Mao.JpgUn homme qui dirigea le quart de l'Humanité de 1949 à 1976, qui mit à mort 70 millions de ses compatriotes et conquit le feu nucléaire, cet homme-là méritait une biographie monstrueuse. C'est désormais chose faite avec les 864 pages de Chang et Halliday.
S'appuyant sur des sources inédites - dont de très nombreuses chinoises - ils nous fournissent enfin un éclaircissement exceptionnel sur un des plus grands criminels du XXe siècle. De son enfance où la violence à l'égard des autres apparaît très tôt, Mao Tze-Dong se construit par la terreur qu'il inflige avec une facilité déconcertante.

La terreur, la peur, la trahison, les menaces, le meurtre et la torture furent les outils principaux de la conquête du pouvoir par cet homme peu doué pour les joutes politiques. La brutalité suffira. Car il était acquis pour lui que ses compatriotes aimaient se faire humilier. C'était pour lui comme un trait de caractère typiquement chinois. Il en abusera envers tous, ses proches, ses collaborateurs comme ses compatriotes qu'il fera mourir de faim pour mieux vendre son blé à l'U.R.S.S. afin de recevoir en échange des technologies utiles à la fabrication d'une bombe atomique. Il en abusera lors de la révolution culturelle pour éliminer les dernier intellectuels, artistes et hommes de théâtre chinois en leurs faisant miroiter une ouverture. Le filet se refermera très vite. Des millions d'hommes et de femmes mourront.

Grand amateur de livres, Mao ne se déplaçait jamais sans eux, dussent-ils être portés à dos d'hommes. Mao adorait la natation, c'est pourquoi d'immenses piscines privées étaient construites dans des villas encore plus privées, où lui seul et personne d'autre n'avait le droit de se baigner. Mao adorait les femmes, il en aura plusieurs centaines et abandonnera ses épouses successives avec ses enfants quand il n'en aura plus envie.

La culture, la détente et les plaisirs étaient ce que Mao aimait le plus au monde. Ses six cent millions de compatriotes en seront privés. Après le pouvoir bien sur.... car comme disait son compagnon d'arme Lin Biao (qui mourra en 1971 dans un mystérieux accident d'avion, alors qu'il tentait de s'enfuir vers l'U.R.S.S.) "Le pouvoir politique, c'est le pouvoir d'opprimer les autres". Mao fut un maître absolu en ce domaine.

Mao, l'histoire inconnue
Jung Chang et Jon Halliday
Gallimard
2009