La lettre du Libraire - Mot-clé - Points Seuil
2024-03-19T02:44:43+01:00
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Dotclear
L'Espion qui aimait les livres
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2024-03-12T09:04:00+01:00
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Polars
John le CarréPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.L_espion_qui_aimait_les_livres_m.jpg" alt="L'espion qui aimait les livres.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="L'espion qui aimait les livres.jpeg, mar. 2024" /><strong>Publié post-mortem, mais conservé dans un tiroir depuis 2013, car John le Carré en disait trop sur le Service - comme l'explique le fils de John le Carré dans la postface - <em>l'Espion qui aimait les livres</em> est un testament aux accents crépusculaires dans lequel les hommes et les femmes, les carrières, une époque, et une certaine façon de servir le Service sont broyés par une machine parfaitement huilée, innarrêtable.</strong></p>
<p>Le traitre est toujours fidèle à son poste, fidèle à la cause qu'il défend pardessus le Service, dans le dos du Service, contre le Service et les dégâts collatéraux (comme disait le porte-parole de l'Otan en 1999) demeurent l'étincelle qui déclenche la trahison. C'est avec un sourire aux lèvres que l'on dévore <em>l'Espion qui aimait les livres</em>, que l'on se réjouit de l'ironie de John Le Carré, son sens de la formule, tous les talents du maître de l'espionnage, sont présents dans ce dernier roman.<br />
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<p><em>L'Espion qui aimait les livres</em><br />
John le Carré<br />
Points<br />
Traduit de l'anglais par Isabelle Perrin<br />
240p., 8,30€<br />
1er mars 2024<br /></p>
Crossroads
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2024-01-06T12:21:00+01:00
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Littérature
Jonathan FranzenPoints SeuilRENTRÉE 2023
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Crossroads__poche__m.jpg" alt="Crossroads (poche).jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Crossroads (poche).jpeg, sept. 2023" /><strong><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/RENTR%C3%89E%202023">RENTRÉE 2023</a></strong> <strong>Jonathan Franzen n'en a pas fini de régler ses comptes avec la famille américaine. Après <em>Les Corrections</em> (<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?post/Palmar%C3%A8s-du-National-Book-Award">National Book Award 2001</a>), voici <em>Crossroads</em> et la famille Hildebrandt qu'il va étriller.</strong></p>
<p>Le père Russ, pasteur privé d'autorité et coupable permanent, son épouse Marion soumise depuis 25ans et qui se sent pousser des ailes, Perry, brillant sujet et manipulateur hors pair très attiré par la drogue, Becky la plus jolie fille du lycée qui rencontre Dieu et l'amour, Clem le cadet, gentil et attentionné, sur le départ pour le Viet-Nam, et enfin, le jeune Judson, trop jeune pour comprendre tout ça.</p>
<p>Chacun ne pense plus qu'à lui, Russ et ses pulsions pour ses paroissiennes, Marion qui perd ses kilos pour retrouver son amour de jeunesse, ils fuient à leur manière le présent et surtout ne voient venir aucune des catastrophes concernant leurs enfants. Ils ne se connaissent plus, leurs chemins ne se croisent plus, Dieu, l'amour, la drogue, le sexe sont leurs seules balises. Perry, Becky et Clem foncent vers le futur alors que leurs parents foncent vers le passé.</p>
<p>Jonathan Franzen décrit brillamment une époque ou l'absence de communication immédiate permet à chacun de réfléchir - le temps d'un voyage en bus, d'une mission chez les Navajos - et pourtant de prendre des décisions qui vont les projeter droit dans le mur. Dieu est partout et nulle part, dans la tentation comme dans la compassion.</p>
<p>C'est intelligent, brillant, Jonathan Frenzen est revenu à son plus haut niveau, celui des <em>Corrections</em>, pour notre plus grand plaisir !</p>
<p><em>Crossroads</em><br />
Jonathan Franzen<br />
Points<br />
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Olivier Deparis<br />
792p., 12,50€<br />
22 septembre 2023<br /></p>
Les veilleurs
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2022-12-05T10:41:00+01:00
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Littérature
Les VeilleursPoints SeuilVincent Message
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Les_veilleurs_poche_m.jpg" alt="Les_veilleurs_poche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Les_veilleurs_poche.jpg, juin 2012" /><strong>Vincent Message nous offre un premier roman d’une ambition considérable</strong>.<br /></p>
<p>Tout d’abord un roman français où les vicissitudes de l’auteur avec sa maîtresse ou son amant n’apparaissent nulle part est à signaler. Ensuite, parce qu’il y a une véritable histoire déportée dans le temps et dans l’espace (attention, aucun cyborg à l’horizon) qui force notre imaginaire mais aussi notre folie. Notre imaginaire, car il faut attendre l’extrême fin pour saisir la personnalité de Nexus – rien à voir avec Henry Miller – auteur d’un triple meurtre en pleine rue dont il n’a ni le souvenir des faits ni celui de sa motivation.<br /></p>
