La_gifle_poche.jpgHonoré de Balzac a un descendant australien, il s’appelle Christos Tsiolkas. La gifle qu’il nous offre est une comédie humaine comme on n’en a pas lu depuis Les corrections de Jonathan Franzen (L'Olivier, 2002).

Un gamin prend une gifle au milieu d’un barbecue entre amis, il fait beau, il fait chaud, les plats et la boisson sont abondants. Les hôtes sont interloqués, les parents outrés et le gifleur sûr de son bon droit. Le barbecue est terminé, tout le monde se sépare en ayant conscience qu’une page vient de se tourner et que chacun va être giflé d’une manière ou d'une autre.


On est admiratif devant la densité des personnages, et la maestria avec laquelle Christos Tsiolkas dévoile les non-dits entre amis en utilisant avec jubilation des guillemets qui lui permettent de livrer au lecteur les arrière-pensées que personne n’ose dire, même à son meilleur ami.


La gifle, c’est la blessure que l’on n'a jamais cicatrisée, l’envie jamais comblée ou l’image dans laquelle on s’est enfermé. La gifle, c’est la façade lézardée d’une nation – l’Australie d’aujourd’hui - blanche, grecque, maorie, irlandaise, musulmane, indienne et ultralibérale où chacun voit midi à sa porte et se réfugie soit dans le passé, sur un autre continent à une autre époque, soit dans un avenir résigné, dans un confort doré.


Cette mosaïque nous offre le meilleur roman étranger de cette rentrée 2011 et récompense le travail discret des éditions Belfond dont le catalogue s’enrichit d’une nouvelle grande signature.

La gifle
Christos Tsiolkas
10-18
1er mars 2012.

Article mis en ligne le 29 février 2012.