Histoire de Naples.jpgNaples, sa baie, son volcan, ses églises, sa mafia, son royaume, son opéra, tout a déjà été dit sur cette ville-monde porte d'entrée de l'orient en Europe, admirablement décrite par Stendhal, Goethe, les voyageurs du Grand Tour ou peinte par Caravage.

Naples et ses maîtres successifs, Romains, Byzantins, Normands, Souabes, Angevins, Aragonais, Bourbons qui agrégèrent en trente siècles d'histoire des populations aussi variées composées de Napolitains, d'Amalfitains, de Siciliens, de Sarrasins, de Normands, de Juifs, d'Égyptiens, de Grecs ou encore de Génois, d'Espagnols et de Français.

Naples est une mosaïque en mouvements perpétuels posée sur deux plaques inamovibles, celle de l'Église et celle des nobles, trop soucieuses de leurs propres intérêts immédiats que de projeter la ville dans l'avenir. Pourtant, Naples fut au Quatroccento, à la cour des Aragonais, un centre artistique et culturel majeur, remplie d'artistes, de lettrés venants de tous les horizons : Catalans, Provençaux, Bourguignons, Flamands, etc... Naples, son peuple et ses arts, jamais une ville n'a autant exprimé son identité par les arts, à peine dépassée par Florence et Venise.

C'est, paradoxalement, à la suite de la Révolution française et de la décennie française (sous Napoléon), que le Royaume des Deux-Siciles, plutôt que d'embrasser les progrès politiques, techniques et philosophiques, se fige dans un régime Bourbon sclérosé et corsetée par une église redevenue toute puissante, infligeant à la population une morale rigoriste. Cet immobilisme fera disparaitre le Royaume dans l'Unité italienne et relèguera Naples, phare de la Renaissance, en une simple ville de province.

Naples et ses déplacements de populations, à l'intérieur de ses murs, auront pour origine non pas l'hygiène ou la sécurité de son peuple mais des intérêts immobiliers chers à l'Église et aux nobles. Des déplacements de populations, à l'extérieurs de ses murs, d'abord vers le nord de l'Italie ou l'industrie naissance au XIXe embauche à tour de bras, puis au début du XXe siècle, vers la France et les États-Unis, où des millions de napolitains s'exileront pour trouver travail, nourriture et dignité. Ce mouvement existe toujours encore puisque lors de la première décennie du XXIe siècle, ce sont 600 000 Italiens du Sud qui partiront vers le Nord.

Le Vésuve, les invasions, les guerres, les épidémies ou les bombardements ne l'ont pas fait disparaître, L'Histoire de Naples s'écrira encore et toujours, bon gré, mal gré, entre trafiquants en tous genres, touristes et chanteurs d'opéra !

Histoire de Naples
Laurent Bolard
Fayard
416p. 24€
Mai 2021