<p>C’est pourquoi l’exploration de ses rêves est confiée à un psychiatre et à un commissaire afin de trouver la solution de l’énigme. Le tandem l’emmène dans une maison d’architecte en pleine montagne qui ressemble plus au château de <em>Shining</em> qu’à un relais pour skieurs débonnaires. Le duo déploie ses talents d’analyste et d’enquêteur pour traduire ses rêves et comprendre ce geste de folie. La folie, l’idée que la société se fait des fous est au coeur de ce roman.<br /></p>
<p>Il faut encourager les jeunes auteurs français à construire des histoires un peu folles, à avoir une imagination foisonnante qui nous fait penser à Salman Rushdie – la maîtrise de la construction en moins, quand même. <em>Les Veilleurs</em> est à n’en pas douter la première oeuvre d’un futur grand de la littérature française. Puissent les comptables de son éditeur le laissent en paix pendant encore un ou deux romans... le temps que son talent mûrisse.<br />
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<p><em>Les veilleurs</em><br />
Vincent Message<br />
Points Seuil<br />
Septembre 2010.<br /></p>
Les occasions manquées
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2022-10-23T18:36:00+02:00
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Littérature
Lucy FrickePoints SeuilRENTRÉE 2022
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Les_occasions_manquees_poche_m.jpg" alt="Les occasions manquées poche.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Les occasions manquées poche.jpeg, oct. 2022" /><strong><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/RENTR%C3%89E%202022">RENTRÉE 2022</a></strong> <strong>Voyage vers la mort ou la vie ? <em>Les occasions manquées</em> est un road-movie émouvant pour deux femmes un peu pommées dans leurs propres vies confrontées à l'euthanasie programmée de son père pour Martha et au souvenir très vivant d'Ernesto pour Betty.</strong><br />
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<p><em>Certains voyages ne toléraient aucune compagnie, ils se déroulaient dans des zones si reculées en nous qu'on pouvait s'estimer content de s'y rencontrer soi-même</em>.</p>
<p>Martha demande à sa copine Betty de l'accompagner pour le dernier voyage de son père qui a réservé une euthanasie en Suisse. De Hambourg à la Suisse, aucune surprise n'est prévue, un aller simple pour Kurt et un retour dans la journée pour les filles. Mais un voyage vers la mort ne se déroule jamais comme prévu car la vie finit toujours par s'en mêler. Fuir la mort de Kurt pour Martha ? Fuir la mort de Ernesto pour Betty ? Elle s'embarquent alors pour un voyage de souvenirs et de douleurs entre Hambourg, la Suisse, l'Italie et la Grèce.</p>
<p><em>Les occasions manquées</em> est un texte émouvant sur les morts et leurs souvenirs, les sentiments qu'ils provoquent en nous, la force qu'ils transmettent en nous quittant, une ode à la vie, à la mort, liées pour toujours par tous, pour toutes les générations.</p>
<p><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?post/Prix-Medicis-2021-les-premi%C3%A8res-s%C3%A9lections">Première sélection du Médicis romans étrangers 2021</a><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/Prix-Femina-2021-les-deuxièmes-sélections">Deuxième sélection du Femina romans étrangers 2021</a><br /></p>
<p><em>Les occasions manquées</em><br />
Lucy Fricke<br />
Traduit de l’allemand par Isabelle Liber<br />
Points<br />
240p., 8,40€<br />
21 octobre 2022</p>
Mur Méditerranée
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2022-10-21T23:15:00+02:00
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Littérature
Louis-Philippe DalembertPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Mur_Mediterranee_poche_s.jpg" alt="Mur Méditerranée poche.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mur Méditerranée poche.jpeg, oct. 2022" /><strong>"Le pire n'a pas de fond". C'est ainsi que Chochana, une des héroïnes, décrit l'enfer dans lequel elle a emmené son petit frère Ariel et ses amis Ezechiel, Nathan et Rachel. Elle aurait préféré Israël comme destination naturelle mais le Grand Rabinnat de Jérusalem refuse leur judéité car sans preuve. Alors, ce sera la forteresse Europe et un périple insoutenable.</strong><br />
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<p><em>Mur Méditerranée</em> c'est la description minutieuse de la détermination innébranlable de Semhar l'Érythréenne, Dima la Syrienne et Chochana la Nigérianne à quitter leur pays, leurs familles, leurs amis. Minutieusement réfléchi, financé petit à petit au cours de long mois ou d'années de privation, ils partent avec le cœur lourd et la certitude que c'est mieux ailleurs. Leurs périples seront épouvantables car il faudra payer, payer, payer en billets, de son corps, de sa dignité.<br />
Même dans ce cauchemar, il y a une hiérarchie sociale et financière. Sur le chalutier, c'est comme sur le Titanic, il y a plusieurs "classes" : ceux qui ont le moins payé sont au fond de la cale, les moins pauvres sur le pont et les plus riches dans les deux cabines avec matelas en mousse. Mais la peur au ventre, c'est pour tout le monde à chaque fois que le navire menace de se renverser dans le creux des vagues.</p>
