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La_Douce_Indifference_Du_Monde.jpg RENTRÉE 2018
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
Le 23 août 2018
Peter Stamm
La Douce Indifférence Du Monde
Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses
RÉSUMÉ :
Un homme – appelons-le le narrateur – donne rendez-vous à une femme prénommée Lena dans le grand cimetière de Stockholm. Cette femme est une inconnue (nous apprendrons plus tard qu’elle est comédienne et a joué Mademoiselle Julie, de Strindberg, au théâtre), mais elle rappelle intensément au narrateur la jeune femme dont il a été très amoureux il y a une vingtaine d’années. Cette dernière s’appelait Magdalena, était aussi comédienne et elle aussi avait joué Strindberg. Après leur rupture, le narrateur a écrit un livre sur les trois années qu’ils ont vécu ensemble et il veut en donner les détails à l’inconnue de Stockholm.
Lena accepte de l’écouter mais se moque des similitudes, qui lui semblent forcées, entre sa vie et celle de Magdalena, invoquant à chaque détail troublant une coïncidence et ne cessant de répéter qu’elle ne peut être Magdalena puisqu’elle a vingt ans de moins. Ce récit de Peter Stamm, ciselé en 37 petits chapitres et dont le titre rappelle « la tendre indifférence du monde » évoquée par Camus à la fin de L’Étranger, est d’une vertigineuse intelligence. Tout en conservant sa part épique qui n’en fait pas un livre sec, cette réflexion sur les confusions de la vie, les obsessions de l’existence, la portée de la littérature, la différence entre le vécu et le récit qui en est fait, frôle sans cesse les abîmes sans jamais tomber dans la confusion, encadré qu’il est par deux chapitres qui mettent encore ce kaléidoscope en perspective. Poursuivant la recherche sur la vérité et l’imaginaire, le jeu avec la réalité initiée dans L’un l’autre, Peter Stamm nous donne un livre diablement virtuose.

L'AUTEUR : Peter Stamm est né en 1963 en Suisse. Il a étudié l’anglais, la psychologie, la psychopathologie et a effectué des stages dans des hôpitaux psychiatriques. Il a écrit des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des livres pour enfants. Depuis 1997, il est le rédacteur en chef du magazine Entures für Literatur et il vit de sa plume. En 2013, il a figuré sur la dernière sélection du Man Booker International Prize. En 2014, il a reçu le Prix Friedrich Hölderlin, qui a récompensé l’ensemble de son oeuvre. Il vit avec sa famille à Winterthur.


La_Generosite_De_La_Sirene.jpg Le 30 août 2018
Denis Johnson
La Générosité De La Sirène (nouvelles)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
RÉSUMÉ :
La Générosité de la sirène regroupe cinq nouvelles teintées de poésie et d’humour, mettant en scène des personnages aussi loufoques qu’émouvants. Loin de poser un regard désabusé sur l’humanité, Denis Johnson fait évoluer ses personnages habitués à la douleur dans des nouvelles douces-amères, magnifiques, honnêtes et drôles. Si le livre se compose de courtes histoires, sa lecture touche le lecteur de manière continue : Denis Johnson est un maître de la qualité plutôt que de la quantité, il fabrique des phrases sublimes capturant les sentiments avec une précision poétique et le lecteur oublie le poids du sujet évoqué pour se concentrer sur le plaisir de la prose.
La Générosité de la sirène est un chef-d’oeuvre posthume, montrant la capacité extraordinaire de l’artiste à se confronter à sa mort imminente. Cette collection reflète la sensibilité de l’auteur mais également sa lutte pour donner un sens à la vie. Il n’y a plus de temps à perdre dans des bars insignifiants, avec des conversations vides de sens, il n’y a, d’une certaine façon, plus de temps à perdre à faire autre chose. Être vivant est suffisant, jusqu’à ce que la vie s’en aille.

