
<p>Ce document est d'autant plus fort qu'à aucun moment, le gouvernement d'aujourd'hui ou d'hier n'est pointé du doigt, aucun politique n'est accusé. Cependant, comme disait Victor Hugo, <em>être contesté, c'est être constaté</em>. Florence Aubenas ne conteste aucun politique mais elle constate que la misère et la pauvreté s'étendent de plus en plus dans la France du XXIe siècle. <em>Le Quai de Ouistreham</em> vaut tout les rapports de toutes les commissions de tous les gouvernements d'hier et d'aujourd'hui sur la pauvreté en France. Indispensable.</p>
<p><em>Le Quai de Ouistreham</em><br />
Florence Aubenas<br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/l%20Olivier">l'Olivier</a><br />
18 février 2010.<br />
270 p. 19€.<br />
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<p><strong>Article publié le 18 février 2010.</strong><br /></p> Le souvenir du monde essai sur Chateaubriandurn:md5:d7fa29fffa300791ac3e696525408a712021-07-27T11:14:00+02:00lalettreEssaisChateaubriandGallimardGrassetMichel Crépu
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_souvenir_du_monde_s.jpg" alt="Le_souvenir_du_monde.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_souvenir_du_monde.jpg, fév. 2012" /><strong>Qui sont les admirateurs de Chateaubriand ? Combien sont-ils ? Michel Crépu et Jean d’Ormesson sont des inconditionnels mais il leur faut argumenter longuement, patiemment pour expliquer que Chateaubriand est au-dessus des autres. Victor Hugo lui-même ne disait-il pas vouloir “être Chateaubriand ou rien”?</strong><br /></p>
<p>Michel Crépu nous explique que cet homme né noble et légitimiste devait, par la force des choses, c’est-à-dire par celle de la Révolution mais surtout par celle de son esprit, devenir un révolutionnaire à son camp. Émigré de son propre pays pour l’Angleterre, il tente de comprendre avec parfois beaucoup d’ironie la Révolution française en la comparant à celles de Sparte et d'Athènes (1).<br /></p>
<p>Lucide sur la fin de l’Ancien Régime, il n’en demeure pas moins fidèle au Roi. Légitimiste et royaliste en son for intérieur, il est révolutionnaire à sa façon et est favorable à la presse.<br /></p>
<p>Chateaubriand était parmi les rares adversaires proclamés de l’Empereur Napoléon 1er depuis l’éxécution du Duc d’Enghien dans les fosses du chateau de Vincennes. Mais il demeure un admirateur du Général Bonaparte, il était conscient du génie de Napoléon à tout transformer sur son passage et tout aussi lucide sur la médiocrité de ses contemporains, notamment les pairs de France.<br /></p>
<p>S’il abbhore la Révolution française, il a compris que rien ne pourrait l’arrêter. Un roi, représentant de Dieu sur Terre a été décapité. La France, et le monde, changent d’ère. Alors, autant agir pour faire de cette nouvelle ère quelque chose de moins sombre. “Les Mémoires d’outre-tombe”, ce monunent de la littérature française rappelle Joinville ou Saint-Simon. Tellement justes et insaisissables car le même homme et la meme plume ont su avec lucidité expliquer la Révolution, l’Empire et la Restauration. Michel Crépu rend un hommage émouvant à celui qui fut sans doute le père des grands écrivains français du XIXe siècle.<br />
<br /></p>
<p><em>Le souvenir du monde essai sur Chateaubriand</em><br />
Michel Crépu<br />
Grasset<br />
Septembre 2011<br />
212p. , 17, 50€<br /></p>
<p>(1) <em>Essai sur les révolutions, Génie du christianisme</em><br />
Chateaubriand, François-René de<br />
Gallimard<br />
La Pléiade n°272, 56€.<br />
1978, Rééd. 2003.<br /></p> Le syndrome du poisson lune, un manifeste d'anti-managementurn:md5:99d863883a175ef12c8df3c2480a52c32021-07-27T11:14:00+02:00lalettreEssaisActes SudColibriEmmanuel Druon
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_syndrome_du_poisson_lune_s.jpg" alt="Le_syndrome_du_poisson_lune.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_syndrome_du_poisson_lune.jpg, janv. 2015" /><strong><a href="http://www.franceculture.fr/emission-le-temps-des-libraires-le-syndrome-du-poisson-lune-d-emmanuel-druon-par-la-librairie-la-let">CONSEILLÉ SUR FRANCE CULTURE (PODCAST</a>)</strong><strong>Le poisson lune a pour "qualité" de grossir sans arrêt jusqu'à sa mort. Un peu comme les multinationales. Mais à quel coût humain ? En effet, dans de grands groupes (mais aussi dans de petites entreprises familiales) les employés sont priés de laisser leurs valeurs personnelles au vestiaire et d'exécuter sans réfléchir des ordres souvent en contradiction avec celles-ci. De fait, ces entreprises se privent des talents de chacun de leurs employés.</strong><br />
<br />
À l'inverse, Emmanuel Druon PDG d'une entreprise qui fabrique des enveloppes dans le nord de la France pense (et écrit) que l'on peut faire mieux que d'exploiter les humains comme des ressources, les presser, les essorer, les jeter et les remplacer par la génération suivante.<br />
<br />
