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RENTRÉE 2018
casa.indd Le 22 août 2018
LITTÉRATURE FRANÇAISE
In Koli Jean Bofane
La Belle de Casa
LE RÉSUMÉ :
Un matin, dans un quartier populaire de Casablanca, le corps sans vie de la belle Ichrak est retrouvé au pied d’un escalier. Sese était le premier sur les lieux ; en courant informer le commissaire Mokhtar Daoudi de cet assassinat, il est devenu le suspect numéro un, bien qu’il clame son innocence. Mais qui pouvait en vouloir à Ichrak ? Elle agaçait beaucoup de monde, à vrai dire, cette impertinente aux courbes sublimes qui ne se laissait ni manipuler ni séduire. Qui plus est fille de la vieille Al Majnouna, la folle, la sorcière, et de père inconnu. Tous la convoitaient autant qu’ils la redoutaient : le commissaire Daoudi au premier chef, cette crapule de Nordine Guerrouj, le trop empressé Cherkaoui et même son épouse, la terrible Farida Azzouz. De là à la tuer... Ou peut-être Ichrak faisait-elle trop confiance à ses amis – Sese lui-même, jeune Congolais débarqué comme clandestin à Casa quelques mois plus tôt, ou bien le Sénégalais Dramé et ses potes de squat, tous émigrés subsahariens ?
Avec ce nouveau roman, In Koli Jean Bofane réconcilie Maghrébins et Subsahariens dans un même constat : l’Afrique est en marche, elle égale les autres continents ou, pour le dire autrement, ne vaut pas mieux qu’eux. Là comme ailleurs, les petites gens subissent la corruption des puissants et les magouilles immobilières. Là comme ailleurs, certains traitent de façon indigne les réfugiés politiques ou économiques et on se méfie de qui semble différent. Là comme ailleurs, les femmes doivent ruser ou se battre pour échapper à la concupiscence et à la brutalité masculines.
Par son talent de conteur, son art du dialogue et des portraits, son humour mordant et sa vision acérée, In Koli Jean Bofane parvient à rendre distrayante et palpitante une réalité contemporaine tout à fait désespérante.

L'AUTEUR : In Koli Jean Bofane est né en 1954 à Mbandaka (RDC) et vit à Bruxelles. Il a publié ses deux romans chez Actes Sud : Mathématiques congolaises (2008, prix Jean-Muno, prix de la SCAM, grand prix littéraire d’Afrique noire de l’ADELF ; Babel n° 1054) et Congo Inc., le testament de Bismarck (2014, Prix des cinq continents de la Francophonie, Prix coup de cœur Transfuge/MEET, grand prix du Roman métis, prix littéraire des bibliothèques de la Ville de Bruxelles, prix de l’Algue d’or ; Babel n° 1364).


asonimage.indd Le 22 août 2018
Jérôme Ferrari
À son image
LE RÉSUMÉ :
Par une chaude soirée de juin, Antonia, trente-huit ans, flâne sur le port de Calvi après un samedi passé à magnifier, sous l’objectif de son appa- reil-photo, “le plus beau jour de la vie” d’un jeune couple. C’est là qu’elle croise un groupe de légionnaires parmi lesquels elle reconnaît instantané- ment Dragan, jadis rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Après presque toute une nuit de palabres scellant ces retrouvailles inattendues, la jeune femme décide de prendre le volant pour rentrer chez elle. Une embar- dée entraîne sa voiture dans un précipice, Antonia est tuée sur le coup.
L’office funèbre sera célébré par un prêtre qui n’est autre que l’oncle et par- rain d’Antonia, lequel, dévasté par la douleur, a longtemps hésité avant d’ac- cepter une mission aussi cruelle. Que nul ne compte sur lui pour consacrer son homélie à une évocation séculière et nostalgique de la jeune femme : il s’en tiendra strictement aux règles édictées par la liturgie. Mais comment empêcher que s’invitent les images reconstituant la trajectoire qui a conduit Antonia à se rêver en photographe engagée avant de la jeter, au milieu des années 1980, dans les bras de Pascal, trop séduisant nationaliste enchaînant conférences de presse encagoulées et séjours en prison, puis de la transfor- mer, faute de mieux, en photographe appointée par le quotidien local.
Lasse du doute poignant auquel se résume sa vie, comprenant que le sang coule aussi ailleurs, Antonia succombe à la tentation de s’inventer enfin une vocation et part en ex-Yougoslavie en 1991. Elle rejoint ainsi la fascination paradoxale qui en a conduit tant d’autres, armés de leurs palettes puis de leurs objectifs, sur les territoires de la guerre, cet irreprésentable qui, avec son lot de cadavres qui ne posent plus pour la photo, est pourtant la familière compagne de l’histoire des hommes.
Composant une bande-son où le Dies irae le dispute au fracas des armes et au bruit de l’obturateur, Jérôme Ferrari explore les liens ambigus qu’entretiennent l’image, la photographie, le réel et la mort dans un roman bouleversant d’humanité.

