Tenebre__prenez-moi_par_la_main.jpgCe livre est comme un couloir sombre au bout duquel une porte ouverte, à la lumière jaune attire par son odeur nauséabonde. Plus vous vous en approchez, plus vous ouvrez votre esprit au mal et aux maux de tous les jours. Combien de fois allez-vous vous dire non, ce n'est pas possible. Car Dennis Lehane y a mis toutes les âmes, la sienne, celles de ses deux héros, Pat et Angie, la vôtre. En tout cas, le mal est partout, suintant à chaque page, de plus en plus, et les ténèbres - le mot est juste- ne sont pas loin.

Bien plus touffu que le très prometteur Un dernier verre avant la guerre (1), Lehane va plus loin dans la psychologie de ses personnages, dans la dénonciation de la société américaine et son fameux travers, la violence, celle qui est autant dans la rue que dans la cuisine et la chambre des enfants. Il ne faut pas avoir de repères pour lire ce roman. Amnésiques des maux s'abstenir, aveugles du passé détounez votre regard de ces lignes, elles vous brûleront l'âme après la rétine.

Les ténèbres, sont à côté de nous pour longtemps, sans que nous le sachions, ou pire, tout en le sachant. Car les ténèbres ne sont pas forcément une grotte rougeoyante avec des flammes et des cris de douleurs, ce sont aussi ceux qui sont à nos côtés.

Ténèbres, prenez-moi la main
Dennis Lehane
Rivages
Rivages Noir, mars 2002
498p., 9.50 €.