RENTRÉE 2017 Port Harcourt, Nigeria, 1995, les années de dictature. Dans la famille Utu, tout se passe bien : le père avocat, la mère professeur d'université et leurs 3 enfants mènent une vie la plus normale possible. Mais un soir, Paul, leur fils aîné, ne rentre pas. Commence alors une vie d'attente et d'angoisse, malgré les efforts des parents pour rassurer les plus jeunes et se convaincre à tout prix que Paul reviendra. Mais la rébellion populaire est réprimée chaque jour dans le sang.
Quelque soit la période (car il raconte aussi la rencontre des parents, puis "des années plus tard", quand sera enfin révélée l'horrible vérité), on sent tout au long du livre une tension, comme une menace, un danger latent qui finira par les rattraper. Mais c'est aussi l'histoire intime d'une famille, à travers un portrait à la fois tendre et douloureux. Ce roman, à la fois lyrique et politique, avec un suspense bien construit, interroge le monde, sa violence et sa beauté, ces vies d'amour et de souffrance. Dans un style subtil et convaincant, l'auteur sait suggérer (sans besoin de décrire durant des pages la torture et le sang) l'atmosphère oppressante d'un état policier.
Avec ce texte noir et poétique, Jowhor Ile nous offre un magistral premier roman, doublé d'une critique lucide du régime politique nigérian de ces années-là.
Avenue Yakubu, des années plus tard
Johor Ile
traduit du Nigérian par Catherine Richard
Christian Bourgois
304p. 20€
Septembre 2017