L'AUTEUR : Né à Paris en 1968, Jérôme Ferrari a enseigné en Algérie, en Corse, puis à Abou Dhabi (Émirats arabes unis). Tous ses romans sont disponibles chez Actes Sud, notamment Le Sermon sur la chute de Rome, pour lequel il a obtenu le prix Goncourt en 2012.


Les_nuits_d_Ava.jpg Le 22 août 2018
Thierry Froger
Les Nuits d’Ava
LE RÉSUMÉ :
À Rome en 1958, Ava Gardner tourne La Maja desnuda, biopic du peintre Goya sans grand intérêt, qu’elle doit par contrat à la mgm, et fait la fête pour oublier qu’elle s’ennuie sur le plateau. En marge du tournage, lors d’une de ces soirées trop arrosées qui caractérisent son séjour, la star convainc le timide Giuseppe Rotunno, chef op’ du film (et qui n’est pas encore celui de Fellini) d’improviser une séance photos nocturne où ils tiendraient la promesse trahie du film (La Maja desnuda ne se déshabille jamais) à travers une série de nus... reproduisant des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art. Il en sortira quatre clichés. Dont une reproduction sur pellicule de L’Origine du monde de Gustave Courbet.
Les Nuits d’Ava raconte, sur trois époques, ce long moment de bascule où Ava Gardner affronte l’érosion de sa propre image en s’adonnant à une sorte d’ébriété permanente en forme de fuite (ou d’évaporation). Mais aussi et peut-être d’abord, l’obsession parfois distraite d’un certain Jacques Pierre, photographe amateur contrarié, historien fantasque à ses heures, soudain encombré d’un héritage inattendu : il décide de consacrer cet argent, qui met mal à l’aise le vieux gaucho en lui, à une enquête pour remonter le fil de ce cliché (réel ? mythique ? perdu ?) et à l’élucidation des rumeurs qui l’entourent. Fil qui le conduira sur les traces d’Hemingway, des amis mafieux de Sinatra, mais aussi dans les bras de Fidel Castro – un des nombreux sommets du roman... Une troisième trame remonte le destin du tableau de Courbet, de sa genèse (la commande de Khalil-Bey, le marché passé avec lui) à son dévoilement tardif à Orsay, en passant par le cabinet de Lacan.
D’une drôlerie subtile et d’une intelligence réjouissante, distillant la légère sensation d’ivresse des amitiés naissantes, Les Nuits d’Ava est un roman doux, rond et piquant qui confirme le charme rare et singulier du talent de Thierry Froger.

L'AUTEUR : Thierry Froger a marqué les esprits avec son premier roman, Sauve qui peut (la révolution), à la rentrée 2016, salué par une presse enthousiaste et récompensé par le Prix Envoyé par la Poste. Il y précipitait Godard et Danton dans le tourbillon de l’histoire et des révoltes. En 2014, son recueil de poésie, Retards légendaires de la photographie (Flammarion, 2013) a reçu le prix Henry-Mondor de l’Académie française. Les Nuits d’Ava est son deuxième roman.


