Quelle femme avouera que maternité n’est pas forcément égale à félicité ? Elif Shalaf l’a fait et son ouvrage, brillant et intelligent, est bien plus qu’une chronique de la grossesse et de ses affres.
Bien sûr, il est question des fluctuations de l’âme, de l’immense sentiment de solitude et de cet état dépressif qui peut accompagner une naissance. Mais c’est aussi et surtout une réflexion sur le combat que les femmes de New York, Istanbul ou Paris n’ont pas fini de mener : maternité et vie professionnelle, maternité et création artistique, maternité et indépendance ...
Elif Shalaf donne la parole à des sortes « génies » féminins qui sont autant des aspects de sa personnalité (de celle de n’importe quelle femme à vrai dire) : qui de Miss Ambition, Miss Satin Volupté ou de Maman Gâteau doit l’emporter dans ce combat intérieur ? Et d’ailleurs, quelqu’un doit-il l’emporter ? Elif Shalaf illustre sa réflexion par les exemples de personnalités telles que Virginia Woolf, Zelda Fitzgerald, Doris Lessing ou d’inconnues qui, si elles n’avaient été femmes, auraient pu connaître un brillant destin de créateur.
On évitera de vouloir trancher entre roman et autobiographie et, au risque de décevoir l’auteur, qui en introduction précise : « ce livre a été écrit pour être oublié sitôt lu », on en nourrira sa propre réflexion sur la féminité.
Lait noir
Elif Shafak%%
10/18, septembre 2010.
Traduit du Turc.