RENTRÉE 2017 Est-ce un roman, une biographie, un récit d'analyse, un essai ? Sans doute un peu des quatre. En effet, Renato Cisneros essaye de nous parler de son père - Luis Cisneros Vizquerra (1926-1995) - qui fut un des hommes de fer de la politique péruvienne de la seconde moitié du XXe siècle. Et, par ailleurs, un grand ami de Augusto Pinochet (le dictateur chilien installé par Kissinger et la CIA) et de Jorge Videla (le cerveau et chef de la junte militaire argentine entre 1976 et 1983).
Le portrait du père est triple : celui d'un général qui, sans aucun doute, décida de la disparition de nombreux opposants au régime qu'il servait, en second, un homme épris de littérature et de poésie (son père était poète et son fils Renato le sera aussi), enfin, un homme qui ne profita pas de sa position de ministre pour se remplir les poches contrairement à nombre de ses confrères.
Renato Cisneros tente de garder de la distance avec ce personnage aussi intransigeant avec ses ennemis qu'avec les membres de sa famille. Né d'une psychanalyse, ce livre échappe parfois à son auteur qui parle un peu trop de lui, au début et à la fin, mais son ambition est tellement énorme et complexe qu'on ne peut pas lui en tenir grief. À notre époque ou il est de bon ton de voir tout en noir ou tout en blanc, il est utile de lire et de faire lire La distance qui nous sépare afin d'apprécier l'immense humilité avec laquelle Renato Cisneros a tenté de garder les yeux ouverts pour comprendre qui était son père Luis Cisneros Visquera.
La Distance qui nous sépare
Renato Cisneros
traduit du Péruvien par Serge Mestre
Christian Bourgois
320 pages, 23€
Septembre 2017