Le_Grand_Nord-Ouest.jpg Le 22 août 2018
Anne-Marie Garat
Le Grand Nord-Ouest
LE RÉSUMÉ :
Fin des années 1930. La flamboyante Lorna del Rio quitte précipitamment la plage de Santa Monica et les beaux quartiers d’Hollywood, la petite Jessie sous le bras, et fonce vers le grand Nord-Ouest du Yukon et de l’Alaska, de routes en mer, jusque sur les anciennes pistes indiennes. Son périple croise les légendes de l’épopée de l’or et des trappeurs d’antan, avec pour unique guide une mystérieuse carte folle et ses munitions de première nécessité : son étole de vison, sa trousse à maquillage, son Colt, une fortune volée dans le coffre d’Oswald Campbell, feu l’obèse papa de Jessie ; et surtout une sacoche pleine de vilains secrets. D’où vient-elle, que fuit-elle ? Que cherche l’intrépide pin-up qui a passé sa vie à changer de nom et ment comme elle respire ?
Cette histoire, c’est Jessie qui, quinze ans plus tard, la raconte à Bud Cooper, ou plutôt c’est lui qui écrit ce qu’elle est venue lui raconter dans son mobile home de la banlieue d’Anchorage, un soir d’avril 1954, un récit qu’elle ne lui a demandé ni interdit d’écrire maintenant qu’elle a disparu de sa vue – mais pas de sa vie.
Roman d’aventures, roman des dernières frontières, western nordique, roman d’apprentissage, roman d’amour, roman de la mémoire, des légendes et des mythes amérindiens, Le Grand Nord-Ouest invite également entre ses pages, où plane l’ombre de Jack London, une galerie de figures de fiction, de Heidi à Alice au pays des merveilles, d’Aladin au Petit Poucet, du Chaperon rouge à Peau d’âne, d’Ali-Baba à Popeye ou à Little Orphan Annie. Nourri de récits de la ruée vers l’or, d’ouvrages d’ethnologie amérindienne, ce roman aussi magistral que cinématographique l’est également de cinéma hollywoodien, westerns et films de gangsters, de figures mythiques tels Shirley Temple ou le Charlot du Kid ou de La Ruée vers l’or, d’œuvres telles que King-Kong ou Citizen Kane.

L'AUTEUR : Auteur d’une œuvre littéraire de tout premier plan, Anne-Marie Garat, lauréate du prix Femina pour son roman Aden (Le Seuil) en 1992, a été très remarquée pour sa grande trilogie séculaire inaugurée avec le célèbre roman Dans la main du diable (Actes Sud, 2006 ; Babel n° 840), suivi de L’Enfant des ténèbres (2008 ; Babel n° 1039) et de Pense à demain (2010 ; Babel n° 1090). Derniers titres parus : Programme sensible (2012), La Première Fois (2013 ; collection “Essences”) et La Source (2015 ; Babel n° 1479).


LEVRES_DE_PIERRE.jpg Le 22 août 2018
Nancy Huston
Lèvres de pierre (Nouvelles classes de littérature)
LE RÉSUMÉ :
Lorsque Nancy Huston visite le Cambodge en 2008, elle ne s’attend pas à être touchée par l’étrange majesté de ses temples, la persistance de son empreinte politique même si le sourire de ses habitants, tel un masque protecteur, semble vouloir l’effacer. De retour à Paris, la romancière s’étonne de la puissance avec laquelle la mémoire de ce voyage s’immisce dans son imaginaire, son territoire fictionnel, sa matière de réflexion intellectuelle. Lentement, un livre en elle se profile et bien que, sur place, aucun individu ne se soit détaché des autres, une figure soudain s’impose et deux itinéraires, deux destins lui apparaissent liés.
Arrivée à Paris à l’âge de vingt ans, découvrant le Quartier latin, fréquentant le milieu littéraire et les intellectuels de gauche, Dorrit (Nancy Huston utilise dans ce livre son pseudonyme) s’engage dans les combats marxistes puis féministes. En avril 1975, elle marche avec des milliers de gauchistes et communistes français pour soutenir les Khmers rouges. Que se passe-t-il alors en elle ? Quel est cet aveuglement face à l’un des génocides les plus durs de l’Histoire ?
Ce livre se situe dans ce questionnement-là, comme si ce voyage au Cambodge avait imposé à Nancy Huston un travail de recherche pour elle inédit sur un personnage appartenant pourtant bel et bien à sa propre histoire. Un homme qui, dans les années 1930, affronte la violence des siens puis, après de nombreuses années d’humiliation, leur échappe enfin pour rejoindre Paris où se révèle sa conscience politique dans tout ce qu’elle peut avoir d’extrême. Paris, où se forgera la part de violence de son être, où cet homme qui dans l’enfance se prénommait Sâr deviendra “l’homme nuit” et finalement ce chef de guerre nommé Pol Pot.
Ce livre de lucidité et d’intuitions mêlées, qui fait suite à Bad Girl, laisse au lecteur le troublant sentiment de se tenir au plus près du pouvoir des hasards qui façonnent les chemins de la création et de la destruction, les pages sanglantes de la fiction comme celles de l’Histoire.

