Les_exploits_d__un_jeune_don_juan.gifL'éditeur et le traducteur d'un roman érotique d'Apollinaire seront relaxés s'ils ne commettent pas d'autre crime pendant trois ans. Bigre ! La Turquie d'Erdogan continue de poursuivre les amateurs de liberté, en l'occurrence éditoriale. En effet, l'éditeur Irfan Sanci et le traducteur Ismail Yerguz sont poursuivis pour la publication des "Exploits d'un jeune Don Juan" de Guillaume Apollinaire (128 pages en Folio). Le recueil de nouvelles étant considéré comme "sexuellement offensante".

Or, l'affaire dure depuis 2009. En effet, les deux hommes ont été relaxés en 2010 mais la Cour Suprème a annulé ce verdict. Les juges ont décidés, du haut de leurs compétences littéraires et éditoriales, n'avait "aucune valeur artistique ou littéraire" et tombait donc sous le coup de la loi turque qui punit la propagation des écrits obscènes, à l'exception des ouvrages scientifiques et littéraires.

"Des affaires comme celle-là créent une atmosphère d'intimidation", a estimé une responsable de l'Association internationale des éditeurs (AIE), Ola Wallin. On ne saurait dire moins…

Déjà, en 1999, la justice turque avait condamné un autre éditeur turc qui avait publié une autre oeuvre érotique d'Apollinaire, "les onze milles verges", et ordonné la destruction des exemplaires déjà imprimés. Si un livre érotique français du début du XXe siècle pose problème dans la Turquie d'aujourd'hui, on ose imaginer le sort réservé aux publications sur le pouvoir en place en général et sur Monsieur Erdogan en particulier.




Article publié le 18 décembre 2013
(Source AFP)