Vincent Message nous offre un premier roman d’une ambition considérable.
Tout d’abord un roman français où les vicissitudes de l’auteur avec sa maîtresse ou son amant n’apparaissent nulle part est à signaler. Ensuite, parce qu’il y a une véritable histoire déportée dans le temps et dans l’espace (attention, aucun cyborg à l’horizon) qui force notre imaginaire mais aussi notre folie. Notre imaginaire, car il faut attendre l’extrême fin pour saisir la personnalité de Nexus – rien à voir avec Henry Miller – auteur d’un triple meurtre en pleine rue dont il n’a ni le souvenir des faits ni celui de sa motivation.
C’est pourquoi l’exploration de ses rêves est confiée à un psychiatre et à un commissaire afin de trouver la solution de l’énigme. Le tandem l’emmène dans une maison d’architecte en pleine montagne qui ressemble plus au château de Shining qu’à un relais pour skieurs débonnaires. Le duo déploie ses talents d’analyste et d’enquêteur pour traduire ses rêves et comprendre ce geste de folie. La folie, l’idée que la société se fait des fous est au coeur de ce roman.
Il faut encourager les jeunes auteurs français à construire des histoires un peu folles, à avoir une imagination foisonnante qui nous fait penser à Salman Rushdie – la maîtrise de la construction en moins, quand même. Les Veilleurs est à n’en pas douter la première oeuvre d’un futur grand de la littérature française. Puissent les comptables de son éditeur le laissent en paix pendant encore un ou deux romans... le temps que son talent mûrisse.
Les veilleurs
Vincent Message
Points
Septembre 2010.