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LITTÉRATURE FRANÇAISE
Le 22 août 2013

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé
Veronique_Ovalde__c__Benjamin_Chelly.jpg Maria Cristina Väätonen a seize ans lorsqu’elle quitte la ville de son enfance, une bourgade située dans le grand Nord, entourée de marais et plongée dans la brume la plupart de l’année. Elle laisse derrière elle un père taciturne, une mère bigote et une soeur jalouse, pour s’installer à Santa Monica (Los Angeles).
C’est le début des années 70 et des rêves libertaires. Elle n’a pas encore écrit le roman dans lequel elle réglera ses comptes avec sa famille, et qui la propulsera sur la scène littéraire. Et elle n’est pas encore l’amante de Rafael Claramunt. Séducteur invétéré, cet excentrique a connu son heure de gloire et se consacre désormais à entretenir sa légende d’écrivain nobélisable.
Est-il un pygmalion ou un imposteur qui cherche à s’approprier le talent de Maria Cristina Väätonen ? Une famille toxique, une comédie américaine, quelques trahisons, un tremblement de terre sont quelques-uns des éléments qui composent cette histoire au dénouement imprévisible – comme dans la vraie vie. Avec ce livre doué d’une énergie littéraire peu commune, Véronique Ovaldé s’éloigne de l’univers du conte et nous donne un pur roman.


Eva_Almassy__c__Juliette_Bates.jpgL’accomplissement de l’amour de Eva Almassy Une femme décide d’aller là où son désir la mène. Elle est aimantée par un homme mystérieux avec qui elle entretient une relation virtuelle et décide de confronter son fantasme à la réalité d’une rencontre. À mesure que le moment où elle va retrouver cet homme approche, la force d’attraction qu’il exerce sur elle devient de plus en plus grande.
« Pour la forme, ce sont donc vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, Béatrice (entre enfer et paradis), qui tente de s’évader de son couple le temps d’une brève rencontre avec un inconnu. Pour décor, on a une voiture, de la pluie, on a Paris. Il y a trois personnages principaux, un quatrième plus mystérieux, homme ou femme. L’enjeu c’est de se sentir vivant. Où qu’on aille, on va à la rencontre de son propre visage. » E.A. L’Accomplissement de l’amour reprend « dans un autre millénaire » le titre et le thème d’une nouvelle de Musil, pour offrir une brillante évocation de l’époque, de nouvelles façons de s’aimer, et peut-être de se retrouver.


Le 12 septembre 2013
On a eu du mal de Jérémie Gindre
Un colloque universitaire, une avalanche, une obsession, une bêtise d’enfant, un trouble de la perception : tous les personnages de ces nouvelles traversent un moment délicat. Sven, Paul, Mélanie, François ou Claude peinent à maîtriser leurs émotions et chacun doit, de près ou de loin, faire l’expérience d’un décalage avec le monde.
Mais quel recours trouver, quand même la nature, la montagne et le chant des oiseaux, deviennent de plus en plus factices et que l’environnement le plus familier devient inquiétant ?
L’auteur des cinq histoires de ce recueil est un explorateur. Ses investigations, destinées à décrypter l’origine des émotions, le mènent dans « l’extra-quotidien », d’où il rapporte des scènes singulières et émouvantes.

Eugène NicoleLes eaux territoriales de Eugène Nicole
En 1992, suite à un long conflit entre la France et le Canada concernant la délimitation des eaux territoriales de Saint-Pierre et Miquelon, un tribunal international d’arbitrage rend un verdict qui restreint les droits de pêche traditionnels et le « plateau continental » de l’archipel français. Ne lui est concédé qu’une étroite bande de mer (surnommée le « tuyau de poêle ») qui met sa survie en péril.
Cette menace se profile dès l’ouverture du livre en ce mois de juillet 1988 où, revenu à Saint-Pierre pour l’enterrement de son père, le narrateur a apporté avec lui le premier volume de L’OEuvre des mers qui va paraître en métropole quelques semaines plus tard.
Englobant deux autres séjours dans l’archipel (en 1995 pour le tournage d’un film et en 2005 pour l’enterrement de son frère cadet) ainsi qu’un journal posthume rédigé par Monsieur, l’ancien instituteur qui se prenait pour Jacques Cartier, Les Eaux territoriales prolongent L’OEuvre des mers à la façon d’un Supplément, qui lui est chronologiquement greffé mais forme un tout en soi. Il incorpore au récit des épisodes liés à la réception de L’OEuvre des mers et à sa genèse devenue une couche fertile de souvenirs. S’y multiplient des allusions littéraires dont le narrateur semble se faire un rempart dans le territoire de son enfance qu’il reconnaît de moins en moins.

LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
Le 22 août 2013

Canada de Richard Ford
Richard_Ford__c__Sandrine_Roudeix.jpg Nous sommes à Great Falls, Montana, en 1960. Dell Parsons a quinze ans lorsque ses parents commettent un hold-up, avec le fol espoir de rembourser ainsi un créancier menaçant. Mais le braquage échoue, les parents sont arrêtés, et Dell a désormais le choix entre la fuite ou le placement dans un orphelinat. Il choisit de fuir, passe la frontière du Canada et se retrouve dans le Saskatchewan. Il est alors recueilli par un homme, Remlinger, qui fait de lui son apprenti et son factotum. Remlinger est un « libertarien », adepte de la liberté individuelle intégrale, qui vit selon sa propre loi en organisant des chasses.
Canada est le récit de ces années d’apprentissage au sein d’une nature magnifique, parmi des hommes pour qui seule compte la force brutale, comme le montre l’épisode final, d’une incroyable violence. Des années plus tard, Dell, devenu professeur à l’Université, se souvient de ces années qui l’ont marqué à jamais.

milena flasar, 2011La cravate de Milena Michiko Flašar
Taguchi Hiro refuse de sortir de sa chambre, de se mêler aux autres, y compris aux siens. Il a 20 ans, il est ce qu’on appelle au Japon un hikikomori. Telle est sa situation lorsqu’il aperçoit, dans le parc en face de chez lui, un homme qui semble passer ses journées assis sur un banc : il porte un costume, une mallette, et surtout une belle cravate. Cet employé modèle s’appelle Ohara Tetsu, il a perdu son emploi, mais ne veut pas l’avouer à son entourage.
Taguchi Hiro et Ohara Tetsu finissent par se rencontrer, ils parlent, parlent indéfiniment. Leurs récits se croisent et s’entremêlent : la disparition d’un ami poète fauché par une voiture, le suicide d’une camarade de classe, la vie de famille, la vie scolaire qui n’existe plus, la vie professionnelle brisée nette, le vide après la mort d’un enfant et l’amour d’une épouse.
La Cravate est un roman consacré à la pression sociale, celle qui fait éclater les esprits et les êtres. Mais sans militantisme, sans colère. Juste un roman sombre et léger, une succession de miniatures à l’écriture étincelante.

Narcopolis de Jeet Thayil
Jeet_Thayil___Suman_Sridhar.jpg Ce livre est une plongée dans les bas-fonds de Mumbai (Bombay). Unité de lieu : la fumerie d’opium de Rashid. Unité de temps : le début des années 70.
Personnage principal : Dimple (« fossette »), un(e) jeune eunuque prostitué(e). Personnages secondaires : les voyous, les maquereaux, les dealers, les touristes et les junkies de toutes sortes qui fréquentent l’établissement. Et, bien sûr, le narrateur. Les années passent, c’est le temps des hippies, de l’héroïne et de la cocaïne. Le narrateur parvient à s’évader de cet univers délétère. Lorsqu’il reviendra, guéri de ses obsessions, ce sera pour constater mélancoliquement que tous ceux qu’il avait aimés ont disparu.
Narcopolis est le Last Exit to Brooklyn de l’Inde moderne. Avec ce roman prodigieux, Jeet Thayil s’inscrit dans la lignée des grands auteurs (Thomas de Quincey, Baudelaire, William Burroughs) qui ont donné aux « paradis artificiels » – mais ne s’agit-il pas plutôt, ici, de l’Enfer ? – leurs lettres de noblesse littéraire. Il dépeint un monde inversé et promis à la destruction, sur lequel Sa Majesté l’opium règne sans partage. Parmi ses habitants, seuls quelques-uns seront sauvés.

(Les résumés sont de l'éditeur).
Crédits photos: ©Benjamin Chelly, ©Juliette Bates, ©Patrice Normand, ©Sandrine Roudeix, ©Susanne Shleyer, ©Suman Sridhar.