La lettre du Libraire - Mot-clé - Dassault2024-03-19T10:43:30+01:00urn:md5:730380b67af77a3fbbc36330a33651feDotclearLes Patrons de la presse nationale. Tous mauvais.urn:md5:0c8234da1f9c0aa545322bb1c77b91b72022-04-10T16:25:00+02:00lalettreEssaisArnaultBolloréDassaultJean SternLagardèrePinaultpresseRENTRÉE 2012Rothschild
<p><img alt="Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais.jpg" src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais_m.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Les_Patrons_de_presse_tous_mauvais.jpg, nov. 2012" /><strong><em>Le Monde</em> est en déficit, <em>le Figaro</em> est en déficit, <em>Libération</em> est en déficit, <em>les Échos</em>, <em>la Tribune</em> etc. tous les quotidiens nationaux français perdent de l’argent. Comment les principaux titres de la presse française en sont-ils arrivés à cette situation ? Comment ont-ils fait pour se jeter dans les bras du « capital » représenté par messieurs <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Bollor%C3%A9">Bolloré</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Rothschild">Rothschild</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Dassault">Dassault</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Lagard%C3%A8re">Lagardère</a>, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Arnault">Arnault</a> où <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Pinault">Pinault</a> ? Enfin, question subsidiaire mais non négligeable : pourquoi ces grands capitaines d’industries acceptent-ils de perdre parfois de fortes sommes d’argent avec « leurs » journaux sans réclamer de véritables révolutions dans le contenus ou le management ?</strong></p>
<p>Jean Stern est en colère, triste et en colère serait plus juste. En effet, il s’est lui-même réveillé un peu tard – c’est-à-dire quand les jeux étaient fait et les cadenas vérouillés - et n’a pu que constater la mainmise totale du "capital" sur la <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/presse">presse</a> nationale française.</p>
<p>Les patrons de presse, les journalistes français sont-ils des buses ou ont-ils été trompés par des génies du mécanisme financier ? À lire <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/Jean%20Stern">Jean Stern</a>, la réponse est doublement affirmative. Ils ne sont pas fait avoir, ils se sont fait dépouiller de leurs prérogatives, de leurs libertés, de leur pouvoir aussi, gagnés à la Libération, par des petits génies du montage juridique et financier pour mieux étrangler et museler, sans tout-à-fait la taire, la presse française.</p>
<p>Jean Stern fustige l’immobilisme des patrons certes, mais aussi l’incurie et l’irresponsabilité du Syndicat du Livre, dont les syndiqués sont payés deux à trois fois plus que les journalistes et bien sur aux politiques qui n’ont rien tenté, à l’exception du Premier Ministre Alain Juppé en 1995. Enfin à l’État, qui, à défaut d’agir et de réfléchir a toujours préféré payer, subventionner un secteur incapable de faire des bénéfices et de s’autofinancer. Bref, de prendre son avenir en main.</p>
<p>Enfin, les difficultés de la presse sont largement antérieures à l’arrivée d’Internet et de Google. En effet, elles existent dès 1945 et l’absence de réflexion et surtout d’action quant à la création de structures juridiques et financières puissantes qui auraient données à la presse une indépendance autrement singulière. Tout le monde est d’accord pour trouver un nouveau modèle à la presse française mais chacun campe sur ses privilèges, ses positions à la Maginot, ses libertés de plus en plus réduites par l’autocensure.</p>
<p>Sans parler de la baisse du nombre d’acheteurs et de lecteurs. En effet, contrairement à la presse anglo-saxonne, toujours prête à dégainer de savoureux où de sordides dossiers pour vendre du papier, il faut souvent un détonateur pour que la presse française sorte ses dossiers. Il en fut ainsi du comportement de Dominique Strauss-Kahn avec les femmes, parfaitement connus des journalistes, mais dont le dossier ne sortira qu’au lendemain de l’affaire du Sofitel.</p>
<p>L’aristocratie ouvrière – entendre, les ouvriers du syndicat du Livre et de la distribution- sont-ils responsables de la mort de la presse comme des trois H : Hersant, Havas, Hachette ? En effet, les premiers arc-boutés sur leurs salaires mirobolants et leurs privilèges sont objectivement les alliés des propriétaires de journaux dans cette décadence. De plus, « <em>S’ils</em> (les propriétaires de journaux) <em>ne peuvent pas faire de la marge positive avec des journaux au bord de la faillite, feront de la marge négative. C’est différent, mais cela rapporte aussi</em>». En effet, le chapitre le plus savoureux est celui consacré aux holdings – passives ou actives- qui permettent aux propriétaires de journaux d’intégrer les déficits de leurs journaux dans leurs comptabilités générales et de profiter, de fait, de baisses d’impôts !</p>
<p>Ce livre est un cri de colère et une déclaration d’amour au métier de journaliste et à la presse en général. Jean Stern, fidèle à la tradition des éditions de <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/la%20Fabrique">la Fabrique</a>, met les pieds dans le plat et met le doigt là ou ça fait mal. Chiffres à l’appui. La presse nationale française mérite ce qui lui arrive un point c’est tout.</p>