<p><strong><em>Comme des dizaines de milliers d'autres avant eux, ils éteignirent la lumière, fermèrent la porte et s'en allèrent</em>.</strong><br />
<br /></p>
<p>Émouvant, révoltant, déchirant, <em>Mur Méditerranée</em> est un long cri d'humanité pour ces migrants et un réquisitoire contre ceux qui construisent des murs. Puissent les jurés du Goncourt récompenser ce livre majeur consacré à un phénomène qui ne fait que commencer.</p>
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Louis_Philippe_Dalembert_OlivierDion_2_m.jpg" alt="Louis Philippe Dalembert©OlivierDion 2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Louis Philippe Dalembert©OlivierDion 2.jpg, juil. 2019" />
<em>Mer Méditerranée</em><br />
Louis-Philippe Dalembert<br />
Points<br />
336 pages, 7,50€<br />
13 août 2020<br />
Crédit photo : ©OlivierDion<br />
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<p>Publié le 18 septembre 2019</p>
Défaite des maîtres et possesseurs
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2022-03-16T10:17:00+01:00
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Littérature
Points SeuilVincent Message
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Defaite_des_maitres_et_possesseurs__poche__m.jpg" alt="Défaite des maîtres et possesseurs (poche).jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Défaite des maîtres et possesseurs (poche).jpg, janv. 2022" /><strong>Vous en aviez rêvé, cauchemardé ? Vincent Message l'a écrit. Les hommes ont été domptés par une civilisation inconnue.</strong><br />
<br />
Une espèce extraterrestre a dompté les humains. D'abord en les sauvant d'une extermination certaine, ensuite en les exploitant comme humains de compagnie, humains de travail, enfin, en les nourrissant comme du bétail dans des fermes d'élevage, d'engraissage et d'abattage. En effet, la chair humaine est savoureuse et présentées sur les tables les plus réputées.<br /></p>
<p>Le pire est ainsi arrivé : les humains sont dominés par plus puissant qu'eux, mieux organisés qu'eux et - si, c'est possible - plus impitoyable qu'eux. Les humains ne sont plus les maîtres et les possesseurs. Ils sont devenus les esclaves de nouveaux Maîtres. Mais la petite histoire se mêle souvent à la grande : un jeune haut fonctionnaire sans histoire tombe amoureux d'une humaine. Il doit trouver une identité et des papiers à Iris sinon elle mourra et lui ira en prison. Autour d'eux, au-dessus d'eux, une administration impitoyable. Vincent Message s'appuie sur ce postulat effrayant pour jongler avec les sentiments amoureux qui lient son personnage (un nouveau maître) à une humaine de compagnie (on s'attache vite avec ces petites bêtes...).<br /></p>
<p>Cette fable troublante et parfois profondément dérangeante est portée par un style subtile et intelligent. "Défaite des maîtres et possesseurs" est de la même veine que <a href="http://www.lalettredulibraire.com/Les-veilleurs">"Les Veilleurs" le premier roman de Vincent Message</a> : une imagination extraordinaire faite de SF, de roman gore, de films d'horreurs et d'un soupçon de Hitchcock pour les rendez-vous clandestins sous les ponts. À découvrir absolument !</p>
<p><em>Défaite des maîtres et possesseurs</em><br />
Vincent Message<br />
Points Seuil<br />
240p., 7,30<br />
Janvier 2022<br /></p>
<p><strong><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?post/Palmar%C3%A8s-du-prix-Orange-du-livre">Prix Orange du livre 2016</a></strong><br />
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Avant les diamants
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2021-08-16T11:10:00+02:00
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Polars
Dominique MaisonsPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Avant_les_diamants__poche__m.jpg" alt="Avant les diamants (poche).jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Avant les diamants (poche).jpg, août 2021" /><strong><em>Avant les diamants</em> est l'histoire de l'étroite collaboration entre Hollywood, l'Armée et la Mafia pour imposer sur les écrans et dans la tête des spectateurs du monde entier l<em>'American way of life</em>, le sens de la justice et de la police à l'Américaine sur les cinq continents. Autre défi majeur pour ce trio : la lutte contre le communisme grâce à la commission McCarthy et aux nombreuses dénonciations de célébrités à propos d'autres célébrités.</strong> <br />
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Los Angeles, 1953, l'Armée fait refiler 2 millions de dollars par la mafia à un producteur (sans scrupules) afin de monter des films favorables à l'Armée par l'entremise d'un prêtre un peu trop proche de ses ouailles. Ils sont tous réunis autours du pognons : Mafieux (sans scrupules), patrons de studios ((sans scrupules), prêtre (sans scrupules), viendront vite se greffer sur le grisby des policiers (sans scrupules) et le FBI (sans scrupules). Tous les coups sont autorisés et tous le monde va se lâcher : meurtres, intimidation, enlèvement, viol. Comme le dit si bien un mafieux "C'est triste, mais on ne peut plus faire confiance à personne à Los Angeles".</p>
