Chiennes_de_vie.gif«Des hommes et des femmes d’un certain âge, aux mains devenues calleuses à force de trimer pour survivre, et qui aspiraient au carnage».

Cette phrase de Frank Bill pourrait être la dédicace de toutes ses nouvelles. Il faut lire les nouvelles sombres, sordides - et parfois ironiques - dans le désespoir de ses personnages (comme dans «l’Accident») pour comprendre la brutalité de l’Amérique profonde, sa passion pour les armes, la violence des relations entre hommes et femmes.

Frank Bill noue scotche en trois mots – n’est- ce pas là l’essence rare de la nouvelle? – pour nous plonger la tête dans des histoires de vies brisées, déchirées, vendues au plus offrant. Où seule la violence, les coups et la mort sont les exutoires uniques de ces laissés-pour-compte du rêve américain. Point commun à plusieurs personnages: leur retour de la guerre et leur incapacité à exprimer la violence qu’ils ont infligée ou subie. Ici, pas de Mac ou de pépés bien roulées, pas de tailleurs Armani ni de chemise en flanelle, pas de psy ni de AA.

Le talent extraordinaire de Frank Bill est de nous retourner l’estomac avec des personnages de salauds finis. Bouffés par la violence, la crasse et la haine d’en découdre avec le premier venu: épouse, enfants, voisins, inconnus. Époustouflant.

Chiennes de vie, chroniques du sud de l'Indiana
Frank Bill|
Folio policier
Février 2014
352 p. 7,9€

Article publié le 13 février 2014