Mauvais_genre.jpg Une histoire d'amour qui commence dans une odeur de pommes de terre et de poireaux va forcément loin.

Louise et Paul s'aiment, se marient et se séparent. En effet, Paul part le jour même de leur mariage pour son service militaire. Puis la Grande Guerre commence ou Paul vit l'horreur des tranchées au quotidien. il veut fuir, se mutile et finalement déserte pour retrouver sa Louise.

Mais s'il est retrouvé, c'est la guillotine, même après l'armistice. Alors Paul se déguise en femme d'abord pour survivre, ensuite pour se divertir au bois de Boulogne... Mais vivre la tête pleine des horreurs de la guerre, et dix ans en jupe, ne laisse personne intacte. Paul ne sait plus qui il est -homme, femme, travesti ou putain, inverti ou pervers.

Le gris est la couleur dominante de cette superbe bande dessinée. Gris des bombes, gris des sentiments, gris des identités. Le gris aussi de l'hypocrisie. De l'armée et de ses déserteurs qu'elle veut fusiller. De la société et de ses introvertis qu'elle ne veut pas voir ou alors pour les condamner.

Adapté d'une histoire vraie (1), Chloé Cruchaudet peint une histoire tragique et magnifique d'humanité, ou le phrasé du titi et de la caille parisienne est une mélodie délicieuse que n'éteint pas même le bruit des bombes.



Chloe_Cruchaudet_Roller.jpg (1)La garçonne et l'assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (Payot, 2011)

Mauvais genre
Chloé Cruchaudet (photo)
Delcourt
160p, septembre 2013

Crédit photo: Roller
Article publié le 9 octobre 2013