Escroc_concubines.jpgMalgré une couverture pas vraiment fidèle au contenu, l’essai de Oliver August est à découvrir d’urgence. En effet, sous couvert de retrouver Lai Changxing « fugitif n°1 de Chine » de sa légende à son procès à Vancouver, Oliver August fait le portrait de la Chine de ce début de XXIe siècle.

Des chinois qui jouent au golf en pleine nuit sous de gros projecteurs pour mieux faire des affaires, en passant par les Chrétiens qui font la messe du dimanche le mardi pour ne pas se faire attraper par la police, il décrit avec de plus en plus de tendresse ce peuple immense qui bascule dans une modernité définitive. Les quartiers anciens sont rasés au profit de buildings de 88 étages ultra-modernes, dans des villes dont il faut refaire les cartes plusieurs fois par an tellement l’urbanisme dévore l’espace et les repères.

Oliver August, qui fut le chef du bureau de Pékin du Times de Londres pendant sept ans, dessine un portrait en sépia de ce pays immense au travers de Lai Changxing qui est parti du fin fond de sa campagne pour devenir le Gatsby de l’Empire du Milieu. Sans éducation, la légende dit qu’il ne sait pratiquement pas écrire, Lay construit en quelques années un empire dans le bâtiment, la contrebande de voitures occidentales ou de cigarettes.

Pour se faire, il achète les fonctionnaires les plus haut placés soit en argent liquide, en filles ou les deux dans son Pavillon rouge, un bordel de luxe ou les membres du PCC sont venus prendre du plaisir et beaucoup d’argent. Cette corruption générale au niveau les plus haut de l’Etat se retrouve chaque jour dans chaque démarche où presque que ce soit pour acheter un diplôme, un renseignement ou créer une entreprise. En Chine si tout est illégal, rien n’est interdit, il suffit d’y mettre de prix, une liasse de billet empêchera le bras policier de s’abattre sur vous pour un temps, tel ce boulanger qui du fermer boutique parce qu’il n’avait pas payé.

Escrocs & Concubines
Oliver August
Buchet Chastel
2009

Article publié le 19 avril 2009.__