Journal d'un parfumeur.jpgLa menthe et la lavande sont les deux couleurs principales de la couverture. La menthe car c’est le parfum qui attire le plus Jean-Claude Ellena et la lavande parce qu'elle lui rappelle Cabris, le village ou il compose ses parfums. Jean-Claude Ellena est un équilibriste qui jongle avec des parfums, un peu de chimie et beaucoup de doutes.

Il doute des services marketings et commerciaux qui veulent des parfums plus simples à vendre, les fameux « unisexes », un seul composant, une seule campagne de pub, une seule usine, etc.. Il doute du sexe des parfums. Ainsi « Shalimar » est féminin à Paris mais porté par des hommes en Inde. Le parfum a le sexe que l’on veut bien lui donner précise-t-il. Il doute aussi du « renouvellement olfactif de la palette des parfumeurs » étouffée sous les coups de l’industrie du parfums à laquelle il oppose la « haute parfumerie ».

Ces doutes viennent-ils de sa foi en la beauté des femmes, des parfums et du monde en général ? En effet, quelques tomates sur un marché italien ou des arbres en fleurs au Japon en passant par Hong-Kong - qui veut dire « le port aux parfums » - ou quelques pois de senteurs chez le fleuriste à deux pas de son bureau, tout lui inspire beauté et sérénité. Une sérénité communicative qui n’est pas incompatible avec les doutes qui l’assaillent en permanence. Bien au contraire, car l’artisan Jean-Claude Ellena sait ce qu’il veut même s’il lui doit refaire ses compositions dix fois, cent fois ou mille fois.

Ce n’est pas un hasard non plus si le "Nez" de la maison Hermès, dont il est le parfumeur exclusif depuis 2004, aime à se définir comme à un compositeur de parfum : toucher à une note et tout le parfum s’écroule. Cette sérénité que l’on retrouve dans son « sentiment du temps » à se détacher du monde pour mieux créer.

Journal d’un parfumeur est le livre d’un artisan fier de son métier angoissé par le présent mais persuadé que la beauté l’emportera toujours sur la vulgarité.

Journal d’un parfumeur
Jean-Claude Ellena
Sabine Wespieser
Mai 2011, 159p., 17€.

Article publié le 24 juillet 2011.