<p><em>Avant les diamants</em> est un très bon roman noir - l'ombre immense de James Ellroy plane sur l'esprit du roman - qui part à fond et qui accélère jusqu'au clash final. Dominique Maisons a réussi a lui dérober un ou deux rayons de soleil et à illuminer son roman de son propre talent.</p>
<p><em>Avant les diamants</em><br />
Dominique Maisons<br />
Points<br />
552p., 8,80€<br />
12 août 2021<br />
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Cannibales
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2019-11-11T21:19:00+01:00
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Littérature
Points SeuilRégis Jauffret
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Cannibales__points__m.jpg" alt="Cannibales (points).jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cannibales (points).jpg, nov. 2019" /><strong>C'est jubilatoire, cynique, drôle et parfaitement immoral ! Si vous voulez échapper à la littérature bobo, <em>Cannibales</em> est pour vous !</strong></p>
<p>C'est la correspondance entre Jeanne la mère de Geoffrey - un architecte quinquagénaire sans intérêt - et Noémie, l'ex petite amie de 24ans de Geoffrey. Il les a déçu toutes les deux. Tant, que les deux femmes vont progressivement se rapprocher pour construire le projet diabolique d'assassiner Geoffrey - que ni l'une ni l'autre ne veulent voir vivre un jour de plus - mais, en plus, de se goinfrer de ses muscles, biceps, dorsaux et autres morceaux savoureux qu'elles sauront parfaitement braiser, rôtir et griller !</p>
<p>Régis Jauffret s'amuse beaucoup avec ses deux femmes que rien ne semble arrêter dans leur projet. Il s'amuse avec des correspondances qui s'égarent, n'arrivent pas et troublent autant qu'elles énervent l'expéditrice et la destinataire. Chacune imagine, brode sur du papier envolé, perdu, mal distribué. Ici, pas de "forward", une lettre postée et jamais arrivée restera à tout jamais une énigme.</p>
<p>Régis Jauffret s'est fait plaisir avec "Cannibales" tout autant qu'il réjouit ses lecteurs. Et si en plus, s'il obtient un prix (ce qui est fort probable) il aura tout gagner cette année.</p>
<p><em>Cannibales</em><br />
Régis Jauffret<br />
Points Seuil<br />
Août 2017</p>
Terminus radieux
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2019-02-02T13:08:00+01:00
lalettre
Littérature
Antoine VolodinePoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Terminus_radieux_poche_s.jpg" alt="Terminus_radieux_poche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Terminus_radieux_poche.jpg, sept. 2015" /></p>
<p><strong>Cent mille ans de solitude. Le dernier roman de Volodine offre une vision envoûtante, post apocalyptique et chamanique de la Deuxième Union Soviétique. Cartésiens s’abstenir.</strong><br />
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Quittant une voie ferrée, Kronauer arrive à Levanidovo, portant sur son dos une des trois filles de Solovïeï, Samiya Schmidt, rencontrée dans la forêt alors qu’il allait chercher du secours pour ses amis Vassilissa Marachvilli et Iliouchenko. Vagabond perdu dans une odyssée hors du temps, Kronauer va tenter de poursuivre une existence qui n’a plus de sens. Avancer, continuer, ne pas réfléchir. C’est ce que font les personnages de ce roman, qui errent tous mi-vivants mi-morts, mourants ou immortels, à la recherche d’un avenir qui n’existe pas, ou d’un passé qui n’existe plus dans ce no-man’s land où la société et la famille n’existent plus non plus.<br />
<br /></p>
<p><em>Terminus radieux</em> est un roman étonnant et brillamment réussi : c’est une épopée sans héros et perdue d’avance, qui n’a ni début ni fin, dans un univers qu’Enki Billal et Gabriel Garcia Marquez ne renieraient pas. Volodine poursuit son exploration du bardo, l’état intermédiaire semblable au rêve que les bouddhistes situent entre deux renaissances, qu’il avait entamé en 2005 (<em>Bardo or not Bardo</em>). <br />
<br />
L’écriture est magique et entraînante : difficile de sortir de ce roman de 600 pages, qui se lit pourtant tellement vite - grâce à la fragmentation du récit, certainement - et grâce à ces personnages de femmes filles nées de mères inconnues, de chamane soviétique fou et incestueux qui tente de « ravoir » les morts pour les faire travailler, ou de Mémé Oudgoul qui parle à une pile atomique. Difficile de ne pas se laisser embarquer dans ce <em>Terminus Radieux</em>. Un roman carcéral pour ceux qui ont envie d’évasion.<br /></p>
<p><em>Terminus radieux</em><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Antoine%20Volodine">Antoine Volodine</a><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Points%20Seuil">Points Seuil</a><br />
576 pages, 8,60€<br />
Paru le 20/08/2015<br /></p>
<p>Article publié le 5 septembre 2015<br /></p>
Cher Amour
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2019-02-02T12:57:00+01:00
lalettre
Littérature
Bernard GiraudeauPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/Cher_amour_poche.gif" alt="Cher_amour_poche.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cher_amour_poche.gif, mai 2010" /><strong>Des neiges éternelles aux forêts tropicales du Cambodge en passant par la force tranquille de la <em>Jeanne D’Arc</em>, Bernard Giraudeau nous étouffe de son talent de conteur.</strong><br /></p>
