Gallimard.jpgGary Lineker, ancien attaquant de l'équipe d'Angleterre de football des années 90, a un jour donné une définition admirable de son sport "c'est un jeu qui se joue à onze contre onze et à la fin ce sont les Allemands qui gagnent". Dans le monde de l'édition française, on peut dire que à la fin, c'est Gallimard qui gagne.

En effet, pour ne parler que de l'année 2022, la maison de la rue Gallimard a décroché le jackpot avec Guerre de Louis-Ferdinand Céline (180 000 ex. vendus en France) et des enchères de vente des droits à l'étrangers qui se sont envolées ; à la rentrée, c'est Annie Ernaux qui se voit décerner le prix Nobel de Littérature et elle est publiée chez Gallimard depuis toujours (la réimpression initiale de tous ses livres a été de 900 000 ex.) ; la semaine dernière, le Grand Prix du Roman de l'Académie française 2022 a été attribué à Giuliano Da Empoli pour son roman Le Mage du Kremlin, paru chez Gallimard au printemps (85 000 ex. déjà vendus).

Alors, qu'est-qui pourrait empêcher Gallimard de remporter, jeudi 3 novembre, le prix Goncourt 2022, le plus prestigieux, le plus prescripteur, avec Le Mage du Kremlin en lice sur la dernière liste ?

D'abord, les trois autres finalistes :
Brigitte Giraud Vivre vite (Flammarion, groupe Gallimard) qui a ému avec le récit de l'engrenage qui a mené à la mort de son mari ;
Cloé Korman Les Presque Sœurs (Seuil) avec un livre document, une enquête sur des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents. Cloé Korman qui pourrait être handicapée par sa fonction, elle, qui rédige les discours de l'actuel Ministre de l'Éducation nationale.
Makenzy Orcel Une somme humaine (Rivages) livre "l’autobiographie d’une morte dans une langue fulgurante", (un Haïtien succédant à un Sénégalais serait un beau message pour toute la francophonie et le marché francophone).

Ensuite, Dider Decoin, président du Goncourt a déclaré qu"un même livre ne devrait recevoir qu’un seul prix littéraire". Mais, à la lecture des palmarès des grands prix littéraires de l'automne, les double récompensés sont rarissimes et confirment la règle :

En 2006, Jonathan Littell avec Les Bienveillantes (Gallimard) Prix Goncourt et Grand Prix du Roman de l'Académie française ;
En 1997, Patrick Rambaud avec La Bataille (Grasset) Prix Goncourt et Grand Prix du roman de l’Académie française ;
En 1995, Andreï Makine avec Le Testament français (Mercure de France) Prix Goncourt, Prix Médicis.

Alors, donner son pronostique sur le prochain lauréat du prix Goncourt, c'est un peu comme attraper une bulle de champagne, c'est audacieux et compliqué mais vous l'aurez compris la réponse est dans le titre de l'édito : Giuliano Da Empoli pour son roman Le Mage du Kremlin (Gallimard).
(Bon, j'avais quand même raison jusqu'au treizième tour...)

Et quoiqu'il advienne, bonne lecture à tous !

Thomas COUTENCEAU
Le 1er novembre 2022