dead_boys.jpgRaymond Carver (1) a un petit-fils spirituel, il s’appelle Richard Lange. Déjà encensé par la critique outre-atlantique, il débarque en France dans la meilleure collection qui soit pour un recueil de nouvelles américaines : Terres d’Amérique chez Albin Michel, dirigée par Francis Geffard, l’amoureux fou des grands espaces, des plaines couvertes de neiges (2) et des pommés de L.A..

Chez Richard Lange, ils sont plus que pommés et largués par la société. Ils courent à côté d’elle où la laissent partir loin devant eux. Ils se noient un peu plus chaque jour, buttant contre un liner imaginaire qui leur laisse voir le ciel mais les prive d’oxygène un peu plus à chaque mouvement.

Il y a le braqueur de banques, qui souhaite juste atteindre le rêve américain c’est-à-dire un quatre-pièces Kaufman & Broad et une voiture correcte mais qui aura peur toute sa vie de chaque voiture de police. Quant à Perdu de vu, une nouvelle étouffante, ou un homme découvre en pleine période de Noël qu’il a un frère, une vraie bille de billard électrique plutôt, qui va faire exploser son couple en mille morceaux.

Ca aide d’avoir un copain dans la place, mais je n’en avais pas dit l’un de ces Dead Boys, garçons morts ou presque... En tout cas fin prêt pour le grand bond au fond du trou. Pas de copains, pas d’amis, pas de réseau ou de carnets d’adresse, pas d’argent... Que des problèmes à venir, aucun avenir, chaque nouvelle est plus sombre que la précédente, Richard Lange les déshabille les uns après les autres pour montrer leur désespoir, cet oxygène acide qui les ronge et les étouffe, les tue à petit feu.

Dead Boys
Richard Lange
éd. Albin Michel
Coll. Terres d’Amérique, 2009.

(1) lire absolument Raymond Carver Les Vitamines du bonheurs lgf, 2005 pour la dernière édition poche.
(2) Lire James Galvin Prairie éd. Albin Michel, Coll. Terres d’Amérique, 2001. 2004 pour l’édition de poche. Une ode magique à la nature, à la neige et au silence.