<p>Car il faut en avoir du talent pour nous faire croire à ce qui n’a pas existé, à ces histoires sans fin qu’il termine quand même et auxquelles on a envie de croire. Bernard Giraudeau nous prive d’oxygène dans la Cordillière des Andes, au milieu des neiges immaculées ou sommeillent des massacres d’Indiens par les Espagnols, à moins que ce ne soit l’inverse.<br /></p>
<p>Bernard Giraudeau est un voyageur, un voyeur aussi, avec un œil et surtout un cœur. Il écrit ce qu’il voit, ou ce qu’il devine. Il décrit aussi ce qu’il aimerait ne pas voir. Parfaitement conscient du privilège d’être né Français, <em>Yankee</em> comme on l’appelle sur tous les continents, il garde un œil ouvert sur la planète des miséreux. Là, les enfants vivent dans les poubelles, ici les très jeunes filles sont offertes pour quelques dollars, là cet homme digne et gentil à l’infini est le dernier rescapé d'une famille anéantie par le boucher Pol Pot. Par l’An Zéro. Rescapé du néant.<br /></p>
<p><em>Cher amour</em> est à embrasser la nuit. On voit mieux les montagnes et les fleuves. On entend plus distinctement les rires s’envoler et les larmes tomber. Si certains avaient encore un doute sur le talent d’écrivain de Bernard Giraudeau -<em>encore un acteur qui se prend pour un écrivain</em>- le camouflet est pour eux, le gant est jeté. On sort de ce roman ivre d’odeurs puissantes et d’images fortes et avec une seule idée : prendre un billet pour le prochain tour du monde avec Bernard Giraudeau.<br /></p>
<p><em>Cher amour</em><br />
Bernard Giraudeau<br />
Points Seuil<br />
Mai 2010.</p>
La route
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2019-02-02T12:48:00+01:00
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Littérature
Cormac McCarthyPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.La_routepoche_s.jpg" alt="La_routepoche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La_routepoche.jpg, oct. 2011" /><strong>L'Humanité est détruite. Les États-Unis aussi. Plus de passé, plus de mémoire, plus d'avenir.</strong><br /></p>
<p>Des hordes de barbares règnent sur ce qui reste. Quant au présent des deux survivants -un homme et un petit garçon- il est suspendu au souffle du vent sur leur maigre feu. Aux bourrasques de neige sur leurs corps décharnés, aux restes que les morts leurs ont laissé. Un roman époustouflant, puissant et d'une rare lucidité sur ce que pourrait redevenir l'humanité si elle s'auto-détruisait demain.<br /></p>
<p><em>La route</em> <br />
Cormac McCarthy<br />
Points Seuil, mai 2009.</p>
Chanson sans paroles
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2019-02-02T12:43:00+01:00
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Littérature
Ann PackerPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/Chansons_sans_parolespoche.jpg" alt="Chansons_sans_parolespoche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chansons_sans_parolespoche.jpg, oct. 2011" /><strong>Liz et Sarabeth sont amies pour la vie depuis l’enfance. Depuis que Sarabeth s’est réfugiée chez sa voisine après avoir découvert le corps de sa mère suicidée</strong>.<br /></p>
<p>Elles ont partagé leurs bonheurs et leurs déceptions au gré de moments de complicité et de fous rires partagés. Liz s’est mariée et a deux enfants, Sarabeth collectionne les aventures impossibles. Une amitié exemplaire, jusqu’au jour où Lauren, la fille de Liz fait une tentative de suicide. La détresse de Liz, l’étrange mutisme de Sarabeth, les errances des personnages secondaires, le mystère des relations humaines…<br />
Ann Packer peint des personnages subtils que l’on aimerait rencontrer et qui nous rappellent combien l’amitié est essentielle et fragile.</p>
<p><em>Chanson sans paroles</em><br />
Ann Packer<br />
Points Seuil<br />
Juin 2010.</p>
Le pingouin
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2019-01-31T22:32:00+01:00
lalettre
Littérature
Points Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_pingouin_poche_s.jpg" alt="Le_pingouin_poche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_pingouin_poche.jpg, mar. 2010" /><strong>Pourquoi avoir une copine quand on peut la remplacer par un pingouin ?</strong><br /></p>
<p>Enfin, plus exactement, Victor Zolotarev s’est fait plaquer et, pour avoir un peu de compagnie a acheté un pingouin au zoo de Kiev. Celui-ci, en pleine déroute, ne peut plus nourrir ses animaux, a préféré les vendre à des particuliers. C’est sur cette situation burlesque et inédite que débutent les aventures de Zolotarev, écrivain et journaliste, dans l’ancienne Union Soviétique. Zolotarev et Micha –son pingouin donc, essaye de ne pas dépérir quand survient une étrange requête : Zolotarev devra écrire, contre une somme rondelette, des nécrologies d’hommes ou de femmes encore en vie. La rémunération lui fait vite oublier la morale. Surtout quand ses sujets se mettent à tomber comme des mouches les uns après les autres, souvent de mort violente !<br /></p>
<p>Avec ce roman drôle, sarcastique et noir l’ancien gardien de prison Andreî Kourkov nous fait vivre les déboires de la nouvelle vie au quotidien des ex-soviétiques. Ce roman, qui a fait de lui le seul romancier à vivre de sa plume en Ukraine, vous fera jubiler et rire. Tout ce qu’il faut pour la plage !<br />
<br /></p>
<p><em>Le Pingouin</em><br />
