La maison d'édition LE TEMPS QU'IL FAIT, sise à Cognac, est représentative de ces milliers de mini maisons d'éditions françaises qui, aux quatre coins de notre pays, investissent tout ce qu'elles ont pour nous offrir de véritables joyaux. Beaucoup de temps, le peu d'argent dont elles disposent et surtout un talent incomparable pour dénicher de jeunes auteurs. Voici ses deux dernières publications MAX ET LEONORA de Julotte Roche et LE COFFRE-FORT DE MA MERE de Pierre-Jean Amar (texte et photographies).

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Que le peintre surréaliste Max Ernst et Léonora Carrington aient vécu dans mon village, qu'ils aient choisi, en 1939, le calme de Saint Martin d'Ardèche aurait pu suffire à mon bonheur. Mais leur image était trop belle. Assis sur les pierres chaudes, Max regardait intensément la rivière. À ses côtés se tenait, «magnifique et nue», la belle LÉonora. Il lui disait combien il était heureux. Elle chantonnait paradise. Quand ils se sont relevés, je n'ai plus rien compris. Max avait des menottes aux poings et Léonora courait en cheveux dans les rues du village. Léonora que s'est-il passé en mai 1940 dans ce petit village français ?

Longtemps après, je me suis glissée à leur place, j¹ai fermé les yeux et écouté leur absence. J¹ai tout entendu des pierres, elles m'ont laissé transcrire cette histoire, elles m'ont choisie. C¹est normal, moi aussi je suis minérale.

Julotte Roche est né au Puy-en-Velay, en août 1947. Voyageuse, puis libraire "différente", elle vit dans le sud de l¹Ardèche. Max et Leonora, son premier récit publié, est le fruit de deux années de recherches passionnées.

Julotte Roche Max et Leonora Récit, 2009. 176p. 22,00e.

Coffrefort.jpgPierre-Jean Amar, fils unique d'une famille juive algéroise, orphelin de père à quinze ans, sera jusqu'à l'âge adulte prisonnier d'une mère malade et autoritaire, extraordinairement abusive. De cette jeunesse confisquée, d'où il ressort une funeste impression de mort dans la vie, naîtra un goût pour l'art et un besoin d'expression que la pratique de la photographie allait combler. C¹est donc naturellement par ce moyen qu'il a fait, en fixant divers objets de l'appartement où il vivait près d'elle (l'armoire à pharmacie débordant de remèdes, le placard à vaisselle, le lit, la table de nuit... et jusqu'au coffre-fort tellement symbolique de son enfermement) une manière de portrait par contumace de cette mère aimée autant qu'haïe, et un autoportrait par ricochet. Cette tentative autobiographique ‹ dont le lecteur saisit forcément la dimension d'exorcisme ‹ le mettra dans une position positivement inconfortable : celle d'avoir à reconnaître dans cet étrange cas de possession les marques les plus banales de l'amour et de la vie ordinaire.

Né en 1947, tour à tour photographe indépendant (depuis1977) et enseignant d'Histoire de la photographie à l'Université de Provence (1988-2004), Pierre-Jean Amar a mené de front son travail personnel et une importante activité militante (formation, diffusion et organisation d¹expositions) en faveur de la photographie. Il a notamment publié Histoire de la photographie ( PUF, 1997 ), Le photojournalisme (Nathan, 2000), L'ABCdaire de la photographie ( Flammarion, 2003), Nus (Nathan, 1990), Aurélien (Filigranes, 2001), Métaphores photographiques et Jardins de Cézanne (Créaphis, 2004 ). Ainsi que quatre portfolios de Willy Ronis.
Pierre-Jean Amar Le coffre-fort de ma mère Texte et photographies. Propos recueillis par Georges Monti, 2009. 80 p.22,00 Euros.
Tirage de tête : 30 ex. numérotés, accompagnés d'une photographie originale signée par l'auteur ‹ 125,00 euros.
__ Article publié le 15 juillet 2009.__