logo.gifL'année 2011 sera une année Gallimard, une de plus diront certaines mauvaises langues, sauf que 2011 correspond au centenaire de la fondation de la maison Gallimard. il faudra faire le bilan des années Antoine Gallimard, que nous surnommons affectueusement l'Empereur à lalettredulibraire.com, pour mieux évoquer l'avenir. En effet, Antoine est non seulement président de Gallimard et du S.N.E. - depuis 2010 - mais il a fait condamner en justice l'agent littéraire américain surnommé "le chacal" ainsi que la firme Google. Excusez du peu ! La puissance de la maison Gallimard s'est un peu plus montrée que d'habitude en 2010.

Il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a quinze ans le petit monde de l'édition bruissait de rumeurs sur l'effondrement, le rachat, le dépeçage de la maison Gallimard. Les querelles intestines, les pactes d'actionnaires familiaux rompus, des concurrents flairant le sang du lion blessé assombrissaient considérablement son avenir. A l'époque, la question était de savoir qui allait manger Gallimard ? En 2011, la question est de savoir qui Gallimard va manger ?

Car en quinze ans, la famille Gallimard a resserré les rangs et dispersé la concurrence façon puzzle. En effet, si Harry Potter et le secteur jeunesse ont beaucoup fait pour les finances, la qualité des publications sur le long terme y ont aussi fait beaucoup. « Toute la question est de savoir si une entreprise commerciale peut vivre en n'éditant que des ouvrages excellents de forme et de fond. » (Claudel à Gide, 2 juin 1910, source : gallimard.fr). Depuis un siècle la famille et l'entreprise répondent un oui franc et massif.

Si l'Empereur dirige la plus prestigieuse maison d'édition française indépendante, la plus puissance et la plus riche, il lui faudra résoudre dans les années qui viennent un certain nombre de dossiers délicats. Le premier concerne sa succession - il aura 64 ans en 2011. Le deuxième concerne le numérique et le passage d'un lectorat fortement attaché au papier à la première génération tout clavier. Et enfin, la chute dans le domaine public d'une partie non-négligeable du fond Gallimard. Cependant, la nrf peut compter sur la fidélité de ses auteurs maison. En effet, la star chez Gallimard c'est Gallimard et son sigle nrf. Les auteurs passent la Blanche reste et mis à part quelques ego surdimensionnés qui ont réclamé beaucoup d'argent après un succès, les autres savent passer sous les fourches de la nrf sans trop réclamer. En effet, à l'exception de François Mauriac, futur prix Nobel, quel romancier refuserait d'être publié dans la Blanche ?

Au début était le papier puis vint le commerce, demain sera numérique. Gallimard a toujours su s'adapter aux nouveautés. Le deuxième siècle Gallimard commence.

Édito publié le 29 décembre 2010.