Andreî Kourkov<br />
Points Seuil, 2001.<br />
Traduit du Russe.</p>
Le Crépuscule des superhéros
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2019-01-31T22:32:00+01:00
lalettre
Littérature
Deborah EisenbergPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_Crepuscule_des_superherospoche_s.jpg" alt="Le_Crepuscule_des_superherospoche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_Crepuscule_des_superherospoche.jpg, oct. 2011" /><strong>A travers six récits, apparemment indépendants les uns des autres mais en réalité magistralement orchestrés, la grande novelliste américaine new-yorkaise devrait-on dire tant cette ville a de poids dans son écriture) questionne l’après 11 septembre sans avoir l’air d’y toucher.</strong> <br />
Ce traumatisme laissé dans l’inconscient de chaque américain oblige à poser la question de ce qu’a été le 20è siècle et ce que pourrait être le 21è. Chaque nouvelle se recentre sur l’essentiel avec un équilibre parfaitement dosé entre sentiments et dialogues complexes (travaillés et réfléchis). Au sommet de son art, Deborah Eisenberg en use parfaitement pour peindre ce portrait de la société NY et annoncer la fin d’un cycle, dans ces textes écrits entre 2001 et 2005 et dont on saisit aujourd’hui toute l’actualité.<br />
<br />
<br /></p>
<p><em>Le crépuscule des superhéros</em><br />
Deborah Eisenberg<br />
Points Seuil, août 2011.</p>
Le monde à l'endroit
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2019-01-31T19:35:00+01:00
lalettre
Littérature
Points SeuilRENTRÉE 2013Ron Rash
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Le_monde_a_l__endroit_s.jpg" alt="Le_monde_a_l__endroit.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le_monde_a_l__endroit.gif, sept. 2013" /><strong><a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/RENTR%C3%89E%202013">RENTRÉE 2013</a></strong> Ron Rash décortique avec plaisir et tendresse la déliquescence d’un adolescent qui voit les portes de la vie se refermer les unes après les autres. Une vie familiale sclérosée par un père autoritaire, un parcours scolaire déplorable, un marché du travail limité au supermarché et aux plants de tabac du paternel…<br /></p>
<p>Travis décide de prendre son avenir entre ses mains. Pourquoi travailler dans un supermarché à remplir les sacs de provisions des vieilles dames dans un bled paumé au fin fond des Etats-Unis lorsque l’on peut se faire un max de blé en fauchant des plants de cannabis d’un vieux planteur de tabac du coin ? Il n’hésite pas une seconde devant une telle opportunité, d’autant plus qu’elle lui permettra de fuir son père et de rencontrer son père spirituel pour mieux affronter l’avenir, les <img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Ron_Rash___Mark_Haskett_s.jpg" alt="Ron_Rash___Mark_Haskett.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ron_Rash___Mark_Haskett.jpg, août 2012" />femmes, les responsabilités.<br /></p>
<p>Pour cela Travis devra renverser des montagnes pour se construire un avenir et s’arracher à une vie tracée par des siècles de misère sociale.
Ron Rash rend hommage à la poésie des grands espaces, à la musique des ruisseaux et au silence des truites pour rendre encore plus criante les injustices et les frustrations auxquelles est confronté Travis ainsi qu’à la loi d’airain de l’Amérique : le chacun pour soi.<br />
<br /></p>
<p><em>Le monde à l’endroit</em><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Ron%20Rash">Ron Rash</a><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Points%20Seuil">Points Seuil</a><br />
312p. Septembre 2013<br /></p>
<p><strong>Crédit photo: Mark Haskett</strong></p>
Des vents contraires
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2019-01-31T19:34:00+01:00
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Littérature
Olivier AdamPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Des_vents_contrairespoches_s.jpg" alt="Des_vents_contrairespoches.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Des_vents_contrairespoches.jpg, mar. 2010" />Noir ? Lumineux ? Que dire de ce roman de la disparition, qui dit si magnifiquement la perte, l’égarement, le vertige ? <br />
L’histoire d’une mère de famille mystérieusement disparue… A-t-elle quitté sans un mot son mari et leurs 2 enfants ? Lui est-il arrivé quelque chose ? Ce n’est pas tellement l’important ici.
Pas d’obscénité ni de complaisance dans la douleur, mais au contraire, et presque étrangement, le texte est lumineux. L’amour immense et un peu maladroit d’un père pour ses enfants est sans doute ce qui tend ce roman et le transperce.<br />
S’il est un habitué des romans de l’absence, Olivier Adam trouve tout particulièrement ici un ton juste, ni trop sentimental, ni trop analytique. Il ne décortique pas la douleur, il sonde l’âme et semble porter à bout de bras ses personnages, comme son héros lui-même tente de survivre pour et par ses enfants, à coups de boissons plus ou moins fortes (pas très politiquement correct d’ailleurs, ce héros qui boit toutes les 3 pages… on adôoore).<br />
Il s’agit d’un tout : l’histoire, les personnages, mais aussi l’écriture. Régulièrement, des bribes de phrases sans ponctuation rythment la lente asphyxie qui menace la famille.