L'AUTEUR : Née au Canada, Nancy Huston est l’auteur de nombreux romans et essais publiés chez Actes Sud, parmi lesquels Instruments des ténèbres (1996 ; prix Goncourt des lycéens et prix du Livre Inter ; Babel n° 304), L’Empreinte de l’ange (1998 ; grand prix des Lectrices de Elle ; Babel n° 431), Lignes de faille (2006 ; prix Femina ; Babel n° 841), Danse noire (2013 ; Babel n° 1316), Le Club des miracles relatifs (2016 ; Babel n° 1495) et Bad Girl (2014 ; Babel n° 1379).


LEURS_ENFANTS_APRES_EUX.jpg Le 22 août 2018
Nicolas Mathieu
Leurs enfants après eux
LE RÉSUMÉ :
Août 1992. Une vallée perdue quelque part à l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, ils s’emmerdent comme c’est pas permis. C’est là qu’ils décident de voler un canoë pour aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.
Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du Monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, celle des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées.
Du Picon et des jeans 501, des amoureuses fanées à vingt ans et des dérapages, le Tour de France et Intervilles, la piscine municipale et le rade du coin, ce roman c’est aussi le portrait d’un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la décence et la rage, où presque tout le monde vit et qu’on voudrait oublier.

L'AUTEUR : Nicolas Mathieu est né à Épinal en 1978. Après des études d’histoire et de cinéma, il s’installe à Paris où il exerce toutes sortes d’activités instructives et presque tou- jours mal payées. En 2014, il publie chez Actes Sud Aux animaux la guerre, adapté pour la télévision par Alain Tasma. Aujourd’hui, il vit à Nancy et partage son temps entre l’écriture et le salariat.


Ne_m_appelle_pas_capitaine.jpg Le 22 août 2018
Lyonel Trouillot
Ne m’appelle pas Capitaine
LE RÉSUMÉ :
Quand Aude décide de frapper à la porte de Capitaine pour enquêter sur le Morne Dédé – un quartier de Port-au-Prince en désuétude qui connut ses heures de gloire à l’époque de la dictature lorsqu’il abritait les opposants –, pour restituer la mémoire des lieux et de ses habitants, pour faire le portrait du témoin, elle n’est rien d’autre à ses yeux qu’une nantie, une midinette, une petite Blanche dans sa voiture proprette qui n’a connu que “des souffrances de contes de fées”, l’héritière d’une longue tradition de familles opulentes ayant bâti leur fortune sur le dos des pauvres gens. Argent sale mais sang blanc : pas de mélanges, ou le moins possible.
Elle offre à Capitaine, vieil homme acariâtre figé dans son fauteuil, l’occasion de déchirer le silence, suscitant d’abord ses coups de colère, puis parvenant peu à peu à ressusciter le grand maître d’arts martiaux qu’il avait autrefois été, à l’époque où il s’était battu pour faire vivre son club, un lieu d’apprentissage, une maison de la jeunesse avant la lettre, à l’époque où une mystérieuse élève l’avait ensorcelé et enjoint à servir “la cause”, cette femme dont il était tombé fou amoureux avant de la haïr.
Parce qu’elle a pour elle l’intelligence et la finesse, parce qu’elle sait poser un regard critique sur le milieu protégé dont elle est issue, et peut-être parce qu’à travers son grand frère Maxime, atteint de troubles psychiques, elle porte en elle l’altérité depuis sa naissance, Aude commence à faire sa place dans cet ailleurs. En la personne du vieil homme et de quelques jeunes “échoués”, elle trouve un autre monde, une nouvelle humanité jusqu’alors insoupçonnée et, avec elle, le chemin pour faire de la vie une cause commune.
Chef-d’œuvre de poésie et de sensibilité, véritable accomplissement littéraire, Ne m’appelle pas Capitaine interroge, entre douleur et bonheur, la mémoire, le devoir de révolte, et une certaine idée de l’espoir.

L'AUTEUR : Toute l’œuvre romanesque de Lyonel Trouillot est publiée chez Actes Sud. Derniers ouvrages parus : Kannjawou (2016 ; Babel n° 1562 à paraître en août 2018), Parabole du failli (2013 ; Babel n° 1359) et Le Doux Parfum des jours à venir (“Essences”, 2013), ainsi que, avec Geneviève de Maupéou et Alain Sancerni, Dictionnaire de la rature (“un endroit où aller”, 2015). Il a également dirigé l’Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, parue chez Actes Sud en 2015.


