La_nuit_de_l__illusionniste.jpgL'art de l'illusion n'est-il pas la raison même d'un romancier ? Savoir mélanger vérités et mensonges, personnages historiques et de fiction ou situations réelles et abracadabrantesques ?

Daniel Kehlmann est un prodige de l'illusion et du roman. Il nous a ébloui avec Les Arpenteurs du monde (Actes Sud, 2007) et l'histoire romancée (ou pas) de deux génies - Von Humboldt et Gauss. Cette fois-ci, le jeune romancier nous emmène dans le monde étrange de l'illusion - pas celui de la télévision ou des peoples - mais celui de la magie. Son personnage, Arthur, hésite entre deux illusions : Dieu ou la magie, ou faire apparaître et disparaître en un bref instant, l'espace d'un éclair, la vision d'un autre monde.

Au cours de ses errances entre ces deux mondes parallèles, alors que certains tentent de s'approcher de Dieu en restant assis sur une colonne grecque, Arthur essaie de comprendre la magie à travers les mathématiques. Il s'essaie à la maîtrise de l'illusion à moins qu'il ne soit possédé par l'illusion de la maîtrise. A trop s'approcher de Dieu, on court un grand danger. A trop s'approcher de la maîtrise de la magie Arthur va se bruler. Il s'éloignera définitivement de la magie, de Dieu et des hommes.

Il faut aimer se perdre dans La nuit de l'illusionniste et se laisser manipuler pour se délecter de sa splendide écriture. Daniel Kehlmann est grand écrivain en devenir. Le vingt-et-unième siècle, un jour, lui appartiendra.

La nuit de l'illusionniste
Daniel Kehlmann
Actes Sud
Avril 2010.

Article publié le 11 mai 2010.