Notre coup de cœur!<br /><br />
<br /></p>
<p><em>Des vents contraires</em><br />
Olivier Adam<br />
Points Seuil, janvier 2010.</p>
Professeur d'abstinence
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2019-01-31T19:34:00+01:00
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Littérature
Points SeuilTom Perrotta
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Professeur_d__abstinencepoche_s.jpg" alt="Professeur_d__abstinencepoche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Professeur_d__abstinencepoche.jpg, oct. 2011" />Un professeur d'éducation sexuelle peut-il (enfin elle dans ce cas-là) se laisser aller à une conversation avec ses élèves et expliquer que la fellation "certains y prennent plaisir"? Et bien pas vraiment dans la petite communauté de Stonewood Heights où les traditionalistes semblent reprendre le pouvoir des mentalités : puritanisme et hypocrisie en premier plan ! A travers les portraits croisés des protagonistes de l'"affaire", Tom Perrotta griffe un joli portrait des moeurs contemporaines d'une Amérique toujours pleine de contradictions ! Drôle et décapant mais terriblement inquiétant aussi !<br />
<br /><br />
<br /></p>
<p><em>Professeur d'abstinence</em><br />
Tom Perotta<br />
Points Seuil, avril 2009.</p>
Les réputations
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2019-01-31T18:23:00+01:00
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Littérature
Juan Gabriel VasquezPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Les_reputations_poche_s.jpg" alt="Les_reputations_poche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Les_reputations_poche.jpg, sept. 2015" /><strong>Il ne manque que quelques notes du <em>Concierto de Aranjuez</em> (version Miles Davis) pour un plaisir définitif à la lecture de ce roman.</strong><br />
<br />
<strong>Juan Gabriel Vasquez connait les qualités et les défauts de son peuple et de sa ville : Bogota. Il les décrit avec passion, amour et lucidité, voire dépit lorsqu'il s'agit de leurs défauts.</strong><br /></p>
<p><strong>La réputation d'un caricaturiste, d'un homme politique douteux, d'une enfant, d'une femme d'une épouse, d'un directeur de journal sont en jeu sous sa plume. Peut-on détruire une réputation avec une simple caricature ? Un coup de crayon ? Est-ce que les non-dits, les suggestions d'un trait de plume ont-ils plus de pouvoir qu'un article argumenté, réfléchit ?</strong><br /></p>
<p><strong>C'est l'histoire de Javier Mallarino, grand caricaturiste politique au faîte de sa gloire. Irréprochable contempteur des défauts de la classe politique colombienne, hérault des petits et des cireurs de chaussures. La rencontre avec une jeune femme va le bouleverser. A-t-il commis un "mauvais" dessin ? Un dessin injuste et pousser au suicide un homme politique ?</strong><br /></p>
<p><strong>Dans un pays passionné par la corrida, on aime que le sang coule : celui du taureau comme celui du torero. Dans <em>Les réputations</em>, Juan Gabriel Vasquez joue de la <em>muleta</em> avec ses lecteurs comme avec ses personnages. <em>Les réputations</em> est un superbe roman qui confirme le style maîtrisé de Juan Gabriel Vasquez</strong>.</p>
<p><em>Les Réputations</em><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Juan%20Gabriel%20Vasquez">Juan Gabriel Vasquez</a><br />
<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/Points%20Seuil">Points Seuil</a><br />
192 pages, 6,5€<br />
À paraître le 24/09/2015<br /></p>
<p><strong>Article publié le 5 septembre 2015</strong><br /></p>
Le Quai de Ouistreham
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2018-12-21T23:03:00+01:00
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Histoire-Essais
Florence AubenasPoints Seuil
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.quai_de_ouistream_poche_s.jpg" alt="quai_de_ouistream_poche.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="quai_de_ouistream_poche.jpg, sept. 2011" /><strong>Florence Aubenas a publié aux éditions de <a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/l%20Olivier">l'Olivier</a> <em>Le Quai de Ouistreham</em> (1). Un livre dont on a beaucoup parlé parce qu'elle a côtoyé pendant six mois les Français les plus touchés par la crise. Ceux qui ont le Smic pour vivre, voire beaucoup moins. Ceux qui n'ont aucun réseau pour trouver du travail ou pour le conserver.</strong><br /></p>
<p>Ils sont des millions en France, à Caen ou ailleurs, et la frontière qui les sépare de ceux qui ont un vrai boulot - à la pizzeria du coin ou comme agent de recrutement dans une agence d'intérim - est de plus en plus poreuse. Le constat est cruel et d'autant plus dérangeant qu'il est écrit avec une plume que Raymond Carver aurait aimée, c'est-à-dire dépourvue de toute emphase, de toute envolée lyrique. Décrire ce qu'elle constate suffit à Florence Aubenas pour nous livrer un document exceptionnel. Une enquête comme celle-ci, on n'en a pas lue dans <em>Libé</em> ou le <em>Nouvel Obs</em> depuis des années. Parler des pauvres, quelle idée !<br /></p>