Emmanuel Druon répond à des appels d'offre, fait des bénéfices, paient l'impôt sur les sociétés en France. Le tout en usant et abusant de la bonne volonté de ses employés ! Et en plus, ils en redemandent ! En effet, loin de toutes démagogie économique ou financière, Emmanuel Druon fait d'innombrables réunion pour écouter tous ses employés sur tous les sujets possibles et imaginables. Son résultat : des bénéfices réguliers, des employés motivés et des médias français ou étrangers qui viennent ausculter ce dirigeant d'entreprise bizarre qui en plus de faire des bénéfices veut le bonheur de ses employés.<br /></p>
<p>Il y a aussi une part d'écologie dans son projet. Pas une écologie stérile où dogmatique, nuisible à la société en général et aux entreprises en particulier, destructrice d'emplois et de valeur. Non, une écologie lucide et rationnelle.<br /></p>
<p><em>Le syndrome du poisson lune</em> est un livre optimiste et humain qui donne des pistes intéressantes à creuser pour mieux vivre et mieux travailler ensemble.<br />
<br /></p>
<p><em>Le syndrome du poisson lune, un manifeste d'anti-management</em><br />
Emmanuel Druon<br />
Actes Sud/Colibri<br />
Coll. Domaine du possible<br />
216 p. , 19,80€<br />
Janvier 2015<br /></p>
<p><strong>Article publié le 23 janvier 2015</strong>.<br /></p> Chronique du règne de Nicolas Ierurn:md5:7406befb61b4a67fdf303c5b6e045d1c2021-07-27T11:13:00+01:00lalettreEssaisGrassetNicolas SarkozyPatrick Rambaud
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Chronique_du_regne_T1_s.jpg" alt="Chronique_du_regne_T1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chronique_du_regne_T1.jpg, fév. 2009" /><strong>De l'esprit, de l'intelligence et de la hauteur de vue : Nicolas Sarkozy est gâté! Patrick Rambaud lui a fait don de toutes ses qualités d'écrivain.</strong><br />
<br /></p>
<p>C'est avec un plaisir non dissimulé que l'on referme ce texte drôle et incisif sur les premiers mois de la présidence du Compatissant Leader. Saint-Simon eut apprécié le trait mordant de l'auteur sur notre Angoissé Souverain et sur ses collaborateurs couverts de ridicule : du Comte D'Orsay à la Baronne D'ati en passant par le Cardinal de Guéant.<br /></p>
<p>Rambaud, tapi dans l'ombre de Chateaubriand, tire le portrait des dribbleurs gauche/droite, Lang, Besson, Kouchner, Santini et Cie, toujours arrivés les premiers au buffet. Il les dégomme et la précision de son tir est impeccable, blesse sans faire mal et se maintient à haut niveau d'esprit. Celui des Lumières, pas des flashs. Voilà ce qui manque à tout ces livres, articles, reportages sur Notre Majuscule Leader : de l'esprit, de l'intelligence, de la hauteur de vue. On en redemande.<br />
<br /></p>
<p><em>Chronique du règne de Nicolas Ier</em><br />
Patrick Rambaud<br />
Grasset<br />
2008.<br /></p> Escroc & concubinesurn:md5:7c38d8814f82d6c45cec12855f6574592021-07-27T11:12:00+02:00lalettreEssaisBuchet ChastelOliver August
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/Escroc_concubines.jpg" alt="Escroc_concubines.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Escroc_concubines.jpg, avr. 2009" /><strong>Malgré une couverture pas vraiment fidèle au contenu, l’essai de Oliver August est à découvrir d’urgence. En effet, sous couvert de retrouver Lai Changxing « fugitif n°1 de Chine » de sa légende à son procès à Vancouver, Oliver August fait le portrait de la Chine de ce début de XXIe siècle.</strong><br /></p>
<p>Des chinois qui jouent au golf en pleine nuit sous de gros projecteurs pour mieux faire des affaires, en passant par les Chrétiens qui font la messe du dimanche le mardi pour ne pas se faire attraper par la police, il décrit avec de plus en plus de tendresse ce peuple immense qui bascule dans une modernité définitive. Les quartiers anciens sont rasés au profit de buildings de 88 étages ultra-modernes, dans des villes dont il faut refaire les cartes plusieurs fois par an tellement l’urbanisme dévore l’espace et les repères. <br /></p>
<p>Oliver August, qui fut le chef du bureau de Pékin du <em>Times</em> de Londres pendant sept ans, dessine un portrait en sépia de ce pays immense au travers de Lai Changxing qui est parti du fin fond de sa campagne pour devenir le Gatsby de l’Empire du Milieu. Sans éducation, la légende dit qu’il ne sait pratiquement pas écrire, Lay construit en quelques années un empire dans le bâtiment, la contrebande de voitures occidentales ou de cigarettes.<br /></p>
<p>Pour se faire, il achète les fonctionnaires les plus haut placés soit en argent liquide, en filles ou les deux dans son Pavillon rouge, un bordel de luxe ou les membres du PCC sont venus prendre du plaisir et beaucoup d’argent. Cette corruption générale au niveau les plus haut de l’Etat se retrouve chaque jour dans chaque démarche où presque que ce soit pour acheter un diplôme, un renseignement ou créer une entreprise.
