Popcorn_melody.jpgShellawick est un bled du Midwest, pommé et écrasé par le soleil, dont les habitants disparaissent les uns après les autres, inexorablement aspirés, épuisés puis recrachés par l'usine de pop-corn de la ville voisine. Tom Elliot, lui, reste fidèle à son village, à sa propre supérette et à son habitude d'écrire trois lignes à chaque fois qu'un client entre dans son magasin. Tout change lorsqu'un supermarché gigantesque s'installe en face de chez lui.

Après un roman sur l'accouchement, celui de la maturité, Émilie de Turckheim écrit un joli poème à destination de l'Amérique éternelle. La grande Amérique où tout est possible et la moins grande, celle du génocide des Indiens, celle où les Américains ont le talent d'écraser toute vie tranquille en lâchant leurs bombes préférées - MacDo, Walmart, Starbucks.

Un instituteur alzheimer, un indien poète, une amatrice de whisky japonais, les personnages d'Émilie de Turckheim sont toujours aussi décalés, touchants, avec une fêlure grande comme ça. Au fond, rien ne peut les toucher, ils sont déjà brisés. Elle gratte le squelette de l'Amérique jusqu'à l'os avec son barbier, ses indiens et ses étoiles. Un roman léger plus profond qu'il n'y paraît.





Popcorn Melody
Émilie de Turckheim
Lgf
256p., 6,90€