L'AUTEUR : Denis Johnson commence sa carrière en tant que poète. Assistant aux ateliers d’écriture dispensés par Raymond Carver, il écrit plusieurs très beaux volumes – aujourd’hui quelque peu éclipsés par son oeuvre de fiction – inspirés de la poésie de Walt Whitman ou des poètes de la Beat Generation. C’est en partie cet aspect qui fait son succès : Denis Johnson est décrit comme un poète accompli, « un écrivain pour notre époque », et même « l’auteur de nouvelles américain le plus poétique depuis Hemingway, un parfait descendant américain du formidable auteur russe Isaac Babel », selon George Saunders. Les critiques littéraires comparent son style à celui de Jack Kerouac et de William Burroughs. Le Los Angeles Times le proclame auteur le plus important de sa génération. Vivant éloigné des principaux pôles de culture de la Côte Est et de la Côte Ouest, Johnson semble avoir été un homme discret, introverti, dont les manières douces contrebalancent une présence physique intensément charismatique. Il s’est éteint le 24 mai 2017.


Ceci_est_ma_Ferme.jpg Le 6 septembre 2018
Chris De Stoop
Ceci est ma Ferme
Traduit du néerlandais (Belgique) par Micheline Goche
RÉSUMÉ :
Dans Ceci est ma ferme, Chris de Stoop raconte, à travers son histoire personnelle, la disparition des authentiques fermes de la région des polders et leur remplacement, à son grand regret, par des « espaces de nature », gérés par des « sociétés de protection de la nature ».
Revenu dans la ferme de ses parents, après une vingtaine d’années d’absence, motivée essentiellement par son désir d’écrire, il constate les dégâts causés à l’agriculture par l’expropriation massive des fermiers de la région des polders. Sur les terres ainsi récupérées par les autorités, celles-ci créent des zones de « nouvelle nature », artificielles, comme des parcs d’attractions, en « compensation » de terres prises, par ailleurs, pour l’extension du port d’Anvers et l’approfondissement de l’Escaut. Ce phénomène de création de « nature nouvelle » se produirait aussi dans d’autres pays d’Europe, où il serait limité à des régions peu peuplées et ne toucherait donc pas les agriculteurs.
Et puis, il y a les scènes pleines de poésie où l’auteur nous fait partager son amour profond de la nature, sa nostalgie de la vie au grand air, son intimité avec les animaux et les plantes, connue dans son enfance, même si, contrairement à son frère, il ne s’est jamais senti la vocation d’être fermier lui-même. Il voulait écrire. Il l’a fait, pour notre grand plaisir.

L'AUTEUR : Chris de Stoop est né en 1958 dans le polder de Waas, en Belgique, où ses parents exploitaient une ferme. Attiré dès son plus jeune âge par la littérature, condisciple du célèbre écrivain belge néerlandophone Tom Lanoye, il quitte la ferme familiale pour se consacrer à l’écriture. Après ses études, il est engagé comme reporter par le magazine flamand Knack où, pendant plus de trente ans, il signe de nombreux articles. Il est également l’auteur d’une dizaine d’ouvrages relatant ses enquêtes de terrain. Après le suicide de son frère, qui gérait la ferme familiale, Chris de Stoop décide de s’y installer de nouveau. Ce retour lui inspire Ceci est ma ferme.