En Chine si tout est illégal, rien n’est interdit, il suffit d’y mettre de prix, une liasse de billet empêchera le bras policier de s’abattre sur vous pour un temps, tel ce boulanger qui du fermer boutique parce qu’il n’avait pas payé.<br /></p>
<p><em>Escrocs & Concubines</em><br />
Oliver August<br />
Buchet Chastel<br />
2009<br /></p>
<p>Article publié le 19 avril 2009.__<br /></p> Le bal des ambitionsurn:md5:37d20181384e958c51738b59ac0e9f582021-07-27T11:12:00+02:00lalettreEssaisRobert LaffontVéronique GuillermardYann Le Gales
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Bal_des_ambitions_s.jpg" alt="Bal_des_ambitions.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Bal_des_ambitions.jpg, août 2009" /><strong>L’A380, la France, l’Allemagne, des espions, des commissions pharaoniques, de grands industriels comme Jean-Luc Lagardère, des egos surdimensionnés et des politiques toujours en retard d’une industrie surtout lorsqu’il s’agit d’aviation.</strong><br />
<br />
C’est aussi la fin des guerres <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?post/2009/02/07/Histoire-de-la-Prusse">franco-prussiennes</a>. Au début des années 70, la France, berceau de l’aviation et l’Allemagne berceau du moteur à réaction s’unissent pour mener un combat sans pitié pour abattre Boeing au fait de sa gloire et de sa puissance. Le constructeur américain s’est rempli les poches grâce à la guerre du Viet-Nam et à un marché domestique gigantesque.<br />
Airbus est aussi une société franco-allemande, véritable symbole d’amitié et de confiance pérenne au sein de l’Union Européenne. Politique, industrie, argent tout est réuni pour un grand roman ... sauf que tout est vrai. <em>Le Bal des ambitions</em> est un condensé de tout cela. Une grille de lecture aussi pour les évènements des prochains mois : <br /></p>
<p>Du 21 septembre au 22 octobre 2009 s’ouvrait à Paris le procès de l’affaire Clearstream dans le cadre de laquelle de hauts dirigeants d’EADS – la maison mère d’Airbus- auraient mis le doigt. Une barbouzerie politico-industrielle digne des meilleurs John Le Carré, à l’issue duquel l’ancien premier ministre Dominique de Villepin connaîtra son avenir politique.<br />
Le 20 novembre 2009 aura lieu le premier vol inaugural de l’A380 entre Paris et New-York, suivi trois jours plus tard, de son premier vol commercial. Le plus gros avion de tous les temps, résultat prodigieux de 20ans de travaux acharnés entre l’Allemagne et la France (mais aussi la Grande-Bretagne et l’Espagne) éblouira le monde par sa puissance et ses fameux kilomètres de câbles. Consécration d’un projet de titans porté par la crème de la crème de la méritocratie à la française : les X-Mines. Si pour Elie Wallash le monde se divise en deux catégories, dans l’esprit de Francis Mer c’est plutôt trois : <em>les X-Mines, les autodidactes qui ont réussi Polytechnique ou l’ENA, et les autres</em> (p.71).<br /></p>
<p>Enfin en 2012, devrait s’ouvrir le procès de dix-sept hauts dirigeants d’EADS dont son ancien président Noël Forgeard. Ils sont accusés d’avoir profité d’informations privilégiées sur les retards de l’A380 pour vendre leurs stock-options avant l’effondrement du cours de bourse d’EADS en mai 2006.<br />
En effet, si les débuts d’Airbus se font indéniablement sous la tutelle politique et industrielle de la France ce n’est plus du tout le cas depuis le début des années 2000. Les Allemands ont ressorti les drapeaux, leur industrie surpuissante dégage des profits records. Enfin, en 2009, après avoir goûté discrètement la réussite de von Braun et de ses ingénieurs qui ont envoyé les Américains sur la Lune, ils fêtent largement les vingt ans de la chute du Mur de Berlin et la réussite éclatante de la réunification. Airbus était un projet politique pour la France afin de maintenir l’Allemagne dans l’ombre. Aujourd’hui, EADS est devenu un projet industriel et les Allemands ont décidé de le prendre en main. Si Jean-Luc Lagardère et Jürgen Schrempp avaient autorité sur leurs équipes, ce n’est pas le cas de leurs successeurs. Côté français on hurle au retour des « Boches », ambiance...<br /></p>
<p>Mais les sentiments n’ont rien à faire dans un secteur où le chiffre d’affaire « officiel » est de 1200 milliards de dollars. En effet, la conquête des marchés Russe et Chinois, estimés respectivement à 500 et 2700/2900 avions d’ici à 2030, ne pourra se faire sans commissions ou cadeaux faramineux (comme un Airbus ou une roseraie réfrigérée de plusieurs kilomètres en plein désert par exemple). Il est loin le temps ou «en France, les commissions étaient déclarées auprès du ministère des Finances et de l’Economie et réintégrées dans les comptes au titre de frais commerciaux » (p239). Aujourd’hui, pour ne pas se retrouver devant un tribunal, il ne faut pas franchir la ligne jaune :<em> le problème c’est qu’elle se déplace</em> (p.243). On a aussi de l’esprit dans l’industrie.<br />
L’avenir passe par des alliances politiques, technologiques et financières, avec les Chinois notamment, afin de garder de l’avance. Le bal des ambitions ne fait que commencer.</p>
<p><em>Le bal des ambitions</em> <br />
Yann Le Gales, Véronique Guillermard <br />
Robert Laffont.<br /></p>
<p>__Article publié le 23 août 2009._</p> Presse et pouvoir un divorce impossibleurn:md5:2dd682fa7f08baacde791774c44a8b902021-07-27T11:11:00+02:00lalettreEssaisBouyguesDassaultFirstHersantLagardèrePhilipe Reinhard
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Presse_et_pouvoir_s.jpg" alt="Presse_et_pouvoir.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Presse_et_pouvoir.jpg, nov. 2011" /><strong>L’affaire DSK est emblématique de la relation ambiguë que vivent les journalistes et les politiques. En effet, jusqu’à son arrestation le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn a reçu du <em>Figaro</em>, du <em>Nouvel Obs</em> ou encore de <em>Paris Match</em> un soutien indéfectible à sa personne, son action politique comme directeur du FMI et dans son ambition présidentielle. Aujourd’hui, Dominique Strauss-Kahn porte plainte contre ces mêmes organes de presse dans le cadre de l’affaire dite du Carlton de Lille.</strong><br /></p>