<p><em>Les Patrons de la presse nationale. Tous mauvais.</em><br />
<em>Jean Stern</em><br />
éd. <em><a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?tag/La%20Fabrique">La Fabrique</a></em><br />
210p. 13€<br />
15 octobre 2012.</p>
<p><strong>Article publié le 9 novembre 2012.</strong></p> Presse et pouvoir un divorce impossibleurn:md5:2dd682fa7f08baacde791774c44a8b902021-07-27T11:11:00+02:00lalettreEssaisBouyguesDassaultFirstHersantLagardèrePhilipe Reinhard
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Presse_et_pouvoir_s.jpg" alt="Presse_et_pouvoir.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Presse_et_pouvoir.jpg, nov. 2011" /><strong>L’affaire DSK est emblématique de la relation ambiguë que vivent les journalistes et les politiques. En effet, jusqu’à son arrestation le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn a reçu du <em>Figaro</em>, du <em>Nouvel Obs</em> ou encore de <em>Paris Match</em> un soutien indéfectible à sa personne, son action politique comme directeur du FMI et dans son ambition présidentielle. Aujourd’hui, Dominique Strauss-Kahn porte plainte contre ces mêmes organes de presse dans le cadre de l’affaire dite du Carlton de Lille.</strong><br /></p>
<p>Dès les premières pages de <em>Presse et pouvoir</em>, Philippe Reinhard nous démontre que rien n’a vraiment changé en France depuis <em>La Gazette</em> fondée par Théophraste Renaudot en 1631. Encore aujourd’hui, le Président de la République nomme le président des chaînes publiques ou exige le licenciement d’un journaliste tel Alain Genestar. L’ancien directeur de <em>Paris Match</em> a été viré pour avoir déplu à Nicolas Sarkozy le « frère » d’Arnaud Lagardère (propriétaire de <em>Paris Match</em>). Dans un autre domaine, les écoutes téléphoniques récentes d'un journaliste du <em>Monde</em> par la DCRI et l’Élysée et moins récentes comme celles de Édwy Plénel par La cellule de l’Élysée sous François Mitterrand montre la méfiance du pouvoir envers les journalistes.<br /></p>
<p>Pourtant, on ne peut pas reprocher aux journalistes français de trop enquêter sur le pouvoir, car ce n’est pas dans la tradition journalistique française que de révéler les comportements des politiques. Ils ont plus l’habitude de garder pour eux les petits secrets de la République telle « Mazarine » sous Mitterrand ou un « Mazarin » sous un autre Président de la République ou encore l’épisode dit du laitier sous Giscard d’Estaing. <br /></p>
<p>Les sentiments d’attraction-répulsions sont remarquablement exploités. Ainsi, Charles De Gaulle avait tout compris du pouvoir de la télévision, mais refusait d’y entendre la moindre critique. Sauf celles d’Hubert Beuve-Méry, alors directeur du <em>Monde</em>, étaient vaguement tolérées par le locataire de l’Élysée pour la seule raison qu’elles étaient bien écrites... François Mitterrand se méfiait des journalistes comme de la peste et ira jusqu’à les rendre responsables de la mort de Pierre Bérégovoy. Jacques Chirac était nul à la télévision, mais les propriétaires de groupes presses ou de télévision comme Hersant, Bouygues, Lagardère ou Dassault ont toujours été des fidèles de l’ancien Maire de Paris. Quant à Sarkozy, il aime la télé comme une tribune à lui mais jamais contre lui.<br /></p>
<p>La vie privée des journalistes et des politiques est aussi entremêlée. En effet, contrairement aux Américains et aux Suédois, les journalistes français ne sont astreints à aucune déontologie particulière dans leur relation avec les politiques. C’est ainsi que l’on trouve nombre de couples journaliste-politique tels que Christine Ockrent-Bernard Kouchner, Béatrice Schönberg-Jean-Louis Borloo et plus récemment Valérie Trierweiler-François Hollande et d’Audrey Pulvar-Arnaud Montebourg.<br /></p>
<p>L’américanisation galopante de la société française a aussi des incidences sur la relation des politiques et des journalistes. Les hommes politiques ne peuvent plus cacher leurs vies privées et l’exploitent à des fins électorales. Et les journalistes ne peuvent pas faire comme si la « peopolisation » des politiques n’était pas la bienvenue pour augmenter les ventes de leurs magazines. Ainsi, pendant que les journalistes sont en quête du « scoop » du prénom de l’enfant du couple Sarkozy ils ne parlent pas ou beaucoup moins de Sarkozy « l’éleveur de chômeur » (1). En clair, on fait des paillettes avant les sujets graves. Les journalistes français ont-ils rejoint Jean-Pierre Pernaut ou Jean-Pierre Pernaut était-il en avance sur les journalistes français... ?<br /></p>
<p><em>La Gazette</em> de Théophraste Renaudot parlait déjà des potins de la Cour pour distraire le bon peuple. 380 ans plus tard, ça n’a toujours pas changé... Et Philippe Reinhard le démontre dans cet essai remarquablement documenté et sans langue de bois. <em>Presse et pouvoir un divorce impossible</em> servira de grille de lecture à de nombreux évènements journalistico-politiques.<br />
<br /></p>
<p>(1) Nicolas Canteloup.<br /></p>
<p><em>Presse et pouvoir, un divorce impossible</em><br />
Philippe Reinhard<br />
First éditions, mars 2011.<br /></p>