<p>Le petit Larousse donne la définition suivante du mot précaire :<em> Qui n'a rien de stable, d'assuré : incertain</em>. Florence Aubenas décrit la précarité de tous les jours, la précarité du travail ou le CDI est un rêve inaccessible, les 35 heures aussi. Où il faut prendre un boulot le matin très tôt et un autre le soir très tard pour réunir suffisamment d'argent pour tout simplement se vêtir - de vêtements d'occasion - se nourrir - une à deux fois par jour - et se chauffer, mais pas trop, pas plus de 15° dans l'appartement sinon la facture ne pourra être payée et donc l'électricité coupée.<br /></p>
<p>C'est dans cet état d'esprit que des millions de Français se lèvent très tôt pour chercher du boulot à Pôle Emploi où ils entendent en boucle <em>vous avez des droits et des devoirs, vous pouvez être radié</em>. Ambiance…<br /></p>
<p>Ce document est d'autant plus fort qu'à aucun moment, le gouvernement d'aujourd'hui ou d'hier n'est pointé du doigt, aucun politique n'est accusé. Cependant, comme disait Victor Hugo, <em>être contesté, c'est être constaté</em>. Florence Aubenas ne conteste aucun politique mais elle constate que la misère et la pauvreté s'étendent de plus en plus dans la France du XXIe siècle. <em>Le Quai de Ouistreham</em> vaut tout les rapports de toutes les commissions de tous les gouvernements d'hier et d'aujourd'hui sur la pauvreté en France. Indispensable.<br />
<br />
(1) Février 2010.</p>
<p><em>Le Quai de Ouistreham</em><br />
Florence Aubenas<br />
Points Seuil<br />
Septembre 2011.<br /></p>
Philby portrait de l’espion en jeune homme
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2018-12-21T23:01:00+01:00
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Histoire-Essais
Points SeuilRENTRÉE 2012Robert Littell
<p><img src="http://www.lalettredulibraire.com/public/.Philby_poche_m.jpg" alt="Philby_poche.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Philby_poche.gif, avr. 2013" /><strong>Il y a du Graham Greene (1) chez Robert Littell. Cette façon de faire passer les espions professionnels pour des buses alors que Kim Philby l’amateur, Kim Philby le peureux les fait tous trembler est un régal pour les yeux.</strong><br /></p>
<p>Finalement, Littell a raison, le Grand Jeu porte bien son nom. Seuls les joueurs, ceux qui n’ont pas peur de perdre y trouvent leur compte. À l’inverse, les professionnels - la Tchéka soviétique, le SIS britannique puis la CIA américaine - qui croient tout contrôler, tout maîtriser, tout anticiper, sont condamnés à subir l’échec et l’humiliation.<br /></p>
<p>Philby, Burgess, <a href="http://www.lalettredulibraire.com/index.php?post/2009/09/24/Gentleman-espion-les-doubles-vies-d-Anthony-Blunt">Blunt</a> ou McLean étaient de brillants sujets de Sa Majesté. Trop brillants pour s’engoncer dans le quotidien de la Grande-Bretagne des années 20-30, fût-ce dans une carrière assurée au SIS, au Foreign Office ou encore dans un fauteuil en cuir du<em> White club</em>. L’ennui - plus que l’idéologie - les a sans doute poussé vers l’espionnage au profit de l’URSS.<br />
<br /></p>
<p>Ainsi, Kim Philby s’ennuie au Moyen-Orient dans les bagages de son père. Puis Philby s’ennuie à Vienne avec les communistes, à Madrid avec Franco et ses phalangistes, à Londres comme espion, espion double ou espion triple.... allez savoir. Ses seuls soucis sont ses maux d’estomac soulagés par ses fameuses pastilles Arm&Hammer et son père peut-être... Qui lui donne des maux d’estomac, d’ailleurs....<br /></p>
<p>Robert Littell nous avait ébloui avec « La Compagnie » (2), une fresque sur près de cinquante ans d’espionnage. Avec <em>Philby portrait de l’espion en jeune homme</em> il réussit le même tour de force autour d’un seul personnage, emblématique du monde de l’espionnage du XXe siècle : complètement flou dans sa tête, dans ses gestes, dans sa vie. Même s’il y est écrit « roman » sur la couverture, laissez-vous manipuler par Robert Littell, c’est un plaisir renouvelé à chaque page.<br /></p>
<p><em>Philby portrait de l’espion en jeune homme</em><br />
Robert Littell<br />
Points seuil<br />
288 p.7€<br />
4 octobre 2012.<br />
<br /></p>
<p>(1) Lire absolument <em>Notre espion à La Havane</em>, Graham Greene,<a href="http://www.lalettredulibraire.com/?tag/10-18"> 10/18</a>.<br />
<em>La Compagnie, le roman de la CIA</em>, Robert Littell, Buchet-Chastel (2003) ou Points Seuil (rééd. 2011).<br /></p>