<p>Dès les premières pages de <em>Presse et pouvoir</em>, Philippe Reinhard nous démontre que rien n’a vraiment changé en France depuis <em>La Gazette</em> fondée par Théophraste Renaudot en 1631. Encore aujourd’hui, le Président de la République nomme le président des chaînes publiques ou exige le licenciement d’un journaliste tel Alain Genestar. L’ancien directeur de <em>Paris Match</em> a été viré pour avoir déplu à Nicolas Sarkozy le « frère » d’Arnaud Lagardère (propriétaire de <em>Paris Match</em>). Dans un autre domaine, les écoutes téléphoniques récentes d'un journaliste du <em>Monde</em> par la DCRI et l’Élysée et moins récentes comme celles de Édwy Plénel par La cellule de l’Élysée sous François Mitterrand montre la méfiance du pouvoir envers les journalistes.<br /></p>
<p>Pourtant, on ne peut pas reprocher aux journalistes français de trop enquêter sur le pouvoir, car ce n’est pas dans la tradition journalistique française que de révéler les comportements des politiques. Ils ont plus l’habitude de garder pour eux les petits secrets de la République telle « Mazarine » sous Mitterrand ou un « Mazarin » sous un autre Président de la République ou encore l’épisode dit du laitier sous Giscard d’Estaing. <br /></p>
<p>Les sentiments d’attraction-répulsions sont remarquablement exploités. Ainsi, Charles De Gaulle avait tout compris du pouvoir de la télévision, mais refusait d’y entendre la moindre critique. Sauf celles d’Hubert Beuve-Méry, alors directeur du <em>Monde</em>, étaient vaguement tolérées par le locataire de l’Élysée pour la seule raison qu’elles étaient bien écrites... François Mitterrand se méfiait des journalistes comme de la peste et ira jusqu’à les rendre responsables de la mort de Pierre Bérégovoy. Jacques Chirac était nul à la télévision, mais les propriétaires de groupes presses ou de télévision comme Hersant, Bouygues, Lagardère ou Dassault ont toujours été des fidèles de l’ancien Maire de Paris. Quant à Sarkozy, il aime la télé comme une tribune à lui mais jamais contre lui.<br /></p>
<p>La vie privée des journalistes et des politiques est aussi entremêlée. En effet, contrairement aux Américains et aux Suédois, les journalistes français ne sont astreints à aucune déontologie particulière dans leur relation avec les politiques. C’est ainsi que l’on trouve nombre de couples journaliste-politique tels que Christine Ockrent-Bernard Kouchner, Béatrice Schönberg-Jean-Louis Borloo et plus récemment Valérie Trierweiler-François Hollande et d’Audrey Pulvar-Arnaud Montebourg.<br /></p>
<p>L’américanisation galopante de la société française a aussi des incidences sur la relation des politiques et des journalistes. Les hommes politiques ne peuvent plus cacher leurs vies privées et l’exploitent à des fins électorales. Et les journalistes ne peuvent pas faire comme si la « peopolisation » des politiques n’était pas la bienvenue pour augmenter les ventes de leurs magazines. Ainsi, pendant que les journalistes sont en quête du « scoop » du prénom de l’enfant du couple Sarkozy ils ne parlent pas ou beaucoup moins de Sarkozy « l’éleveur de chômeur » (1). En clair, on fait des paillettes avant les sujets graves. Les journalistes français ont-ils rejoint Jean-Pierre Pernaut ou Jean-Pierre Pernaut était-il en avance sur les journalistes français... ?<br /></p>
<p><em>La Gazette</em> de Théophraste Renaudot parlait déjà des potins de la Cour pour distraire le bon peuple. 380 ans plus tard, ça n’a toujours pas changé... Et Philippe Reinhard le démontre dans cet essai remarquablement documenté et sans langue de bois. <em>Presse et pouvoir un divorce impossible</em> servira de grille de lecture à de nombreux évènements journalistico-politiques.<br />
<br /></p>
<p>(1) Nicolas Canteloup.<br /></p>
<p><em>Presse et pouvoir, un divorce impossible</em><br />
Philippe Reinhard<br />
First éditions, mars 2011.<br /></p> Deuxième chronique du règne de Nicolas Ierurn:md5:93fd67351cc9b61955152a2fe08e40fe2021-07-27T11:09:00+01:00lalettreEssaisGrassetNicolas SarkozyPatrick Rambaud
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Chronique_du_regne_T2_s.jpg" alt="Mise en page 1" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mise en page 1, fév. 2009" />A lire d'urgence avant la parution en janvier 2011 du tome 4 des aventures de moins en moins drôles du Président! La <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?post/2009/02/07/Rambaud%2C-Sarkozy%2C-Episode-1">première chronique</a> était drôle, très drôle. Rambaud n’avait pas besoin d’exagérer les comportements des nouveaux gouvernants.
Dans cette seconde chronique, Rambaud est las. Las de ces comportements grossiers. Las de voir ces gouvernants ré-inventer le fil à couper le beurre chaque jour.<br />
Las, de voir l’écart grandir entre ces gouvernants et les Français. Patrick Rambaud fait oeuvre de mémorialiste. Dans quelques années, nous pourrons lire ses chroniques comme un portrait du règne de Nicolas Ier, saisi sur le vif. <br /></p>
<p><em>Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier</em><br />
Patrick Rambaud<br />
Grasset<br />
2009.<br />
<br /></p> Armes de corruption massiveurn:md5:9be503a36d055f2faacf6adb346977132021-05-28T08:44:00+02:00lalettreEssaisArmes de corruption massiveJean GuisnelLa Découverte
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.armes_de_corruption_s.jpg" alt="armes_de_corruption.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="armes_de_corruption.jpg, avr. 2011" /><strong>Qui sont les marchands de canons ? Des tueurs sans scrupule ? Des marchands avides de pognon et de discrétion ? Ou bien des chefs d’États membres du conseils de Sécurité des Nations Unies ? Un peu des trois sans doute...</strong><br />
<br />