KANAKY.jpg Le 5 septembre 2018
Joseph Andras
Kanaky Sur les traces d’Alphonse Dianou
LE RÉSUMÉ :
Le 22 avril 1988, à deux jours du premier tour des élections présidentielles françaises, une cinquantaine d’indépendantistes kanak surgissent armés dans la gendarmerie de Fayaoué, sur l’atoll d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie). L’occupation, imaginée comme une action d’intimidation censée faire plier l’État français à un moment charnière, tourne au fiasco : des coups de feu partent, quatre gendarmes sont tués. Les indépendantistes prennent les vingt- six autres en otage et se séparent en deux groupes : le premier libérera ses otages trois jours après, le second emmène les quinze siens dans une grotte sacrée du nord de l’île. S’ensuivent dix jours de captivité et de tractations, puis un assaut de militaires, dont un commando GIGN : deux soldats et dix-neuf indépendantistes sur trente-trois meurent, les otages sont vivants.
Parmi les victimes, Alphonse Dianou, vingt-huit ans, musicien, ancien séminariste se destinant à la prêtrise, admirateur de Gandhi... et meneur charismatique du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste). Sorti de la grotte sur un brancard, simplement blessé à la jambe, il est arrivé mort à l’hôpital militaire et un mystère – une omerta ? – entoure les circonstances de son décès. Terroriste ou martyr ? Français ou “barbare” kanak ? Pacifiste ou assassin ? Chrétien ou communiste ? Le personnage – avec ses légendes contradictoires et paradoxales – a longtemps intrigué Joseph Andras, qui est finalement parti en Kanaky sur les traces de cette figure marquante des luttes anticolonialistes du xxe siècle.
Il revient avec un livre qui entend participer au débat alors que s’orga- nise le référendum pour l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie (4 novembre 2018). Le portrait d’un homme complexe et passionnant, mais aussi un journal de voyage, un récit de rencontres et d’échanges, la reconsti- tution documentée d’un épisode sanglant de l’histoire récente, une réflexion sur les vestiges de l’empire français. Le tout avec un style à la fois tranchant et lyrique, un engagement ardent, une curiosité patiente et attentive, qui sont désormais la marque des écrits de Joseph Andras.

L'AUTEUR : Né en 1984, Joseph Andras est l’auteur d’un premier roman très remarqué, De nos frères blessés (Actes Sud, 2016), et d’un texte poétique, S’il ne restait qu’un chien (Actes Sud, 2017).



Le_monarque_des_ombres.jpg LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
Le 29 août 2018
Javier Cercas
Le Monarque des ombres
Roman traduit de l’espagnol par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon
LE RÉSUMÉ :
Manuel Mena, grand-oncle de l’auteur, est une légende familiale parce qu’il est mort jeune et beau pour défendre un idéal. Il a adhéré aux idées de la Phalange et est venu grossir les rangs de l’armée franquiste. La fa- mille, originaire d’un petit village d’Estrémadure, est constituée d’anciens paysans parvenus au fil du temps à louer des terres à de riches notables et à employer à leur tour d’autres paysans. La méprise est totale : ils se prennent pour de nobles patriciens devant voler au secours de l’oligarchie et de l’Église quand ils sont les purs “produits” d’une république fragile qu’ils auraient dû défendre. Manuel Mena est d’ailleurs le premier membre de la famille à accéder à des études supérieures. Quand la roue a tourné et que le temps a fait son œuvre, le héros déchu n’inspire plus que la honte et le déshonneur d’être allé contre l’Histoire en soutenant un coup d’État qui a anéanti la démocratie. Il est l’incarnation du tabou familial, celui qui est probablement à l’origine de tous les romans de Cercas, à commencer par Les Soldats de Salamine.
Comme souvent, l’histoire se double de son “making of”. Quand un Javier Cercas historien s’efforce de reconstruire le passé avec toute l’exac- titude et l’honnêteté qu’on lui connaît, le personnage-narrateur tisse le processus d’écriture et l’ancre dans la fiction.
Au fil des rencontres et des recherches, il apparaît que Manuel avait, vrai- semblablement, compris son erreur, mais en est-il plus excusable ? L’His- toire nous apprend que la raison (politique) est du côté de la république et que Manuel s’est trompé. Mais il avait pour lui une forme de décence : la totale cohérence de la pensée et de l’action. Raconter son histoire, c’est accepter le passé dans toute sa complexité, apprendre à juger sur la noblesse des actes plutôt que sur la nature des causes défendues, pour batailler tou- jours avec la vérité inattendue et universelle du romancier : l’ambiguïté.

