N_oubliez_pas_que_je_joue_.jpgDans le monde de la mode tout le monde est beau. Même dans la maladie, la mort ou l'oubli. Versace et ses deux balles dans le buffet, toujours blond, sourire éclatant et barbe de trois jours. Yves Saint-Laurent, mi-enfant mi-dieu, immortalisé par Jeanloup Sieff en 1971. Sonia Rykiel, toujours rousse et flamboyante, légère et insouciante. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu'elle tremble déjà sous les coups de crayons de Andy Warhol?

Parkinson est passé par là. C'est son nouveau moi à son corps défendant. Nathalie, sa fille, est aussi la nouvelle présidente de son entreprise, à son esprit défendant aussi. Quinze ans que ce P. de P. ce "putain de Parkinson" comme elle l'a surnommé, lui pourrit la vie, l'empêche de la mener comme l'a toujours fait, avec insouciance et légèreté. Sonia Rykiel espérait poursuivre sa vie dans l'insouciance où elle a baigné, dans sa vérité, sa réalité à elle. La reine du tricot l'a survolée pendant cinquante ans. Elle aimerait faire de même avec P. de P...

Nous vendons du mensonge et du rêve pourrait être le résumé de ce court récit d'entretiens, de confidences à peine esquissées, de souffles de vie, où les souvenirs sont caressés pour mieux les immortaliser. Quant à la réalité vraie, la réalité dure...Il y a des milliers de choses que je ne pourrais pas te raconter dit-elle à Judith Perrignon qui recueille ses confidences. Elle aimerait l'aider, la prendre par la main, mais elle la garde au fond de sa poche sauf pour recevoir un bouquet de fleur des mains de sa petite-fille. Elle la garde fermée, comme sa mémoire aux mauvais souvenirs qu'elle ne veut pas ouvrir pour mieux les oublier.

N’oubliez pas que je joue
Sonia Rykiel et Judith Perrignon
L' Iconoclaste, avril 2012
127 pages.