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a une offre et une demande comme dans n’importe quel business depuis que les hommes se tapent dessus. D’un côté, des fabricants d’armes – les USA, la France, la Russie, Israël, la Chine – pour ne citer que les plus gros et de l’autre des clients – États, organisations terroristes, etc. Au milieu, un marché blanc, gris ou noir selon le matériel vendu où l’on trouve les intermédiaires, les hauts fonctionnaires qui ne se font pas de cadeaux pour obtenir commissions, rétro-commissions et autres gratifications non négligeable et <em>in fine</em> LE contrat.<br />
<br />
Jean Guisnel, journaliste au <em>Point</em>, spécialiste des questions de défense et d’affaires militaires, nous propose un portait saisissant des vendeurs, des agents et des acheteurs. Par exemple, le plus gros marchand d’armes de la planète – les USA – sont aussi les plus moralisateurs et les plus durs en justice pour condamner un marchand d’armes. C’est l‘hôpital qui se moque de la charité... Car les Américains sont les meilleurs pour contourner leurs propres lois anti-corruption afin de vendre leurs missiles Patriots ou leurs F16 surtout si c’est pour empêcher les Français de placer leurs Rafales au Brésil, en Corée ou au Qatar par exemple. En effet, les Anglo-Saxons ont une imagination sans limite pour verser les pots-de-vin à qui il faut quand il faut. Les Français sont moins doués depuis qu’ils ont juré de ne plus corrompre personne...<br />
<br />
Entre les acheteurs et vendeurs, quelques personnages inconnus du grand public tel le Russe Viktor Bout, le Saoudien Adnan Khassohggi ou le Franco-Libanais Ziad Takieddine, à la fois négociateurs, transporteurs d’armes sur tout les conflits et surtout intermédiaires entre personnes qui officiellement ne se fréquentent pas : la France et la Libye, Israël et l’Iran, USA et le reste du monde. En outre dans leurs carnets d’adresse, leur manque de morale et leurs liquidités (parfois vos impôts !) font des merveilles pour assouvir les bas instincts des personnages clés de tel ou tel contrat. Une petite enveloppe ou un Boeing, quelques week end de golf ou de très jeunes filles et LE contrat est dans la poche. De toute façon, lorsque Jean Guisnel leur demande pourquoi ils font ce métier, ils répondent invariablement que s’ils ne le faisaient pas d’autres le feraient à leurs places. Alors autant toucher le grisbi à la place de l’autre !<br />
<br />
Et comme disait Aristote <em>il y aura des guerres tant que la nature de l’homme n’aura pas changé</em>. Autant dire que la corruption massive des fonctionnaires, hommes politiques et autres dirigeants de grandes entreprises n’est pas prêt de s’arrêter.<br />
<em>Armes de corruption massive</em> est un livre remarquable par sa sobriété, sa densité et sa retenue. Mais attention, l’auteur nous avertit : si la corruption demeurera comme pivot de toutes transactions d'armes, elle est en train de ronger certains des dirigeants des plus grands partis démocratiques du monde occidental. <br />
<br /></p>
<p><em>Armes de corruption massive</em><br />
Jean Guisnel<br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/La%20D%C3%A9couverte">La Découverte</a><br />
391p, 22,40, février 2011.<br />
<br /></p>
<p><strong>Publié le 13 avril 2011.</strong><br />
<br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/LIBRAIRE">LIBRAIRE</a><br /></p> Profession astronaute, Le récit illustré de l’aventure de Thomas Pesqueturn:md5:41a29d08bbaf084f8d782c2b7b949aa72020-12-02T07:56:00+01:00lalettreEssaisArte éditionsPaulsen éditionsPierre-François MouriauxThomas MarlierThomas Pesquet
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Profession_astronaute_l_aventure_de_Thomas_Pesquey_s.jpg" alt="Profession_astronaute_l_aventure_de_Thomas_Pesquey.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Profession_astronaute_l_aventure_de_Thomas_Pesquey.jpg, nov. 2017" /><strong>Tout ce qui touche à cette expédition est un pur moment de plaisir. Un jeune homme humble, courageux, sympathique et profondément pédagogue s'envole pour un séjour de six mois dans l'ISS. Il redescendra connu et admiré de tous les français. En effet, outre l'exploit de vivre six mois en apesanteur, il aura conquis tous les publics - des enfants aux plus âgés - par ses photos de la Terre et ses commentaires lucides et toujours éclairés. Ce livre retrace son aventure pendant laquelle il remporta une sélection ou 8 413 personnes étaient candidats, comme lui, pour devenir astronaute.</strong><br />
<br />
Mai 2009 : « Ça vous intéresse toujours de devenir astronaute ? ».<br />
<br />
Pour devenir astronaute et monter à bord de l'ISS avec le russe Oleg Novitski et l'amércaine Peggy Whitson lors de la mission Proxima (l'Expédition 50) il devra affronter sept années de formation à l'apesanteur, au stress, au froid, au chaud, apprendre le Russe (ce qui de son propre aveu fut le plus difficile). L'ambition sera de réaliser des expériences en apesanteurs et bien sur - le rêve de tous les astronautes - de sortir dans l'espace. Ce que Thomas Pesquet fera à deux reprises.<br />
<br />
Ce livre décrit admirablement toute la formation subie, le lancement effectuée, la vie à bord de l'ISS (et le retour sur Terre. Avec pour premier objectif de repartir.... Vers Mars ! Un cadeau idéal pour tous enfants qui ont suivi Thomas Pesquet dans l'Espace et qui veulent suivre son exemple !</p>
<p>En vidéo :
<a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/videos/visitez-station-spatiale-comme-si-vous-y-etiez-4236/">faites la visite de l'ISS</a><br />
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=7zmuuTiOQeY">Voir le décollage de la fusée</a><br />
<a href="https://proxima.cnes.fr/fr/AllezThomas">Le retour sur Terre</a><br /></p>
<p><em>Profession astronaute. Le récit illustré de l’aventure de Thomas Pesquet</em><br />
Thomas Marlier & Pierre-François Mouriaux & Thomas Pesquet<br />
Paulsen éditions & Arte éditions<br />
Récit illustré<br />
224 pages / 200 illustrations / 25 €<br />
23 novembre 2017<br /></p>
<p><strong>Les auteurs</strong> :<br />
Thomas Marlier, auteur, réalisateur et historien, est notamment le co-auteur de deux documentaires ARTE consacrés au spationaute français, Thomas Pesquet – profession astronaute (diffusé en novembre 2016) et Thomas Pesquet, Objectif Mars (diffusion décembre 2017).