L'AUTEUR : Javier Cercas est né en 1962 à Cáceres. Ses romans, traduits dans une trentaine de langues, ont tous connu un large succès international et lui ont valu de nombreux prix. Chez Actes Sud ont paru Les Soldats de Salamine (2002 ; Babel n° 621), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006 ; Babel n° 865), Anatomie d’un instant (2010, prix littéraire international Mondello-Ville de Palerme, prix Jean-Morer ; Babel n° 1166), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014 ; Babel n° 1338), L’Imposteur (2015 ; Babel n° 1485), Le Mobile (2016) et Le Point aveugle (2016).


La_Maison_Golden.jpg Le 29 août 2018
Salman Rushdie
La Maison Golden
Roman traduit de l’anglais par Gérard Meudal
LE RÉSUMÉ :
Le jour de l’investiture de Barack Obama, un énigmatique millionnaire venu d’un lointain Orient, Néron Golden, prend ses quartiers dans le bijou architectural des “Jardins”, une communauté préservée nichée au cœur de Greenwich Village à New York, avec ses trois fils adultes aussi brillants qu’excentriques. Ici, pas de mère ni d’épouse, du moins avant l’arrivée de l’élégante Vasilisa, jeune beauté russe aussi manipulatrice qu’ambitieuse qui séduit le patriarche septuagénaire et devient sa femme au grand dam des trois héritiers.
Parmi les demeures qui ceignent les Jardins se trouve celle de René Unterlinden, un jeune metteur en scène traumatisé par la disparition de ses parents. Quand les Golden emménagent, précédés et suivis de tout un long cortège de mystères, René, qui cherche de longue date sans le trouver le sujet du premier long métrage qu’il rêve de tourner, comprend que de cette arrivée exotique il doit faire son miel et que l’oisive fascination que la famille Golden exerce sur lui doit céder la place à l’action : ces voisins inespérés seront sa muse. Ayant réussi à s’introduire dans l’intimité de la maison Golden, il devient alors le témoin d’existences chaotiques et décentrées, n’ayant plus qu’à caler l’écriture de son scénario sur les événements qui secouent une maisonnée dont il est dorénavant le scribe occulte (voire beaucoup plus, au fil des épisodes...) mais dont bien des secrets lui échappent encore. De l’innocence de René qui apprend à comprendre et s’initie à l’art d’être un homme naît le suspense de ce roman presque réaliste, qui conduit le lecteur de la maison des Golden au dehors, passé, présent et à venir.
Convoquant la littérature, la pop-culture et le septième art, Salman Rushdie écrit ici le roman à la fois angoissant et jubilatoire de l’identité, de la vérité, de la terreur et du mensonge dans leurs atours contemporains.

L'AUTEUR : Auteur de douze romans (dont Les Enfants de minuit qui lui valut le Booker Prize et The Best of the Booker), d’un recueil de nouvelles, de quatre essais, coéditeur de deux anthologies, Salman Rushdie est membre de l’American Aca- demy of Arts and Letters et “Distinguished Writer in Residence” à l’université de New York. Ancien président du pen American Center, Salman Rushdie a, en 2007, été anobli et élevé au rang de chevalier par la reine Elizabeth II, pour saluer sa contribution à la littérature. Dernier ouvrage paru : Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits (Actes Sud, 2016).


J_ai_couru_vers_le_Nil.jpg Le 5 septembre 2018
Alaa El Aswany
''J'ai couru vers le Nil'
Roman traduit de l’arabe (Égypte) par Gilles Gauthier
LE RÉSUMÉ :
Une année : 2011, une ville : Le Caire, et une galerie de personnages : des représentants du pouvoir sous ses aspects sécuritaire, financier, religieux, médiatique, et des révolutionnaires. Un réseau complexe de liens les unit, officiellement ou clandestinement, amoureusement ou politiquement. En arrière-plan, les indécis, qui se laissent porter par les événements et finale- ment se soumettent à l’ordre établi.
Le général Alouani, chef de la sécurité d’État, très attaché et très fidèle à son épouse obèse, mène sa vie selon une routine bien réglée, faite notamment de films pornos et de séances de torture. Ashraf Wissa, grand bourgeois copte, succombe aux charmes d’Akram, sa domestique musulmane, dont il tombe éperdument amoureux. Nourhane, présentatrice à la télévision, rigoureusement pieuse, résolument opportuniste et fidèlement liée aux services de sécurité, réserve son expertise érotique (strictement conforme aux préceptes coraniques) à plusieurs époux successifs qui sont autant de marchepieds. Au fil du roman ce sont successivement Hisham Shaalane, directeur d’une cimenterie, puis le richissime Mohamed Chinanoui qui ont (licitement) accès à son corps. Le jeune Mazen, ingénieur engagé au péril de sa vie dans la lutte contre le régime, se consume pour Asma, professeur d’anglais. Dania, la fille du général Alouani, a rencontré son amoureux, Khaled Madani, fils d’un simple chauffeur de taxi, sur les bancs de l’université de médecine.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle du pays. Espoir, désir, mobili- sation, hypocrisie, violence, trahison, désillusions, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne.

