Avant d'être l'éditeur de JAMES ELLROY, François Guérif a été enseignant (pendant un mois), libraire puis l'auteur de monographies d'acteurs de cinéma américain. François Guérif est devenu éditeur de romans noirs à la fin des années 70 chez Red Label puis Fayard Noir. C'est en 1986 qu'il fonde la collection RIVAGES NOIRS et publie en juin 1987 lune sanglante de James Ellroy.
François Guérif nous parle de la sortie du nouveau roman du maître du roman noir UNDERWORLD USA (1).
Lalettredulibraire.com : Neuf années séparent Underworld USA (1) le nouveau roman de James Ellroy de American Death Trip (2) et seize de American tabloïd (3), est-il à la hauteur de notre impatience ? De votre impatience ?
François Guérif : Oui, il est à la hauteur de toutes les impatiences. C'est un livre tout simplement phénoménal.
La Lettre : Contrairement aux deux tomes précédents, publiés en France d'abord, puis dans le reste du monde, celui-ci est d'abord publié aux USA puis en France. Pourquoi?
F.G. : Les deux volumes précédents ont été quasiment publiés simultanément en France et aux Etats-Unis mais pas en France d'abord.
La Lettre : Quelle fut la première date de publication officielle ?
F.G. : Novembre 2009. Mais James Ellroy finissait sa tournée de promotion aux USA et nous avons pensé qu'il serait plus à même de promouvoir son livre en France un peu plus tard.
La Lettre : En 25 ans, James Ellroy est passé de son intimité familiale à l'intimité de l'Amérique pour nourrir ses romans. Est-ce en cela qu'on peut le qualifier de romancier historique, comme il le souhaite depuis longtemps, et non plus seulement d'écrivain de roman noir?
F.G. :Non il reste avant tout un écrivain de roman noir.
La Lettre : James Ellroy a annoncé vouloir écrire une trilogie sur les années 70 - Nixon, le Watergate et le Viet-Nam - est-ce toujours d'actualité ? Si oui, A quand le premier tome?
F.G. : C'est de cette trilogie dont il s'agit qui a commencé avec Kennedy et s'achève avec Nixon et le Watergate.
La Lettre : James Ellroy dit régulièrement l'admiration qu'il vous porte. Cela veut-il dire qu'il ne quittera jamais Rivages ?
F.G. : Je l'espère profondément. Mais seul lui peut répondre.
La Lettre : James Ellroy dans la Pléiade, c'est envisageable?
F.G. : Il faut demander cela à Gallimard.
La Lettre : En 25 ans, et de manière générale, les polars sont devenus beaucoup plus violents, avec une vraie complaisance dans la description de la cruauté, d'enlèvements d'enfants et de torture. Il est loin le temps de Maigret ou de Marlowe. Pensez-vous que cela soit inéluctable et incontournable dans les années à venir?
F.G. : C'est une généralité et comme toutes les généralités, elle est discutable puisque tous les genres coexistent.
La Lettre : Rivages est aujourd'hui la maison de référence en matière de polar. Cependant, la Série Noire se porte aujourd'hui beaucoup mieux qu'il y a dix ans. Cette concurrence est-elle stimulante ou bien la puissance financière de la maison Gallimard vous fait-elle peur?
F.G. : Gallimard ne me fait pas peur. Et la Série Noire est loin d'être la seule concurrence valable.
(1) le 6 janvier 2010 en librairie, éditions Rivages.
(2) 1995, éditions Rivages.
(3) 2001, éditions Rivages.
Remerciements : François Guérif, Benoîte Mourot, Éditions Rivages.
Propos recueillis le 20 octobre 2009.