« être en dehors de ce monde, c’est bien trop cher à payer » déclare le héros de ce texte. Ce texte évoque le cœur, le pays l’éloignement, la solitude et la déchirure d’être entre deux pays - la France et le Liban.
Le narrateur, son copain Elias et Layla qu’il aime sans lui dire jamais. La vie est dure pour eux, coincés dans une cité sans avenir.
Le narrateur souhaite arraché Layla à ce quartier car Layla c’est la grâce et la poésie mais il ne lui dit rien, il préfère les mots de son dictionnaire Larousse, les mots de Brel et de Brassens qu’il écoute en boucle avec Élias, les mots des rappeurs, Layla est sur un piédestal, on ne parle pas à une statue que l’on vénère.
Les années passent, les murs se rétrécissent, il étouffe, Layla est toujours aussi belle et inaccessible, quant à Élias, il n’écoute plus de musique, il est rentrée à la mosquée du quartier alors le narrateur écoute avec lui les prêches musulmans prononcés sur un ton hitlériens. Alors pour compenser il écoute « La Supplique » de Brassens pour éloigner les cons et les prêcheurs.
Des rives de l’amour aux rives de la colère, il n’y a qu’un pas ; des rives de la solidarité familiale à la mosquée aussi. L’amertume est la même des deux cotés de la Méditerranée, le narrateur essaie de survivre entre deux rives. Dima Abdallah, après nous avoir bouleversé avec Bleu nuit ( Sabine Wespieser, 2023), nous prend une fois de plus par la main pour suivre - non pas un sdf au bord de la mort - mais trois adolescents au bord de la vie. Émouvant.
D’une rive l’autre
Dima Abdallah
Sabine Wespieser
232p. 21€.
mars 2025
Publié le 9 mai 2025