Être l'enfant d'un python n'est pas chose facile, d'une divinité de surcroît, surtout lorsqu'on l'ignore. Ada est née au Nigéria où, selon la culture Igbo, l'enfant dans le ventre de sa mère est façonné par les esprits qui s'en vont à la naissance de l'enfant. En temps normal... Dans le cas de Ada, les esprits sont restés avec elle, en elle et la manipulent à leur guise. Pour son mal la plupart du temps car ils se nourrissent de son sang (qu'elle fait jaillir grâce à une lame de rasoir par exemple) ou bien du sang et du malheur des autres.
Elle a toujours été comme ça Ada, déséquilibrée, brillante, puissante et seule, sauf en son intérieur. Car ils sont nombreux les esprits, trop même parfois, à se quereller sur la conduite à infliger à Ada car même si les serpents n'ont pas besoin de se nourrir souvent, il faut régulièrement couper leur faim. Ada le sait, les nourrit et les nommes même. Ada s'en accommode jusqu'au jour ou elle décide de se soigner car les sentiments qu'elle aimerait exprimer le sont "de travers", entravés qu'ils sont par ces petits malins. Mais on échappe pas à son destin d'enfant du dieu Python.
"Il faut se méfier de l'eau qui dort" dit un vieux proverbe. Eau douce est calme à la surface, bouillonnant à l'intérieur, brillant par son style et l'issue inéluctable à laquelle Ada est destinée. Akwaeke Emezi nous offre un premier roman puissant, parfaitement maîtrisé. À découvrir absolument !
Eau douce
Akwaeke Emezi
Gallimard
Du Monde Entier
255p., 20,50€
Novembre 2019
