EU_1.jpgRENTRÉE 2012 À la suite d’une conférence de presse donnée mardi 13 novembre par Hervé Rouanet, son directeur général, il a été annoncé que les trente tomes blancs et bleus maquettés par Pierre Faucheux (1924-1999) appartiennent désormais à la longue histoire du livre papier ou presque…

En effet, pour fêter cette conversion au tout-numérique, l’Encyclopedia Universalis met en vente ce même jour une dernière édition limitée à 999 exemplaires et dix tirés-à-parts format A 3 + un portfolio de neuf planches provenant de la première édition (1968-1972). Cette ultime édition ne sera « jamais réimprimée ».

Qu’est-ce qui peut motiver cette vénérable institution française, pilier d’innombrables collèges, lycées et universités françaises et francophones de cesser sa parution papier pour se jeter dans la Toile?

Une baisse des ventes
Certes… Si les 700.000 exemplaires vendus appartiennent au passé, les 2000 exemplaires vendus – en moyenne- chaque année depuis dix ans ne sont pas négligeables. Mais une valeur jugée « peu rentable » pour reprendre l’expression de Hervé Rouanet.

Le passage au tout-numérique engagé depuis longtemps
En effet, L’Encyclopédia Universalis a crée son premier CD-rom en 1995 suivi d’un DVD-rom puis en 1999, en partenariat avec le Ministère de l’Éducation nationale, l'Universalis devient accessible sur Internet avec un site dédié au monde de l’enseignement. En outre, le site internet de l’encyclopédie reçoit un millions de visiteurs par mois et a dix mille abonnés. Depuis, 100% du fond a pu être numérisé.

Perdre le côté sacré de l’Universalis
Patrick Guyomard, Directeur Développement Numérique Institutionnel, espère perdre le côté sacré de l’universalis. Il est vrai que ses vingt puis trente tomes de savoirs absolus ont impressionné plus d’un étudiant. Cependant, le respect imposé par l’encyclopédia et les noms prestigieux des auteurs rassurent encore aujourd’hui – notamment les plus de trente ans – quant à la pertinence et au sérieux des articles proposés. Si Hervé Rouanet parle de concurrence avec Wikipédia en terme de connections mais pas de contenu– heureusement !- les nouveaux visiteurs feront-ils la différence ?

Une baisse de chiffre d’affaire assumée
Si le chiffre d’affaire est de 6 millions d’euros pour 2012, Herve Rouanet prévoit 7 millions pour 2013 (avec la vente de la dernière édition papier) mais seulement 5,5millions pour l’exercice 2014 qui sera 100% numérique. Son optimiste mesuré le laisse affirmer du bout des lèvres qu’il espère quand même atteindre les 7 millions dès le premier exercice 100% numérique…
Le gros du chiffre d’affaire est cependant réalisé avec l’éducation nationale. L’Encyclopédie a deux contrats avec des régions mais discute avec les autres pour conforter un chiffre d’affaire confortable. Rien de mieux que des commandes publiques sur plusieurs années pour avoir le temps de voir progresser celui du numérique…

Le temps, qui est un luxe aujourd’hui, fut un allié précieux de l’encyclopedia pour écrire, construire et publier. Henri Rouanet et les 48 collaborateurs de l’Encyclopedia Universalis semblent ne pas vouloir changer de rythme et continuer à travailler sereinement, discrètement et efficacement au service de ses abonnés et des nouveaux. Sur le Net et uniquement sur le Net.

Article publié le 14 novembre 2012.