L'AUTEUR : Né en 1957, Alaa El Aswany, qui exerce le métier de dentiste au Caire, est l’auteur du roman L’Immeuble Yacoubian (Actes Sud, 2006, Babel n° 843), qui lui a valu une notoriété internationale. Également parus chez Actes Sud : Chicago (2007 ; Babel n° 941), J’aurais voulu être égyptien (2009, Babel n° 1004), Chroniques de la révolution égyptienne (2011, Babel n° 1170), Extrémisme religieux et dictature (2014), Automobile Club d’Égypte (2014 ; Babel n°1344).


PREMIERE_PERSONNE.jpg Le 5 septembre 2018
Richard Flanagan
Première Personne
Roman traduit de l’anglais (Australie) par France Camus-Pichon
LE RÉSUMÉ :
Quand Kif Kehlmann finit, presque malgré lui, par accepter le job – rédiger les mémoires de Siegfried Heidl, l’escroc en col blanc le plus célèbre de l’histoire australienne –, il se dit qu’il a peut-être tout à y gagner. Pour commencer, il a besoin d’argent, et on lui en promet beaucoup. De plus, incapable de terminer le premier roman sur lequel il travaille depuis des années entre deux petits boulots, Kif veut se prouver à lui-même qu’il peut écrire un livre. Quittant la Tasmanie, sa femme enceinte de huit mois et leur petite fille Bo pour rejoindre Heidl dans les locaux de son éditeur, à Melbourne, le jeune aspirant écrivain va rapidement déchanter.
Disposant d’un délai relativement serré – six semaines, le temps sépa- rant Heidl de la tenue de son procès – pour produire un manuscrit, Kif doit également composer avec le manque d’implication, voire la réticence du maître-fraudeur, accusé d’avoir détourné plus de 700 millions de dol- lars en multipliant les crédits auprès des banques.
Tandis que les jours passent et que le projet reste au point mort, Kif voit s’éloigner la promesse de la rémunération et sent progressivement la haine le gagner. Cherchant à percer le mystère de l’homme qui lui fait face, Kif en vient à se demander qui il est lui-même. Heidl ne serait-il pas en train de le corrompre, de réécrire sa vie, son destin ?
Bien que situé dans l’Australie des années 1990, Première Personne est un roman à forte résonance avec notre époque : celle des fake news, des fausses identités et des charlatans qui mènent la marche du monde. Prenant la forme d’un récit à la première personne – celui de Kif, devenu producteur de téléréalité, revenant quelque vingt ans plus tard sur l’épisode déterminant qu’a été pour lui la rédaction de l’autobiographie de Heidl – et s’inspirant de l’expérience personnelle de l’auteur, cette mise en abyme vertigineuse, drôle et glaçante, doublée d’une satire du milieu de l’édition, allie à merveille le suspense et une réflexion subtile sur l’écriture et la nature de la vérité.

L'AUTEUR : Né en 1961 en Tasmanie, Richard Flanagan est considéré comme l’un des auteurs les plus importants de sa génération. Son œuvre, récompensée par de nombreux prix, est publiée dans 42 pays. Il a publié chez Actes Sud La Route étroite vers le Nord lointain (2016 ; Babel n° 1492 – Man Booker Prize 2014 ; Prix Lire du Meilleur Livre Étranger) et Le Livre de Gould ( Babel n° 1361). Première personne est son septième roman.


fermerlesyeux2.indd Le 5 septembre 2018
Jan Guillou
Les yeux ailleurs (Le Siècle des grandes aventures 4)
Roman traduit du suédois par Philippe Bouquet
LE RÉSUMÉ :
Au-delà des frontières de la Suède, la Seconde Guerre mondiale fait rage. Pour Lauritz, l’aîné des frères Lauritzen, il devient de plus en plus difficile de ne pas choisir un camp. Mais son rapport à l’Allemagne, pays qu’il a admiré toute sa vie, émousse sa lucidité. Avec un fils officier SS d’un côté et une fille engagée dans la Résistance norvégienne de l’autre, jusqu’à quand Lauritz peut-il continuer à faire l’autruche ?
Dans ce quatrième volet de la saga Le Siècle des grandes aventures, l’auteur pose un regard saisissant sur la Seconde Guerre mondiale, perçue à travers les désillusions et les prises de conscience douloureuses d’un homme vieillissant. S’appuyant sur des recherches historiques poussées, Guillou, conteur hors pair, dévoile les effroyables mécanismes qui ont permis l’impensable et sur lesquels beaucoup ont trop longtemps fermé les yeux.