Pierre-François Mouriaux est journaliste, responsable de la rubrique Espace du magazine Air & Cosmos. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres jeunesse, dictionnaires et ouvrages historiques lié.</p> La Jungle des océans Crimes impunis, esclavage, ultraviolence, pêche illégaleurn:md5:f8b29395dcc548539cb4c7353956ddd92020-11-10T10:20:00+01:00lalettreEssaisIan UrbinaPayot
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/La_jungle_des_oceans.jpg" alt="La jungle des océans.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La jungle des océans.jpg, déc. 2019" /><strong>Vous aimez les crevettes de Thaïlande ? Elles ont sans doute été pêchées par les esclaves des navires de pêches qui braconnent dans les eaux Indonésiennes ou des Îles Palos, un minuscule atoll de 450km2 mais propriétaire de 600 000km2 de mer dans le Pacifique.... et un bateau pour tout surveiller.</strong><br />
<br />
<em>La jungle des océans</em> est un résumé brutal de tout ce qui se fait sur mer - dans les 40e rugissants, les 50e hurlants et les 60e mugissants notamment - en matière de pêche illégale, de traite des humains (souvent des Philippins ou des Thaïlandais qui n'ont jamais vu l'océan de leurs vie et qui sont exploités comme esclaves sur ces bateaux de pêches, d'esclavages donc, mais aussi de meurtres, de pollution par des braconniers mais aussi les navires de croisière comme <em>le Carribbean Princess</em> et ses 290m de long, ses 19 ponts et son mini-golf mais aussi son "tuyau magique" qui permet d'évacuer les eaux et huiles usagées dans l'océan.<br />
<br />
Ian Urbina est grand reporter au <em>New York Times</em> et nous explique combien il compliqué voire impossible de faire régner une quelconque loi sur les 72% de la planète qui sont recouverts par les océans. Sur terre, on arrive toujours à savoir qui sont les victimes et souvent les coupables. Sur mer, le silence est trop puissant et un corps tombé à l'eau ne sera jamais retrouvé.</p>
<p>Les organisations écologiques - Greenpeace et Sea Sheperd en tête - n'ont que quelques navires pour courser les braconniers ou les coupables de pollution quand la marine de pêche chinoise dispose d'un million de navires. Quelques progrès sont à noter du côté de l'Indonésie qui désormais tire sur les bateaux braconniers voire les coule (mais récupère les équipages).</p>
<p><em>La jungle des océans</em> est un livre choc à lire d'une traite dont vous garderez une trace à chaque fois que vous lirez l'origine d'un poisson et l'impression étrange que l'on ne parle quasiment jamais de ce qui se passe sur mer. Impressionnant.<br />
<br /></p>
<p><em>La Jungle des océans Crimes impunis, esclavage, ultraviolence, pêche illégale</em><br />
Ian Urbina<br />
Traduction de l'Américain de Perla Slitack<br />
Payot<br />
600 pages, 24,90€<br />
septembre, 2019<br />
<br />
<br />
<br />
<br /></p> Heineken en Afriqueurn:md5:409ecec9d48818c67d3e2e3c16ccbe342020-09-02T09:17:00+02:00lalettreEssaisHeinekenOlivier van BeemenRue de l échiquier
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Heineken_en_Afrqiue_s.jpg" alt="Heineken_en_Afrqiue.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Heineken_en_Afrqiue.jpg, janv. 2019" /><strong>Heineken en Afrique ou les aventures capitalistes d'une multinationale de la bière à la conquête du continent noir. L'important est de vendre de la bière à tout prix, en exploitant toutes les failles humaines, juridiques, politiques de chaque pays d'Afrique où Heineken est présent.</strong></p>
<p>Il faut surtout comprendre que cette multinationale néerlandaise, vantée par de nombreux gouvernements néerlandais, n'a jamais quitté un pays d'Afrique pour quelque raison que ce soit : guerre, nettoyage ethnique, famine, génocide ou toute autre raisons. C'est aussi pour cette raison que les politiques africains aiment bien Heineken. La solidité de Heineken repose aussi sur cette certitude acquise chez les politiques africains que cette entreprise ne les abandonnera pas.<br /></p>
<p>Au fond, il y a peu de surprise dans ce livre car l'on comprend assez vite que tout est permis pour vendre de la bière. Allons-y ! Les régimes fréquentés - dictatures, régimes autocratiques, etc. - sont des appuis pour vendre de la bière, c'est pourquoi les brasseries sont rarement attaquées pendant les conflits.
L'important est de ne pas se faire attraper car les moyens utilisés sont parfois hors-la-loi, quant à la morale, n'y pensons pas, et au respect des droits de l'homme, jetons un voile pudique dessus... Ainsi, des milliers de travailleuses sexuelles ont été utilisées pour promouvoir de la bière au Nigéria et les chambres froides des brasseries utilisées - à deux reprises ! -pour y entreposer le corps du dernier dirigeant décédé prématurément.<br /></p>
<p><em>Heineken en Afrique</em> est un livre sympathique, et même si Heineken a tout fait pour décrédibiliser son auteur, on ne peut pas dire que cela ait déranger l'entreprise et, ce ne sont pas quelques manifestations dans les rues de San Francisco que cela changera quoi que ce soit. Non, le plus important dans ce livre est sa démonstration clinique que le capitalisme n'a pas de limite. Mais ça, on le savait depuis longtemps...</p>
<p><em>Heineken en Afrique, une multinationale décomplexée</em><br />
Olivier van Beemen<br />
Éditeur Rue de l'échiquier<br />
Collection Diagonales
304p., 20€<br />
Août 2018<br /></p> Planète sojaurn:md5:69642d99029d6d7322a71a17fbe4728f2020-07-25T18:23:00+02:00lalettreEssaisJulie LotzRocher
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Planete_soja_m.jpg" alt="Planète soja.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Planète soja.jpg, mai 2020" /><strong>Le soja est apparu en masse sur les tables des français dans les années 80 et sa culture et sa consommation dans des années 90. Végétariens et véganes l'adorent, Monsanto aussi. Car, si son image est très bonne auprès du grand public et ce sous de nombreuses formes - lait, steack, yaourt, jus etc.- sa création ogm, sa culture intensive inondée de produits herbicides en font en réalité moins un allié qu'un adversaire de notre santé.</strong><br /></p>
<p>Julie Lotz a enquêté pendant un an et demi et remonté la consommation du soja depuis les labos de Monsanto (qui a créé le premier soja OGM), les champs de soja du Brésil (1er producteur mondial et qui détruit l'Amazonie pour agrandir les surfaces d'exploitation de soja) et d'Argentine (3e producteur mondial, 99% ogm).<br />
Elle a étudié l'épandage de millions de litres d'herbicides sur le soja (en 2015, 570 millions de tonnes de pesticides ont été déversées sur les champs de soja au Brésil) ce qui fait du soja ogm la culture qui utilise le plus d'herbicide à base de glyphosate au monde ;
<br />
<br />
Question suivante "que devient le pesticide chez l'homme qui consomme l'animal qui a ingéré le soja ?"<br />
Julie Lotz a constaté le nettoyage des vraquiers (qui peuvent ramène plus de 300 000 tonnes de graines de soja) au port de Nantes Saint-Nazaire, le long de l'estuaire de la Loire (et apprendre que le nombre de cancers y est largement supérieur à la moyenne de la population française). Ainsi, l'arrivée de ces graines de soja en France l'est essentiellement pour nourrir veaux, vaches, cochons dans des milliers de fermes (en le cachant le plus possible de préférence). Elle a ensuite cherché et trouvé dans les produits à bases d'animaux nourris au soja des traces de pesticides (au hasard le glyphosate) et en trouver par exemple dans dix laits industriels ou bio (sur dix échantillons) ; essayé de comprendre qu'une consommation trop grande de soja peut nuire à la santé (risque de fertilité chez la femme comme chez l'homme, cancer, etc. Le problème du soja est que l'on en mange moins consciemment que l'on en ingère inconsciemment.</p>
<p>En conclusion, on peut reprendre le propos d'une chercheuse du CNRS "on ne peut pas interdire totalement la consommation de soja mais on ne peut pas non plus l'inciter".
