attentat_a_la_mangue.jpg Attentat à la mangue se déroule au Pakistan à la fin des 80. Il aurait tout aussi bien pu se passer dans le Chili de Pinochet, la Corée du Nord de Kim Jong-Il ou l’Allemagne de l’Est de Honecker. Le général Zia-Ul-Haq dirige d’une main de fer ce pays de 130 millions d’habitants avec le Coran dans une main et un pistolet dans l’autre. Il est épaulé par le général Akhtar, le très puissant et très redouté chef des services secrets SIS.

Comme tous les dictateurs, le Général Zia est frustré car personne ne reconnaît ses mérites personnels. Il espère pourtant obtenir le prix Nobel de la Paix pour avoir contribué à chasser les Soviétiques d'Afghanistan. Le Général Akhtar est frustré aussi. Il protège son chef contre son peuple et tous les traîtres et comploteurs en tous genre.

Ces deux grands incompris sont les caricatures de dictateurs de toutes les époques. Ils sont sanguinaires, sans pitié, ils torturent et assassinent quiconque leurs paraît suspect. Or, ils font cela pour leur pays, pour leur peuple. Au nom de l’intérêt général !

L’ironie qui plane tout au long d’Attentat à la Mangue représente sans doute le seul moyen de se moquer du pouvoir, en parlant tout bas dans le noir, au travers d’un mur de brique entre deux cellules privées de lumière d'un centre de torture. Une bulle d’oxygène par page, pas plus.

Ce superbe roman est une grille de lecture sur le quotidien d’un peuple soumis à l’impitoyable brutalité d’une dictature. L’ironie veut aussi que certaines de ces brutes soient prises à leurs propres pièges paranoïaques. Maigre consolation.

Attentat à la mangue
Mohammed Hanif
Edition des Deux Terres
474p. 2009.