Voici un roman que l'on aurait pas pu lire dans les années 50, 60, 70 voire 80. En effet, Romain Slocombe décrit avec froideur et précision l'insoutenable cruauté des staliniens. Or, une grande partie des intellectuels français était aveugle devant la barbarie communiste, Louis Aragon en tête. Staline était le "petit père des peuples", un "grand homme" "le grand chef de la Révolution Mondiale". Louis Aragon et tant d'autres relayaient "la bonne parole" de la mère patrie soviétique.
Avis à mon exécuteur est le testament d'un officier du NKVD (l'équivalent de la Gestapo en Union Soviétique) qui, après avoir fait liquider, assassiner et disparaître de nombreux opposants au régime stalinien, comprend la cruauté du régime qu'il a servit. Il en devient alors la cible et la future victime. Il sera liquidé par ses frères d'arme. La mécanique d'auto-purification de la société soviétique est impitoyable et ne s'arrête jamais.
Romain Slocombe déchire le voile du "paradis communiste" : délations, condamnations, rafles, purges, tortures, déportations, assassinats.... Son texte est froid, tranchant, cynique - parfois à la limite de l'insoutenable - mais quelle densité, quelle force, quel tourbillon dans lesquels nous plonge Romain Slocombe. Un tourbillon d'autant plus glaçant qu'il s'appuie sur les mémoires authentiques d'un officier du NKVD.
Après Monsieur le commandant où Roman Slocombe décrivait avec minutie la collaboration d'un écrivain français au régime nazi, et qui était un des grands romans de la rentrée 2011, Avis à mon exécuteur est un des grands romans de la rentrée 2014.
Avis à mon exécuteur
Romain Slocombe
Robert Laffont
(504p.)
Le 21 août 2014
Article publié le 3 septembre 2014