À vous de vous faire une idée et de rayer le soja (ou pas) de votre prochaine liste de courses.<br />
<br /></p>
<p><em>Planète Soja, une enquête mondiale sur les dangers de ce faux ami</em><br />
Julie Lotz<br />
Rocher<br />
260 pages, 17,90€<br />
mars 2020<br /></p> Le grand bond en arrièreurn:md5:4e9af33d4f10d75c65a678eb4eb126f82020-03-25T16:01:00+01:00lalettreEssaisFayardSerge Halimi
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_grand_bond_en_arriere_m.jpg" alt="Le_grand_bond_en_arriere.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_grand_bond_en_arriere.jpg, avr. 2009" /> <strong>On n’est pas toujours d’accord avec ce que raconte le journaliste <a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Serge%20Halimi">Serge Halimi</a>, dans "Les nouveaux chiens de garde" (éd. Liber -Raisons d’agir, 1997) ou bien dans "Le Monde Diplomatique" Cependant, dans ce pavé bleu de 569 pages, on est obligé de reconnaître que sa démonstration est brillante. <em>A fortiori</em> aujourd’hui, en pleine crise financière. La plus grave crise que le capitalisme ait jamais connue.</strong><br /></p>
<p>Jusqu’à la fin des années 80, il y avait trois systèmes économiques : le capitalisme à l’Ouest, le socialisme à l’Est et le capitalisme rhénan en Allemagne de l’Ouest (RFA). Or, à partir de ces années 60, les républicains américains guidés par Barry Goldwater et une armée d’économistes de l’école de Chicago, vont travailler l’électeur américain pour lui faire rejeter toute forme de gouvernement, d’aides publiques et d’interventions de l’Etat. Elles sont forcément nocives au citoyen, à l’entrepreneur et au capital. Elu président en 1980, Ronald Reagan sera le premier à mettre en pratique ce libéralisme à tous crins, comme Margaret Thatcher en Grande-Bretagne. La vague emportera progressivement tout le monde anglo-saxon, l’Europe enfin, après la chute du mur de Berlin en 1989. Bruxelles devançant parfois les Américains dans l’ultralibéralisme.<br /></p>
<p>Pour comprendre la crise économique et financière qui a débuté en 2008, plongez-vous vite dans ce livre qui pourrait être un roman mais qui n’est que le premier chapitre de la crise que nous vivons aujourd’hui.<br />
<br />
<br /><br /></p>
<p><em>Le grand bond en arrière</em><br />
Serge Halimi<br />
Fayard<br />
mars 2004.<br /></p> Extra pure, voyage dans l'économie de la cocaïneurn:md5:5d11cc17d366eb262ea3d1a0887023ff2020-03-14T18:51:00+01:00lalettreEssaisGallimardRoberto Saviano
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Extra_pure_s.jpg" alt="Extra_pure.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Extra_pure.jpg, mar. 2015" /><strong>Après <em><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?post/Gomorra">Gomorra</a></em>, le grand livre sur la Camorra, Roberto Saviano signe avec <em>Extra pure</em>, le grand livre sur la cocaïne.</strong><br /></p>
<p>Cultivateurs terrorisés, cartels impitoyables, financiers corrompus, banquiers amis, sicaires bouchers (l'épisode de la tronçonneuse dans <em>Scarface</em> avec Al Pacino est une bleuette à côté des moyens utilisés par les cartels colombiens depuis trente ans), petites mains, grands seigneurs de la poudre, chiffres à la clé, investissements dans l'économie "réelle", tout y passe.<br />
<br />
La description géopolitique, sociale et empirique du monde que domine la cocaïne est hallucinante. Roberto Saviano n'a pas son pareil pour décrire les circuits de transport de la drogue (tunnels, voitures, avions, sous-marins, avions, cargos, blocs de marbre…). Mais aussi le blanchiment de l'argent de la drogue par les plus grandes banques du monde entier.les investissements qui s'en suivent, les retours sur investissements, Les noms, les chiffres...<br /></p>
<p><strong><em></em><em>Le cartel de Medelin dépense deux mille cinq cents dollars par mois en élastiques pour attacher les liasses de billets</em><em>.</em></strong><br /></p>
<p>Saviano veut tout savoir, comment on fabrique la coke, comme on la coupe, comment on la distribue, pourquoi on la consomme, comment on en meurt. Sa psychologie et son sens du récit font le reste. Le style de Saviano est énergique, brutal, sauvage, sans concession. Il ne retient ni rage ni provocation à l'intention des cartels ou des banquiers mais aussi envers ses lecteurs. Ses "fiches thématiques" intitulées <em>coke#</em> sont de purs joyaux.<br />
<br />
Saviano est plus lucide que n'importe qui car il sait qu'il peut mourir d'un instant à l'autre. On sort de ce lire secoué, éberlué. Le rythme vous emporte du début à la fin. <em>Extra pure</em> est un abécédaire de la cocaïne. <br /></p>
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<p><em>Extra pure, voyage dans l'économie de la cocaïne</em><br />
Roberto Saviano<br />
Gallimard|<br />
464p., 21,90€<br />
Octobre 2014<br />
Trad. de l'italien par Vincent Raynaud<br /></p> L'Italie sur le fil du rasoirurn:md5:adea3f2b4666653475ef81fc70dcef2e2018-12-02T16:38:00+00:00lalettreEssaisMarc LazarPerrin
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Italie_sur_le_fil_du_rasoir_m.jpg" alt="Italie_sur_le_fil_du_rasoir.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Italie_sur_le_fil_du_rasoir.jpg, fév. 2009" />Difficile d’être les héritiers de Rome. Depuis des décennies, les Italiens ne savent pas trop s’ils veulent tomber dans le fascisme mou à la Mussolini, la démocratie molle à la Giullo Andreotti ou la démocratie moderne à l’anglaise. Marc Lazar décrit à la virgule près (il y en a partout des virgules !) l’évolution chaotique de L’Italie des soixante dernières années.<br /></p>
