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LITTÉRATURE FRANÇAISE
20 août 2014

Faux nègres de Thierry Beinstingel
FAux_negres.jpg Lors de la dernière présidentielle, c’est dans un petit village de l’est de la France qu’un parti d’extrême droite réalise son meilleur score. Des journalistes sont dépêchés pour se pencher sur le phénomène. Parmi eux, Pierre, de retour en France après avoir passé vingt ans au Moyen-Orient, coupé du pays natal depuis trop longtemps pour manier un discours de circonstances. Accompagné d’un preneur de son aveugle, il écoute les habitants du village éluder ses questions, parler d’invasions qu’ils n’ont pas subies, se rappeler avec douleur la guerre d’Algérie ou évoquer une pierre préhistorique enfouie sous les fondations de l’église. Chacun réinvente une histoire différente, mais les protagonistes ignorent encore qu’un drame va les réunir.

Lauréat du prix Eugène-Dabit du roman populiste et du prix Jean-Amila-Meckert, Thierry Beinstingel est passé maître dans l’art de débusquer la manière dont la pensée dominante s’insinue dans le langage courant, que ce soit celui de l’entreprise ou, ici, de la politique, et de lui opposer une parole libre, autonome, dont les écrivains sont les derniers garants.

Parle-moi_du_sous-sol.jpgParle-moi du sous-sol de Clotilde Coquet (Premier roman)

''C’est au sous-sol d’un grand magasin chic de Paris, prisé des acteurs en vue et des ténors de la politique. Est-ce pour ajouter au standing de l’endroit que le personnel compte de plus en plus d’étudiants brillants qui n’en finissent pas de démarrer dans la vie ? La narratrice n’en est pas à son premier emploi précaire. Elle arrive là protégée par les adjectifs « alimentaire » et « provisoire », munie du guide pratique Encaisser sans problème distribué pendant la formation, et refuse de croire au déclassement''.
Au niveau – 1, parmi les figurines du rayon jouets, elle se découvre invisible aux yeux de ceux qui règlent leurs achats de luxe avec des coupures aux montants faramineux qu’elle pensait réservées au Monopoly. Et si une belle cliente de son âge lui tend par erreur sa carte vitale au lieu de son American Express, surtout ne pas ironiser sur la Sécurité sociale qui ne rembourse pas les achats de Noël. Chacun sa place. Il faut abandonner ce sentiment d’appartenir à la même génération montante.

Clotilde Coquet est née en 1977. Elle a travaillé en librairie avant de devenir pigiste. Parle-moi du sous-sol est son premier roman.


Visible la nuit de Frank Maubert
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Momo a vingt ans. Il enchaîne les petits boulots et s’intéresse à l’art. Un jour, par l’entremise de deux de ses amis, Pamela et Jean-Marc, il rencontre Robert Malaval dans une galerie. Coup de foudre amical. L’artiste, qui a connu un succès fulgurant au début des années 1960 avec l’Aliment blanc, a deux fois son âge. Au milieu des années 1970, il est délaissé par le milieu de la critique parisien et par les marchands, mais ne s’est jamais montré aussi créatif, il invente des techniques pour composer des oeuvres glam-rock flamboyantes. Momo va accompagner Robert dans sa course vertigineuse de vie et de mort. Jusqu’à la veille de son suicide, en août 1980.


Né en 1955, Franck Maubert vit entre Paris et la Touraine. Écrivain, auteur de romans (Est-ce bien la nuit ?, Stock, 2002), de nombreux livres d’art (Maeght, une aventure de l’art vivant, avec Y. et I. Maeght, La Martinière, 2006) et d’un livre d’entretiens avec Francis Bacon (L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux, Mille et une nuits, 2009), traduit en plusieurs langues, il a reçu le prix Renaudot Essai pour Le Dernier Modèle (Fayard, 2012).



1er septembre 2014
Morteparole de Jean Védrine, 264pages.
Morteparole.jpgDe son enfance aux Bourbons, Giovan, le héros de L’Italie la nuit et de La Belle Étoile, n’a gardé qu’un seul ami, Paul. Aujourd’hui, tous deux ont les cheveux gris et Paul, prétextant un mystérieux hommage qui lui serait rendu, invite Giovan à être témoin de son moment de gloire. Fils d’ouvrier, Paul n’a jamais cru aux mots de la Révolution qui ont fini par entraîner Giovan dans l’Italie de ses pères. Il ne vénérait que les mots des poèmes que lui expliquaient les maîtresses d’école, les phrases tracées au tableau qui disent la beauté du monde. Parce qu’il n’y avait rien de plus noble à ses yeux que de servir cette cause, il est devenu poète et professeur, s’est engagé dans la grisaille d’une carrière dont il espère, aujourd’hui, la reconnaissance. Giovan l’anarchiste se moque bien de cette réussite : des années aux côtés de Paul, il revoit les jeux violents, les amours partagées, l’apparition fulgurante de Dora dans leur vie. Mais, lors de cette assemblée grotesque dans un vieux lycée parisien, il découvre aussi, par effraction, l’institution scolaire. Il y entend la parole morte, technique de la vente et du commerce, celle qui s’est emparée du monde depuis une génération et que des gradés pédagogues imposent à des professeurs écrasés. Il en est révolté : et si l’école était devenue l’ennemie glacée de la parole libre ? Si elle trahissait la promesse des mots de l’enfance ? Si Paul, en renonçant volontairement à sa langue, allait maintenant perdre sa seule richesse, l’amour fou, Dionysos ivre d’être vivant ?

Né en 1955 à Montluçon, dans le Bourbonnais, Jean Védrines a publié cinq romans, salués pour leur créativité langagière.



3 septembre 2014
Je t’emmènerai danser chez Lavorel de Dominique Fabre (Poésie)
Je_t__emmenerais_danser_chez_Lavorel.jpg J’ai entendu parler du dancing de Lavorel, je devais avoir dix ans. Ça fait pas mal de temps que je veux y aller, du coup. Une nuit d’automne, j’ai rêvé que j’y retrouvais tout le monde, tous les gens que j’ai connus depuis mon enfance. Ils étaient encore tous là pour moi. Je suis allé chez Lavorel avec elle, les lui présenter. Bien sûr nous avons dansé, mais, surtout, ils m’ont parlé, j’ai dû noter tout cela. Nous nous serons beaucoup aimés, dans la vie. Je t’emmènerai danser chez Lavorel parle de cet amour-là.

__Dominique Fabre est romancier, poète et nouvelliste. Salués par la presse française, plusieurs de ses livres ont été traduits et très bien accueillis à l’étranger. Son nouveau roman, Photos volées, paraît aux éditions de L’Olivier le 21 août 2014.__

(Les résumés sont de l'éditeur)