Jean-Marie Gourio a la gueule de bois. Après trente ans passés à écouter et noter les blagues des piliers de bistrot, il s’est réveillé en plein cauchemar. En plein vingt-et-unième siècle pour tout dire. Les petits–fils et petites-filles de ses piliers sont des névrosés finis, des alcooliques à huit heures du mat’ avant même le premier cour du bahut et la tête bourrée de vidéos pornos plus hardcore les unes que les autres, au vocabulaire limité par la télé, les SMS et le Net, un verbe hypersexué, agressif et cruel.
Du meurtre en vidéo vu cent fois sur le portable au meurtre en vrai, quelle différence quand on est défoncé à la 8.6, la vodka, le RedBull, le hash, le crack et autres confiseries désormais disponibles à toutes heures dans tous nos établissement scolaires ?
La France se vide de ses cafés – et de leurs bons mots- mais ses écoles se remplissent de psychopathes en herbe. La vie réelle – la famille, les cours, l’avenir - rien à foutre. Par contre, la vie virtuelle, mater des pornos sur le net et dialoguer avec des pédophiles et les chasser, c’est top ! Une vie virtuelle qui prend tellement deplace qu’elle se substitue à la vraie vie de gamins de treize ans, au point de condamner à mort l’un de leurs parents.
On est loin de la poésie de « Un café sur la Lune » (1). Par contre, vous tenez là le meilleur roman de Jean-Marie Gourio. Sex toy est à lire d’une traite, c’est un uppercut donné par un écrivain qui aime les gens et qui se désespère de les voir mourir si jeunes.
Sex toy
Jean-Marie Gourio
Julliard
23 août 2012
216p. 17,00 €
(1) Un café sur la Lune
Jean-Marie Gourio
6 Janvier 2011
342p. 20,30 €
Crédit photo: © Ulf Andersen.
Article publié le 24 août 2012.