<p>On découvre un pays, certes, en proie à ses démons mafieux, à ses manipulations politiciennes et à ses arrangements partisans. Mais l’on découvre aussi un pays qui sait avancer vers plus de sagesse en faisant disparaître les communistes du paysage politique national et du Parlement, ce que la France n’a toujours pas fait par exemple. Un peuple qui s’affronte toujours à coups d’insultes et de formules chocs - l’actuel président du Conseil, Silvio Berlusconi en a toujours une en réserve – mais un peuple qui ne s’agresse plus à coups de bombes comme dans les années 60 et 70. Enfin, un pays ou l’activité économique est beaucoup plus dynamique que l’on ne veut le voir derrière l’image de dilettante que l’on aime à lui coller.<br />
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<p><em>L'Italie au fil du rasoir</em><br />
Marc Lazar<br />
Perrin<br />
janvier 2009.<br /></p>
<p><strong>Article publié le 21 février 2009.</strong><br /></p> Où va l'Amérique ?urn:md5:e4e8524bddbf36a2b71e92351d80991b2018-12-02T16:38:00+01:00lalettreEssaisAlbert EinsteinBaker StreetGilles BiassetteRENTRÉE 2012
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.ou_va_l__Amerique__m.jpg" alt="ou_va_l__Amerique_.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ou_va_l__Amerique_.jpg, sept. 2012" /><strong><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/RENTR%C3%89E%202012">RENTRÉE 2012</a></strong> <strong>Gilles Biassette est le spécialiste des Etats-Unis pour le quotidien la Croix depuis 2001. Son texte <em>Où va l’Amérique</em> est rafraichissant, synthétique, efficace et non dénué d’humour. Néanmoins, son portrait est sans concession. Les Américains ont gardé leur mentalité de cow-boys et de fermiers, et cette mentalité n’est efficace que lorsque l’Amérique déborde d’énergie et surtout de travail</strong>.<br /></p>
<p>Problème, l’Amérique se vide de ses emplois. En effet, Si Apple fait la une pour sa capitalisation record à Wall Street, ses produits ne sont pas fabriqués aux USA mais en Chine. Si l’industrie automobile fait la une des journaux, c’est moins pour ses chiffres de ventes que pour sa survie due à l’intervention de l’État et à la nationalisation de GM. La honte au pays du libéralisme absolu…. Enfin, le recours à des fonds publics pour sauver les banques, sous Georges W. Bush d’abord puis sous Barack Obama a mis les Américains en colère. Washington veut bien sauver Wall street mais Main street peut crever…<br /></p>
<p>La crise qui dure, les Américains n’ont pas l’habitude. Leur énergie légendaire les fait rebondir quasi instantanément. Sauf depuis la crise de 2008 – appelée la Grande Récession – le rebond ne vient pas, pire la situation s’aggrave. Il n’y a jamais autant de chômeurs, de sans-abri. La crise est autant financière que moral. Pire, les Américains doutent d’eux-même.<br /></p>
<p>Le Tea Party, la droite de la droite du parti républicain, en profite et prône le règne du chacun pour soi, la suppression du gouvernement qui, selon eux, n’est qu’une nébuleuse inutile et rapace. Rares sont ceux qui veulent payer la couverture sociale des autres, tout ce qui peut se rapprocher d’une quelconque solidarité nationale est considéré au mieux comme du socialisme au pire comme du communisme.<br /></p>
<p>Mais le pire pour les Américains, est ce sentiment de déclassement mondial provoqué d’une part par la crise mais surtout par les BRICS. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ces pays à la croissance insolente. Le siècle américain va-t-il bientôt laisser sa place au siècle chinois ?<br /></p>
<p>Les Etats-Unis sont-ils passés <em>de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation</em> (1) comme l’aurait déclaré <a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Albert%20Einstein">Albert Einstein</a>? À cette provocation du physicien né à Ulm, Gilles Biassette répond <em>les Etats-Unis ont une capacité hors-norme, celle de libérer les énergies – les bonnes comme les mauvaises. Quand l’Europe, elle, privilégie une voie moyenne, d’énergie contenue (...) Aux Etats-Unis, depuis leurs origines, le pire et le meilleur cohabitent - la décadence ET la civilisation. Le KKK et Martin Luther King, la bêtise hollywoodienne et Martin Scorsese… A certaines époques, le pôle "plus" l’emporte… A d’autres, c'est le "moins" qui gagne … Finalement, pour revenir à Einstein, on pourrait dire que les Etats-Unis sont une vaste centrale atomique : ils produisent une énergie incroyable... mais cette énergie s’échappe parfois dans une bien mauvaise direction…</em>(2).<br /></p>
<p>L’auteur nous fait partager avec clarté et talent son sens aigüe de l'observation d'un peuple qui nous fascine depuis bientôt trois siècles. Un ouvrage indispensable pour suivre les élections américaines du 6 novembre prochain.<br /></p>
<p><em>Où va l’Amérique ?</em><br />
<em>De Wall Street à Main Street, la peur du déclin</em><br />
Gilles Biassette<br />
Baker Street<br />
231p. 19€<br />
6 septembre 2012<br /></p>
<p>(1) in «La déesse des petites victoires », Yannick Grannec (éd. Anne Carrière, août 2012)<br />
(2) Entretien avec l'auteur le 17 septembre 2012.<br /></p>
<p>Article publié le 17 septembre 2012.<br /></p>