Villa_avec_piscine.jpgLa rupture est une des figures de style les plus difficiles à construire. Il faut mener le lecteur par le bout du nez sur une eau calme, trop calme, trop plate pour lui donner la sensation étrangement peu rassurante de stabilité. Quand soudain, la rupture, la cassure, la tragédie assombrit définitivement le récit. La nausée prend le lecteur, un trou dans l’estomac apparaît à ce moment-là pour ne plus le quitter, même à la dernière page. Avec Villa avec piscine, Herman Koch réussit cette périlleuse construction avec une maestria digne des classiques.

Marc Schlosser, médecin généraliste cynique et désabusé, marié et père de deux jeunes adolescentes, s’occupe principalement d’artistes égocentriques et neurasthéniques. Il leur accorde vingt minutes – au lieu de dix chez ses confrères – pour leur faire croire qu’il les écoute alors qu’il les méprise et pense à autre chose. L’entrée dans son cabinet de la vedette de série télé Ralph Meier va changer sa vie à jamais.

L’acteur a le physique de Gérard Depardieu, sa soif de vivre et dépense une énergie formidable dans chacune de ses actions, que ce soit boire, manger, couper un thon à la hache au bord de la piscine ou déshabiller avec un regard salace toutes les femmes qu’il croise. Marc Schlosser est hypnotisé.

L’invitation de Ralph et Judith Meier à passer quelques jours en leur compagnie dans la villa avec piscine qu’ils ont loué pour les vacances sera le lieu de cette rupture. Vin blanc frais jusqu’au bout de la nuit, attirances des corps et regards « salaces» de plus en plus prononcés, premiers gestes déplacés… Villa avec piscine est la percussion brutale d’une famille avec le monde du show-biz, ses excès, ses secrets, ses non-dits, ses interdits et sa morale très élastique.

Après le succès international du Dîner (éd. Belfond, 2011) Herman Koch (photo ci-dessous) connaît déjà le même succès avec Villa avec piscine. Et c’est amplement mérité!

Villa avec piscine
Herman Koch
Belfond
437p 21€ Mai 2013
Roman néerlandais

Article publié le 20 mai 2013.

Crédit photo: © Mark Kohn