L'AUTEUR : Jan Guillou, né le 17 janvier 1944 à Södertälje, est l’un des écrivains et journalistes les plus célèbres en Suède. Toute son œuvre est traversée par son engagement politique. Jan Guillou est également le cofondateur de Piratförlaget, l’une des maisons d’édition les plus renommées de son pays. En France ont déjà paru les ouvrages suivants : La Fabrique de violence (Manya, 1990, rééd. Agone, 2001 et 2010), Le Chemin de Jérusalem (Agone, 2007), Le Chevalier du Temple (Agone, 2007), Le Royaume au bout du chemin (Agone, 2008), L’Héritage d’Arn le Templier (Agone, 2011). Et, chez Actes Sud, sa saga Le Siècle des grandes aventures : Les Ingénieurs du bout du monde (2013 ; Babel n° 1252), Les Dandys de Manningham (2014 ; Babel n° 1339) et Entre rouge et noir (2015 ; Babel n° 1398).


La_ville_au_milieu_des_eaux.jpg Le 5 septembre 2018
Milton Hatoum
La Ville au milieu des eaux
Nouvelles traduites du portugais (Brésil) par Michel Riaudel
LE RÉSUMÉ :
Ces courtes nouvelles ont pour cadre la Manaus cosmopolite, le terreau de l’œuvre de Milton Hatoum : une capitale amazonienne de la démesure qui toujours oscille entre magnificence et misère, exubérance et décadence.
Si nombre de ces textes, tels “Deux poètes de province” ou “Une lettre de Bancroft”, reflètent la vie nomade de l’auteur, qui a vécu en Europe et aux États-Unis, tous disent aussi la défaite face au temps qui passe et les désirs irrémédiablement vaincus. Ici, un poète a distillé dans les veines de son disciple la passion qui le dévore pour Paris, qu’il connaît dans ses moindres recoins. Quand le jeune homme, sur le point d’embarquer pour la ville lumière, vient rendre un dernier hommage à son maître, ce dernier parvient à cacher, non sans douleur, qu’il n’est qu’un vieux fou qui n’a jamais publié un poème, ni quitté son Amazonie natale.
Délicates et nostalgiques, ces nouvelles savent aussi parler du fossé social qui se creuse entre différentes communautés. “L’Étrangère de notre rue” évoque l’amour platonique d’un jeune garçon pour la belle Anglaise aux cheveux roux et aux yeux verts dont le père ingénieur est venu porter le progrès dans ces contrées sauvages. Et c’est une pauvreté, à peine percep- tible lors des années de jeunesse, qui constitue le plus cruel des marqueurs, comme dans “Les Vérandas d’Eva” qui raconte une première incursion au bordel entre copains. Le narrateur y est initié à l’amour par une femme énigmatique dont il ne croisera plus jamais la route. Quelques années plus tard, il rencontre un de ses anciens compagnons de “débauche”, celui à qui on avait prêté des vêtements pour qu’il fût plus présentable. Dans les traits de la femme qui l’accompagne et qui n’est autre que sa mère, le narrateur reconnaît avec effroi l’objet de son désir adolescent. Nuits d’alcool, de sueur et de mambo, dans la moiteur et l’indolence des tropiques, au bord des eaux noires et limoneuses du rio Negro – ces nouvelles sont incontestablement un formidable voyage. Dans l’espace, dans le temps et dans l’immense répertoire de tous les naufrages.

L'AUTEUR : Né à Manaus en 1952 dans une famille libanaise, Milton Hatoum a enseigné la littérature à Berkeley, en Californie, puis à l’université fédérale de l’Amazonas, et traduit vers le portugais Flaubert, Marcel Schwob et Edward W. Said. Son œuvre est publiée dans une douzaine de langues. Déjà parus chez Actes Sud Cendres d’Amazonie (2008), Orphelins de l’Eldorado (2010) et Deux frères (Babel n° 1314).


Les résumés sont de l'éditeur.