La lettre du Libraire - Mot-clé - First2024-03-28T08:14:37+01:00urn:md5:730380b67af77a3fbbc36330a33651feDotclearPresse et pouvoir un divorce impossibleurn:md5:2dd682fa7f08baacde791774c44a8b902021-07-27T11:11:00+02:00lalettreEssaisBouyguesDassaultFirstHersantLagardèrePhilipe Reinhard
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Presse_et_pouvoir_s.jpg" alt="Presse_et_pouvoir.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Presse_et_pouvoir.jpg, nov. 2011" /><strong>L’affaire DSK est emblématique de la relation ambiguë que vivent les journalistes et les politiques. En effet, jusqu’à son arrestation le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn a reçu du <em>Figaro</em>, du <em>Nouvel Obs</em> ou encore de <em>Paris Match</em> un soutien indéfectible à sa personne, son action politique comme directeur du FMI et dans son ambition présidentielle. Aujourd’hui, Dominique Strauss-Kahn porte plainte contre ces mêmes organes de presse dans le cadre de l’affaire dite du Carlton de Lille.</strong><br /></p>
<p>Dès les premières pages de <em>Presse et pouvoir</em>, Philippe Reinhard nous démontre que rien n’a vraiment changé en France depuis <em>La Gazette</em> fondée par Théophraste Renaudot en 1631. Encore aujourd’hui, le Président de la République nomme le président des chaînes publiques ou exige le licenciement d’un journaliste tel Alain Genestar. L’ancien directeur de <em>Paris Match</em> a été viré pour avoir déplu à Nicolas Sarkozy le « frère » d’Arnaud Lagardère (propriétaire de <em>Paris Match</em>). Dans un autre domaine, les écoutes téléphoniques récentes d'un journaliste du <em>Monde</em> par la DCRI et l’Élysée et moins récentes comme celles de Édwy Plénel par La cellule de l’Élysée sous François Mitterrand montre la méfiance du pouvoir envers les journalistes.<br /></p>
<p>Pourtant, on ne peut pas reprocher aux journalistes français de trop enquêter sur le pouvoir, car ce n’est pas dans la tradition journalistique française que de révéler les comportements des politiques. Ils ont plus l’habitude de garder pour eux les petits secrets de la République telle « Mazarine » sous Mitterrand ou un « Mazarin » sous un autre Président de la République ou encore l’épisode dit du laitier sous Giscard d’Estaing. <br /></p>
<p>Les sentiments d’attraction-répulsions sont remarquablement exploités. Ainsi, Charles De Gaulle avait tout compris du pouvoir de la télévision, mais refusait d’y entendre la moindre critique. Sauf celles d’Hubert Beuve-Méry, alors directeur du <em>Monde</em>, étaient vaguement tolérées par le locataire de l’Élysée pour la seule raison qu’elles étaient bien écrites... François Mitterrand se méfiait des journalistes comme de la peste et ira jusqu’à les rendre responsables de la mort de Pierre Bérégovoy. Jacques Chirac était nul à la télévision, mais les propriétaires de groupes presses ou de télévision comme Hersant, Bouygues, Lagardère ou Dassault ont toujours été des fidèles de l’ancien Maire de Paris. Quant à Sarkozy, il aime la télé comme une tribune à lui mais jamais contre lui.<br /></p>
<p>La vie privée des journalistes et des politiques est aussi entremêlée. En effet, contrairement aux Américains et aux Suédois, les journalistes français ne sont astreints à aucune déontologie particulière dans leur relation avec les politiques. C’est ainsi que l’on trouve nombre de couples journaliste-politique tels que Christine Ockrent-Bernard Kouchner, Béatrice Schönberg-Jean-Louis Borloo et plus récemment Valérie Trierweiler-François Hollande et d’Audrey Pulvar-Arnaud Montebourg.<br /></p>
<p>L’américanisation galopante de la société française a aussi des incidences sur la relation des politiques et des journalistes. Les hommes politiques ne peuvent plus cacher leurs vies privées et l’exploitent à des fins électorales. Et les journalistes ne peuvent pas faire comme si la « peopolisation » des politiques n’était pas la bienvenue pour augmenter les ventes de leurs magazines. Ainsi, pendant que les journalistes sont en quête du « scoop » du prénom de l’enfant du couple Sarkozy ils ne parlent pas ou beaucoup moins de Sarkozy « l’éleveur de chômeur » (1). En clair, on fait des paillettes avant les sujets graves. Les journalistes français ont-ils rejoint Jean-Pierre Pernaut ou Jean-Pierre Pernaut était-il en avance sur les journalistes français... ?<br /></p>
<p><em>La Gazette</em> de Théophraste Renaudot parlait déjà des potins de la Cour pour distraire le bon peuple. 380 ans plus tard, ça n’a toujours pas changé... Et Philippe Reinhard le démontre dans cet essai remarquablement documenté et sans langue de bois. <em>Presse et pouvoir un divorce impossible</em> servira de grille de lecture à de nombreux évènements journalistico-politiques.<br />
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<p>(1) Nicolas Canteloup.<br /></p>
<p><em>Presse et pouvoir, un divorce impossible</em><br />
Philippe Reinhard<br />
First éditions, mars 2011.<br /></p> La valse des ombresurn:md5:cdebe101e4e7d1dc5cd90c5522f74d572018-11-28T22:16:00+01:00lalettrePolarsFirstPeter de Jonge
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.La_valse_des_ombres_m.jpg" alt="La_valse_des_ombres.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La_valse_des_ombres.jpg, juil. 2009" /><strong>Découvrez Peter de Jonge, un auteur américain de thriller au parcours atypique, journaliste professionnel ayant notamment signé des articles pour le "New York Times Magazine" il est entré dans le monde de la littérature par la petite porte en co-signant trois thrillers avec James PATTERSON entre 1996 et 2006 sans que l'on connaisse bien la nature de cette collaboration. Seul indice tangible et compréhensible, son patronyme imprimé en quatre fois plus petit sur la couverture que celui de son illustre cosignataire</strong>.<br /></p>
<p>En 2008 il publie <em>Shadow still remain</em> qui vient de sortir aux éditions FIRST en traduction française sous le titre "La valse des ombres". Dans le flot continu des thrillers estivaux, celui-ci n'apporte aucune nouveauté notoire, mais brasse intelligemment les codes du genre. Une inspectrice célibataire, irlandaise et alcoolique, flanquée d'un coéquipier arménien attachant et docile, enquêtent sur le meurtre d'une jeune étudiante brillante sortie du ruisseau au parcours impeccable en surface.<br /></p>
<p>Fausses pistes, chausse-trappes et ambiances léchées servies par des dialogues au cordeau assurent l'essentiel de l'intrigue. De Jonge réussit presque à retrouver le souffle du regretté Ed Mc Bain en faisant du quotidien poisseux de flics ordinaires dans une ville (New York) chatoyante et envoutante un vrai ressort de son aventure. On ne regrettera que l'usage, quasi maniaque chez les auteurs américains, du <em>modus operandi</em> extraordinaire qui ne se justifiait pas ici. Savent-ils que l'on peut simplement trucider quelqu'un d'un simple coup de revolver comme dans un bon vieux Chandler ?....<br /></p>
<p>Peter de Jong<br />
"La valse des ombres"<br />
First Editions<br />
2009.<br /></p>