"Entre sentir ce qu’il faut donner et donner à sentir, j’essaye de construire une pensée". Et en effet, Jean-Claude Ellena construit patiemment sa réflexion sur le monde du parfum. Déjà, dans Journal d’un parfumeur le nez exclusif de Hermès évoquait de façon à peine voilée sa réticence avec les nouvelles techniques des marchands de parfums : marketing, étude de marché, mondialisation de la clientèle, tests par les commerciaux, changements de personnels trop rapide.
Dans La Note verte - le premier roman de Jean-Claude Ellena – le parfumeur Claude Neal est viré par son nouveau patron alors qu’il a presque livré le dernier parfum de la maison Robert Gallot pour laquelle il travaille depuis vingt ans. Il est remplacé par un jeune loup aux dents longues qui a intégré les exigences des temps nouveaux et la soumission nécessaire pour plaire à son nouveau patron Philippe Mazuret. Des Mazuret, aujourd’hui, il y en a partout. Ils vendent du parfum, hier des lessives, demain des jeux vidéo. Seul le profit compte. Les hommes ne sont que des ressources à épuiser.
Claude Neal est un parfumeur à l’ancienne, un peu comme son créateur. Il aime prendre son temps, respirer, rencontrer les hommes et les femmes qui participent à l’élaboration du parfum, à sa promotion, sa réussite. Un parfum est une affaire d’homme, de nez, d’humanité, d’esprit et d’essences bien sur.
Même si Jean-Claude Ellena n’égratigne personne dans ce monde du parfum qu’il connaît parfaitement, il sait peser au milligramme ses compliments et ses reproches pour un univers qui, décidemment, va trop vite. Pour son personnage bien sur…
En même temps qu’un polar, La Note verte et une réflexion subtile sur le monde du parfum et plus particulièrement sur la place de l’homme dans la création.
La note verte
Jean-Claude Ellena
Sabine Wespieser
2 mai 2013
136p. 16€.
Article publié le 28 avril 2013.