Comment_dessiner_un_roman_.jpg Le 13 septembre 2018
Martín Solares
Comment dessiner un Roman (essai)
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Christilla Vasserot
LE RÉSUMÉ :
À la fois érudit et divertissant, ce livre est celui d’un lecteur passionné s’adressant à d’autres lecteurs mais aussi à d’autres auteurs. Pendant plusieurs années, en effet, Martín Solares a animé un atelier d’écriture. Cet essai, qui est une vraie mine pour des écrivains en herbe, en est probablement inspiré.
Ce livre n’est pas un énième essai sur le roman, ni un « simple » manuel d’écriture romanesque. Martín Solares aurait pu l’intituler « Comment écrire un roman », ou « Comment sont écrits les romans », mais il en a décidé autrement : Comment dessiner un roman. C’est également le titre de l’un des chapitres, qui résume la théorie et la pratique de Martín Solares : « Personne ne se demande si les romans réfléchissent et, pourtant, ils nous surveillent et en tirent des conclusions. Habitués à être insaisissables, ils se présentent sous différentes formes, adoptent différentes techniques, de sorte que leur définition nous échappe, qu’il nous est difficile de les suivre à la trace. » Alors, pour mieux appréhender ces formes vivantes, autant les dessiner. C’est ce à quoi s’emploie Martín Solares dans l’une des parties les plus ludiques du livre.
Il convoque ainsi, entre autres, César Aira, Barthes, Blanchot, Bolaño, Borges, Alejo Carpentier, Raymond Chandler, Agatha Christie, Cortázar, Philip K. Dick, Faulkner, Flaubert, Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez, Genette, Gide, Patricia Highsmith, Henry James, Joyce, Kafka, Kawabata, Murakami, Octavio Paz, Ricardo Piglia, Proust, Juan Rulfo (à qui un chapitre est consacré), Sartre, Stendhal, Mario Vargas Llosa.
Un livre érudit, certes, mais aussi jubilatoire, même quand on n’a pas lu certains des romans évoqués.

L'AUTEUR : Martin Solares est né en 1970 à Tampico. Il a travaillé comme critique, professeur et éditeur de littérature depuis 1989. Ses nouvelles et travaux critiques ont été publiés dans de nombreuses revues et anthologie au Mexique, mais aussi en Angleterre, en France, aux États-Unis et en Espagne. Les Minutes noires, son premier roman, a connu un succès critique et public immédiat à sa parution au Mexique et en Espagne.


Mejico.jpg Antonio Ortuño
Méjico
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Marta Martínez Valls
LE RÉSUMÉ :
Guadalajara, 1997 : caché dans une chambre voisine, Omar est le témoin du double assassinat de sa cousine et maîtresse, Catalina, et du compagnon de cette dernière, Mariachito. Lequel des deux a appuyé le premier sur la détente ? Y avait-il une tierce personne ? Omar l’ignore. La seule chose dont il est sûr, c’est que, désormais, sa vie ne sera plus qu’une fuite en avant, pour échapper à la vengeance de Concho, l’homme de confiance de son rival. Mais où ira-t-il ? Pourquoi pas l’Espagne, pays d’origine de ses grands-parents, où il lui reste encore une cousine ?
Veracruz, 1946 : alors qu’ils se prélassent sur le sable avec leurs enfants, Yago et María, deux anarchistes espagnols en exil, voient apparaître au loin le ventre proéminent de Benjamin Lara, un ami d’enfance connu à Madrid et devenu leur pire ennemi. La famille n’a plus d’autre choix que de plier bagages et de partir le plus loin et le plus rapidement possible.
Des destinées liées par le sang, comme sont liées les destinées de l’Espagne et du Mexique, deux pays séparés par un océan mais rapprochés par tant d’autres événements : d’abord soumise au joug d’Hernan Cortés, l’ancienne colonie s’est transformée en terre d’accueil pour les réfugiés de la guerre civile espagnole.
Antonio Ortuño expose l’histoire de deux générations : comme à son habitude, il brosse dans Méjico un portrait fidèle du Mexique, brutal et corrompu, à travers un style dont les phrases et les images atteignent une violence extrême.

L'AUTEUR : Né près de Guadalajara en 1976, Antonio Ortuño est considéré comme l’un des écrivains mexicains les plus prometteurs. Auteur de plusieurs romans lui ayant valu différentes distinctions ainsi que de recueils de nouvelles, Ortuño s’intéresse surtout à l’actualité politique de son pays. L’ensemble de ses récits porte sur la corruption ou la tension qui règnent au Mexique.


Les résumés sont de l'éditeur.