Voici_venir_les_reveurs.jpgRENTRÉE 2016 PREMIER ROMAN Un immigré camerounais optimiste, un banquier de Wall Street moraliste, deux femmes prises au piège de leurs passés et au milieu, des enfants - riches et pauvres - déconnectés du monde de leurs parents. La tempête Lehman Brothers va pulvériser tout ce monde, mais pas de la même manière.

Jende, sa femme Neni et leur fils Liomi ont quitté le Cameroun pour New York. Nous sommes en 2007 et Jende est chauffeur d'un ponte de Lehman Brothers, Neni est assistante médicale dans une clinique et étudie la chimie pour devenir pharmacienne. Ils quittent un pays pauvre pour un pays riche, touchent du doigt quelques billets verts, effleurent un peu de ce rêve américain vendu de par le monde au travers des films et des publicités. La faillite de Lehman Brother arrive puis celle des valeurs pour rester coûte que coûte en Amérique. Jusqu'ou peut-on aller pour rester aux USA ?

L'espoir est un carburant puissant qui porte les hommes aussi loin qu'ils le peuvent. Jende espère du fond de son coeur rester aux USA avec femmes et enfant. Il travaille dur, respecte les lois, traverse la chaussée quand le bonhomme est vert et ne viole jamais le code de la route. Il croit en Dieu. In God We Trust n'est-il pas inscrit sur les billets verts ?

Imbolo Mbue décrit méticuleusement la vie ordinaire de millions d'immigrés qui croient avoir trouvé une meilleure terre, un boulot, la paix, la sécurité. Finalement, ils s'aperçoivent que ce n'est pas si différent de chez eux. L'ordre social règne en maître. Impitoyable. Les riches s'en sortent toujours, les pauvres presque jamais.

Voici venir les rêveurs est un premier roman époustouflant de maîtrise, quasi mythologique. Jende et sa Terre promise, Jende démoralisé par l'Amérique, Jende et, peut-être le retour humiliant au pays. C'est un roman impitoyable qui prend aux tripes et nous raconte l'histoire d'un Camerounais qui pourrait être un Congolais, un Irakien, un Syrien. Un humain. Sur Terre. Aujourd'hui.

Voici venir les rêveurs
Imbolo Mbue
Belfond
Traduit de l'anglais (Cameroun) par Sarah Tardy
300 pages, 22€
Août 2016